Les habitants de Churchill sont préoccupés par leur sécurité et le bien-être des animaux emblématiques de la « capitale mondiale de l’ours polaire ». Depuis l’incendie de la station de transfert des déchets de la ville au printemps dernier, les déchets stockés à l’air libre ont attiré les ours qui ont rapidement eu raison de la clôture entourant la décharge.
Un ours nourri est un ours mort. Un ours nourri est un ours mort
» précise Karine Genest, productrice et guide d’observation des ours polaires. Lors de sa dernière visite près de la décharge, elle a pu observer plusieurs ours fouillant dans les détritus. Il s’agissait principalement de femelles avec leurs petits. Ils leur apprennent à revenir l’année prochaine. Il va falloir déprogrammer la prochaine génération
elle croit.
Les ours polaires de Churchill sont attirés par les déchets stockés dans une décharge à ciel ouvert.
Photo : fourni par Emma Klippenstein
À cette époque de l’année, les ours devraient quitter les terres pour chasser les phoques sur la banquise. La glace est là et il y a encore des ours à la décharge, c’est pas normal
says Karine Genest.
Même son de cloche du côté du biologiste de l’Université de Saint-Boniface, Daniel Dupont, qui craint que les ours restent au dépotoir tout l’hiver. Il est encore un peu tôt pour savoir si ce sera le cas. Nous espérons que non. Nous espérons que ces ours suivront leur comportement naturel. Nous verrons ce qui se passera dans les semaines à venir, les mois à venir.
dit-il.
Depuis la fermeture du L5, l’ancien bâtiment abritant les poubelles, les agents de conservation ont constaté une augmentation du nombre de signalements d’ours polaires, selon la province. Un porte-parole note toutefois que les ours jeûnent depuis le printemps, ce qui explique, selon lui, le nombre d’animaux se dirigeant vers la décharge.
Malheureusement, ils devront tuer l’animal si le comportement persiste, précise le biologiste Daniel Dupont. Ces situations sont rares, mais elles surviennent. Ensuite, nous voulons éviter à tout prix de tuer un animal, notamment un ours polaire qui subit déjà beaucoup de stress à cause du changement climatique.
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À Churchill, environ 620 ours vivent aux côtés de 870 habitants, selon les données de 2021.
Photo : La Presse Canadienne / Jonathan Hayward
Non seulement la décharge attire les ours polaires à proximité de la communauté, mais elle est également dangereuse pour eux, comme l’explique Rob Watson, un résident de Churchill et ancien garde forestier de Parcs Canada dans la région. Il est également guide d’observation des ours polaires. Ils mangent les poubelles, mais il y a du plastique dedans, de l’antigel, etc.
précise-t-il.
Il y a 40 ou 50 ans, mon grand-père allait à la décharge donner du miel aux ours polaires. Maintenant que L5 est brûlé, nous retournons dans le passé. Nous ne pouvons pas avoir ce problème en 2024, c’est dangereux pour tout le monde.
Rob Watson dit que pendant la haute saison en octobre et novembre, il a vu environ 40 véhicules garés à côté de la décharge pour observer tous les ours qui s’y trouvaient. Là encore, la situation comporte des risques. Cette année, il y avait tellement de circulation qu’une personne a heurté un ours parce que la visibilité était obscurcie par un autobus circulant dans l’autre sens.
Les incursions des Ursidés dans la décharge sont sur toutes les lèvres de la communauté depuis l’incendie, selon Emma Klippenstein, une résidente de Churchill. On en a beaucoup parlé tout au long de la saison des ours polaires. J’ai publié une vidéo de ces ours sur Facebook, et c’est devenu un sujet brûlant à Churchill.
En attendant une solution
Je suis passé devant la gare aujourd’hui et il y avait huit poubelles flambant neuves à l’épreuve des ours. Ils ont été achetés par Ours polaire international. Ils nous aident, assure Emma Klippenstein. Je ne sais pas qui est responsable de résoudre le problème des décharges, mais j’espère que les différents niveaux de gouvernement coopéreront pour résoudre ce problème le plus rapidement possible.
Contactée par -, la province affirme que le problème relève de la responsabilité de l’administration municipale. Cependant, des agents de protection de la nature visitent régulièrement la décharge pour tenter de tenir les ours à distance, notamment à l’aide d’appareils sonores. Les résidents disent que cela ne semble pas suffisant pour les éloigner définitivement.
La ville a mentionné qu’elle installerait une clôture plus solide, qu’elle l’arrangerait de manière à ce qu’elle soit véritablement à l’épreuve des ours, mais elle cherche encore comment y parvenir.
says Karine Genest.
Elle ajoute qu’il y a plusieurs éléments qui compliquent la tâche, comme le fait que l’hiver est arrivé ou que le coût des matériaux et équipements est plus élevé dans le Nord. La Ville n’a pas répondu à nos demandes de commentaires.
Maille plus solide ou pas, la solution est ailleurs, selon Rob Watson, qui aimerait voir un bâtiment reconstruit. Il n’y a aucun plan. Nous avons la Ville, les gouvernements provincial et fédéral, des entreprises comme Polar Bears International, le WWF, tout le monde veut voir les ours. Ils ont pris tout l’argent, 88 millions de dollars du tourisme l’année dernière, et ils n’ont rien fait avec cet argent.
Si le problème des ours polaires dans la décharge à ciel ouvert est récent à Churchill, ce n’est pas le cas ailleurs dans la baie d’Hudson. C’est vraiment peu par rapport à ce qui se passe dans tout l’Arctique.
says Karine Genest. Churchill est soutenu par de grandes organisations qui tentent de protéger les ours polaires, ce qui n’est pas le cas ailleurs. La situation à Arviat, par exemple, est la même depuis des années.
Elle espère qu’en mettant en lumière la situation actuelle à Churchill, d’autres communautés du Nord pourront également en bénéficier et qu’une solution pourra être trouvée au problème des ours polaires fouillant dans les déchets.
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