Le monopole de Google critiqué
Les pratiques commerciales de Google sont dans le viseur des Etats-Unis. La raison ? “Abus de position dominante et « violation des lois antitrust »», indique le ministère américain de la Justice, qui a déposé une plainte au civil visant le géant de la technologie. Concrètement, Google est accusé d’écraser la concurrence sur le marché de la publicité liée aux recherches en ligne. L’objectif de cette plainte est donc de mettre fin au monopole de Google, tout en permettant à ses concurrents de grappiller des parts de marché.
Les contrats de Google avec Apple et Samsung, ainsi que sa maîtrise d’Android, permettent d’imposer son moteur de recherche Search et son navigateur Chrome. Les deux outils détiennent respectivement 91 % et 64 % de parts de marché dans le monde. Grâce à ce monopole quasi parfait, la maison mère de Google (Alphabet) a enregistré un chiffre d’affaires de 306,9 milliards de dollars en 2023. 77,5 % de cette somme (soit 237,86 milliards de dollars) provenait des activités publicitaires de Google. Les chiffres parlent d’eux-mêmes.
Vers une situation de monopole sur le marché européen de l’IA ?
Le ministère américain de la Justice a donc déposé une plainte au civil contre le géant de la technologie. C’était en 2020. Et l’affaire est toujours en cours. En août dernier, le juge fédéral Amit Mehta a statué que Google détenait effectivement un monopole illégal sur la recherche et la publicité en ligne. Plusieurs sanctions ont déjà été évoquées. Le gouvernement a par exemple demandé à ce juge d’obliger Google à vendre son navigateur Chrome, mais aussi Android. “Le pire débouché possible pour Google », affirme le New York Times.
« Google est confronté à un dilemme : soit vendre Android, son système d’exploitation pour smartphone, soit se voir interdire de rendre ses services obligatoires sur les téléphones utilisant Android. Si Google viole ces conditions ou si les mesures correctives n’améliorent pas la concurrence, le gouvernement pourrait forcer l’entreprise à vendre Android plus tard”, précise le quotidien américain. La situation est donc grave pour Google, qui a tenu à communiquer sa propre proposition. Le géant de la technologie a en effet demandé au juge fédéral de lui permettre de continuer à rémunérer d’autres entreprises (comme Apple) pour que son moteur de recherche obtienne un placement privilégié dans les écosystèmes technologiques, tout en affirmant sa volonté de rendre ces accords moins restrictifs que par le passé.
Prochaine en avril 2025
Le procès se tiendra en avril 2025. Le juge en charge du dossier, Amit Mehta, analysera les mesures correctives déjà proposées, alors qu’elles pourraient être réévaluées par l’administration Trump. A noter qu’un autre acteur s’invite dans les débats : Apple. La firme de Cupertino veut défendre ses intérêts. Elle, qui ne dispose pas de moteur de recherche sur son navigateur Safari, souhaite pérenniser son partenariat avec Google pour bénéficier de Google Search. Apple, qui aime le système actuel et ne compte pas lancer son propre moteur de recherche, s’apprête à défendre farouchement sa part du gâteau en faisant comparaître des témoins au procès en avril.
Après des décennies de rivalité, Apple et Microsoft sont-ils en train d’enterrer la hache de guerre ?
Si Google est démantelé, les analystes estiment que cela pourrait créer un précédent en matière de réglementation du secteur technologique. Le ministère de la Justice a déjà poursuivi Apple en justice, affirmant que l’entreprise rendait difficile aux consommateurs de quitter son système fermé d’appareils et de logiciels. L’année prochaine, la Federal Trade Commission devrait intenter un procès contre Meta, qui prétend avoir étouffé la concurrence en rachetant Instagram et WhatsApp. L’agence a également intenté une action en justice contre Amazon, l’accusant de protéger illégalement un monopole dans le commerce en ligne, et enquête sur la puissance de Microsoft dans le cloud computing et l’intelligence artificielle.
L’action antitrust contre Google (la plus agressive contre une entreprise technologique depuis la tentative ratée du ministère de la Justice de démanteler Microsoft il y a vingt ans) pourrait avoir un impact sur toutes ces autres affaires. En cas de succès, les mesures correctives pourraient modifier considérablement la dynamique concurrentielle sur les marchés de la recherche et de la publicité en ligne. À suivre.
Related News :