Par solidarité ou simplement pour vider les placards, les Français sont depuis quarante ans les champions du don de vêtements. La France est un bon élève aux niveaux européen et mondial en matière de valorisation des déchets textiles mais voit son secteur menacé par l’Asie depuis l’été, un phénomène dont les premiers symptômes sont la fermeture des points de collecte gérés par des associations.
Sur le territoire national, plus de 47 000 conteneurs et bornes relais permettent de collecter 34% des déchets textiles, indique 20 minutes Refashion, l’éco-organisme chargé par le gouvernement d’accompagner l’industrie de la mode vers une économie plus circulaire.
Mais « sur certains territoires, les acteurs de la collecte des TLC (textiles, linge de maison et chaussures, ndlr) ont arrêté tout ou partie de leurs collectes et supprimé les points de dépôt volontaires », prévient Le Relais. Le leader de ces points parvient toujours à gérer l’afflux malgré une hausse de 15% des dons depuis avril grâce à ces 33 centres de tri répartis dans toute la France. Une augmentation liée notamment à la surconsommation ces dernières années. Mais ce n’est pas le cas de certaines associations qui ont été rapidement enfouies sous les vêtements.
Un marché mondial des friperies transformé
Ces derniers mois en effet, certaines associations ont été contraintes de condamner ou de retirer ces conteneurs, comme l’explique TF1. « C’est le cas d’Habit29 en Bretagne ou du Trio Emmaüs en Nouvelle-Aquitaine », explique Refashion. Des fermetures liées à des centres de tri saturés de tonnes de vêtements dont il est difficile de sortir. La cause ? « Un ralentissement important du marché mondial de la friperie » depuis juin 2024, analyse Le Relais, qui assure 50 % de la collecte française grâce notamment à ses bornes relais.
Chaque année, environ 270 000 tonnes de déchets textiles sont collectées en France et « 60 % des produits triés » sont revendus en seconde main – dont 90 % à l’étranger, selon le rapport Refashion 2023. Ce marché de vêtements d’occasion exportés permet aux acteurs de l’économie sociale et solidaire de se financer en partie.
Une bonne nouvelle écologique ?
Mais désormais, « les acheteurs africains se détournent pour acheter des vêtements d’occasion, voire des articles neufs en Chine », ce qui coûte bien moins cher à ces grossistes que l’achat de produits européens d’occasion, explique Sandra Baldini de Refashion. En Europe, « ce modèle basé sur la friperie est en train de se tarir », un « retournement brutal du marché », estime l’expert. Mais cela pourrait être une bonne nouvelle d’un point de vue environnemental.
Car ces tas de déchets textiles exportés notamment vers l’Afrique représentent un désastre écologique et social : une partie substantielle de ces déchets, finalement non vendus dans les brocantes du marché africain, finissent dans des décharges informelles à ciel ouvert ou dans les cours d’eau.
Mais Refashion insiste : « Ce n’est pas parce qu’il y a des difficultés qu’il faut arrêter » d’amener nos vêtements dans des points de collecte, la pire solution étant de les jeter. En effet, rappelle-t-elle, « 100 % des textiles jetés (dans de simples poubelles, NDLR) sont incinérés alors que seulement 0,5 % de ce qui est collecté (dans les bornes, NDLR) est incinéré. »
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