Au moment où tout semble aller de travers dans le secteur des batteries du gouvernement Legault, Québec accueille sans tambour ni trompette un investissement de 70 millions de la part du principal constructeur automobile allemand. Il s’agit du plus gros investissement direct de son histoire au Québec.
La filiale du groupe automobile allemand Volkswagen responsable de son usine de giga-batteries à St. Thomas, en Ontario, a annoncé mercredi un investissement de près de 70 millions dans l’entreprise propriétaire de l’important gisement de lithium de Shaakichiuwaanaan, dans la Baie-James.
PowerCo SE acquiert ainsi 9,9% des actions de Métaux de Batteries Patriot, au prix unitaire de 4,42$, ce qui représente une prime de 65% par rapport au cours moyen de l’action des 30 derniers jours. de la société à la Bourse de Toronto.
En échange, Patriot s’engage à fournir annuellement et pendant 10 ans au moins 100 000 tonnes de spodumène, un concentré de Li2O considéré comme le minerai de lithium le plus important. Il sert de matière première pour la production de batteries lithium-ion pour véhicules électriques. Cet approvisionnement en lithium représente environ le quart de la production totale envisagée pour la première phase de production du projet Shaakichiuwaanaan, anciennement appelé projet Corvette.
Le lithium obtenu sera principalement acheminé vers l’usine de production de batteries que PowerCo est en train de construire à St. Thomas, à mi-chemin entre Toronto et Détroit. Le minerai pourrait également être utilisé pour approvisionner d’autres usines Volkswagen en Amérique du Nord ou même en Europe.
Le groupe allemand, premier constructeur automobile mondial avec son rival japonais Toyota, a annoncé l’hiver dernier un ambitieux projet d’investissement de 200 milliards de dollars américains dans l’électrification de ses produits. Selon ses prévisions, 70 % de ses véhicules vendus chaque année en Europe et 50 % de ceux vendus en Amérique du Nord seront électriques d’ici 2030 au plus tard.
“En collaborant avec Patriot, nous obtenons non seulement des matières premières essentielles pour une technologie de pointe en matière de batteries durables, mais nous renforçons également notre engagement envers l’Amérique du Nord”, souligne Thomas Schmall, membre du conseil technologique de Volkswagen, dans un communiqué. . .
«Cela nous permet de réaliser nos aspirations et de couvrir des étapes importantes de l’ensemble de la chaîne de valeur, depuis les matières premières jusqu’à l’exploitation des gigafactories», a ajouté Jörg Teichmann, responsable des achats chez PowerCo.
Signal positif pour le Québec
Le projet de mine de lithium Shaakichiuwaanaan de Patriot est ambitieux. Selon les premiers forages, il s’agirait du plus grand gisement connu d’oxyde de lithium en Amérique, et du huitième du genre au monde.
Dans ce contexte, l’arrivée de Volkswagen dans le paysage doit être interprétée comme une bonne nouvelle, même si le montant investi n’est pas énorme, explique le géologue indépendant et analyste minier Éric Lemieux. En effet, « 70 millions, c’est un bon début », a-t-il déclaré. La presse. « C’est un bon signal. Le projet doit maintenant entrer en production, mais Volkswagen est une entreprise qui a la réputation d’être sérieuse dans ses investissements. »
M. Lemieux estime que le Québec pourrait bénéficier de cette annonce, qui rappelle que la province possède des ressources minières stratégiques dont l’exploitation pourrait s’avérer très lucrative, à court et à long terme.
Ça crée des emplois, ça forme des savoir-faire qu’on peut ensuite exporter, on l’a déjà fait par le passé [notamment dans l’exploitation du minerai de fer].
Géologue indépendant et analyste minier Éric Lemieux
Cela pourrait être un moyen pour le gouvernement d’atténuer le risque d’investir dans d’autres éléments plus complexes de la chaîne de production de batteries, tels que les usines d’assemblage. Les déboires de Northvolt et de Lion Électrique l’illustrent bien, ajoute l’expert québécois.
« Exiger à tout prix le traitement du minerai au Québec est risqué. Plutôt que de miser des milliards sur les usines, nous pourrions améliorer les infrastructures permettant d’accéder à ces minerais, ce qui peut aussi générer de bonnes retombées. Si dans quelques années le marché le permet, nous pourrons construire des usines. »
La direction de Volkswagen est bien consciente de cette situation. La société allemande est le plus grand investisseur de la société suédoise Northvolt, avec une participation de 21 % dans le dernier rapport financier du fabricant de batteries.
-avec Julien Arsenault, La presse
Qui est Patriot Battery Metals?
Société de Vancouver, Patriot a une capitalisation boursière de 490 millions. Sa propriété Shaakichiuwaanaan (Corvette), au Québec, située à moins de 50 kilomètres du complexe LG4, révèle un potentiel de lithium exceptionnel. L’estimation initiale des ressources de juillet 2023 place le gisement au premier rang des Amériques et au 8e rang mondial. Avec 109,2 millions de tonnes à 1,42% Li2O, Corvette représente 3,84 millions de tonnes équivalent carbonate de lithium. Après la découverte du gisement, le titre a grimpé, passant de 0,30$ le 25 novembre 2021 à près de 18$ en juin 2023. Par la suite, le titre a dégringolé, porté par la chute de 77% qu’a connu le prix du spodumène. Avant l’annonce de l’investissement de Volkswagen, l’action de Patriot se vendait à 2,65 dollars. Le titre a gagné 30 %, ou 0,81 $, lors de la séance de mercredi. –La presse
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