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2025, une année charnière pour le climat

Même si les scientifiques répètent chaque année qu’il y a urgence, l’année 2025 marque une véritable étape dans la lutte contre le réchauffement climatique. Les pays ayant ratifié l’Accord de Paris, s’engageant à réduire leur empreinte carbone, entament en effet un nouveau cycle de cinq ans, durant lequel les engagements doivent être suffisamment forts pour atteindre l’objectif annoncé de maintenir l’augmentation de la température moyenne mondiale en dessous de 2°C.

Autre étape importante : réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre de 43 % d’ici 2030, de 60 % d’ici 2035 – l’objectif énoncé dans l’accord – 2025 doit marquer un pic mondial des émissions. Une année symbolique pour la planète donc, à tous points de vue.

« L’urgence, c’est maintenant, d’aujourd’hui jusqu’en 2030 »

Le défi est réel, puisque les engagements du cycle qui s’achève ne sont pas vraiment tenus, estime Jean Jouzel, paléoclimatologue et ancien vice-président du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat). Si la “ne te comporte pas trop mal”il admet qu’il y a “en retard” sur tous les engagements pris au niveau mondial.

Volontairement optimiste, il souhaite néanmoins rappeler des avancées notables, qui donnent de l’espoir pour l’avenir. Notamment pour la Chine, pays le plus polluant au monde en quantité de CO2. « Certains spécialistes estiment que le plateau chinois pourrait être atteint en 2025. Il faut espérer que les énergies renouvelables, qui se développent à un rythme rapide, prendront assez rapidement la place des énergies fossiles. Si la Chine atteint son apogée l’année prochaine puis redescend, ce serait formidable. »

Encore faut-il, pour tous les pays, penser à remplacer les énergies et pas simplement à en ajouter, estime le climatologue. « Nous sommes confrontés à un développement massif de toutes les formes d’énergies renouvelables : solaire, éolien… Mais il n’y a pas cette idée de sobriété. Il ne s’agit pas seulement d’augmenter les énergies renouvelables. Si cela s’additionne, cela ne sert à rien, il faut que cela remplace les énergies fossiles. »

Concrètement, si les efforts futurs ne suffisent pas, et ne rattrapent pas le retard déjà accumulé, « nous nous dirigeons pratiquement vers 3°C d’ici la fin du siècle », calcule Jean Jouzel. Météo-France parle même de 4°C supplémentaires en 2100.

« L’urgence n’est pas demain, c’est maintenant, d’aujourd’hui jusqu’en 2030. » ajoute l’expert, alors que certains climatologues estiment que non seulement 2023 et 2024 seront les années les plus chaudes de l’histoire à l’échelle planétaire, mais qu’elles marqueront aussi un changement de rythme : « Le réchauffement climatique s’accélère ».

La trajectoire actuellement adoptée doit donc être revue, estime Célia Fontaine, l’une des représentantes de La Fresque du climat, une association de sensibilisation aux enjeux climatiques. « Le problème c’est qu’on voit de grandes inégalités entre les pays et il y a beaucoup de secteurs à transformer, que ce soit dans l’énergie, l’industrie, l’agriculture, les transports, la construction… Et pour l’instant, les pays ne sont pas du tout alignés »observe-t-elle.

Certaines habitudes bien ancrées sont difficiles à briser. « On voit par exemple que le trafic aérien n’a pas diminué. On pensait qu’après le Covid, on allait aller vers un nouveau paradigme, mais non, ça recommence en force. » Idem pour les diffusions « lié au méthane, puisque la consommation de viande ne diminue pas dans le monde »elle juge. Sans oublier les différentes pressions venant des mondes industriel et agricole, en France comme ailleurs.

Évitez le défaitisme

Aux Etats-Unis, l’élection de Donald Trump ne rassure pas, même si le président nouvellement élu avait, lors de son premier mandat, quitté l’Accord de Paris. Certains craignent un nouveau retrait après son investiture le 20 janvier. Sur ce point, Jean Jouzel estime néanmoins que “la machine est lancée” aux États-Unis. « Et je pense que cette transition est irréversible. » Si certains chefs d’État parviennent à le ralentir, « Aux Etats-Unis, il y a quand même eu un réel effort fait par Joe Biden avec l’Inflation Reduction Act »incluant notamment des réformes écologiques et un plan de soutien à l’industrie verte. «Donald Trump ne peut pas tout casser. »

Ne pas tomber dans le défaitisme, c’est aussi la posture défendue par Célia Fontaine. « Je fais très attention à l’histoire qui sera racontée sur ces questions. Car si on annonce que c’est fichu, comment motiver les gens à faire un effort ? “, estime celui qui veut se battre “jusqu’à la dernière goutte d’huile”.

Cela ne nous empêche pas de tirer la sonnette d’alarme et d’encourager les efforts collectifs et individuels, en 2025, plus que jamais. « Ce que dit le GIEC, dans les derniers rapports sur lesquels nous nous appuyons à la Fresque du Climat, c’est qu’il est encore possible de changer. » Une prise de conscience qui a encore du chemin à parcourir. « Le problème c’est que chacun se renvoie la responsabilité »entre les trois blocs constitués par les citoyens, les entreprises et les politiques.

Le risque, selon elle ? « Se dire que ce n’est pas à notre petit niveau qu’on va avoir un impact. Alors que si chacun y met son effort, il en a un »ajoute le spécialiste. « Cela peut aider, par le mimétisme, à montrer qu’on peut faire les choses différemment. Plus nous changeons nos habitudes, plus cela se propagera comme une traînée de poudre. »

 
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