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Trudel perd patience avec l’île Dorchester

Le projet, situé entre les rues Dorchester, Caron, Sainte-Hélène et Saint-Vallier Est, prévoit des immeubles à usage mixte de 6 à 20 étages.

A l’écoute de la communauté, le développeur a modifié ses plans afin de répondre au maximum aux différentes demandes.

Dans la dernière version présentée en octobre lors d’une consultation publique, Trudel a réduit le nombre d’étages du futur hôtel, qui comptera 25 chambres de moins. En échange, le promoteur a augmenté le nombre d’unités résidentielles.

Le promoteur a également ajouté du verdissement et modifié certains matériaux pour mieux s’intégrer au paysage.

Malgré ces ajustements, les avis restent partagés. « Certains veulent plus de stationnements souterrains, d’autres moins. La moitié demande de déplacer le bâtiment à Saint-Vallier pour ajouter des arbres. D’autres préfèrent l’avancer pour élargir la piste cyclable », énumère William Trudel, PDG de Trudel, en entrevue de fin d’année avec Le Soleil.

Ultimatum au maire

Exaspéré, William Trudel demande au maire de prendre une décision. « Je suis un grand partisan de la consultation, mais à un moment donné, on ne peut pas prendre en considération les intérêts de chacun. »

M. Trudel lance un avertissement clair à Bruno Marchand. Soit l’administration adopte le projet, soit le terrain de 100 000 pieds carrés restera un stationnement.

« Notre projet est de grande qualité. Cet hôtel de calibre international attirera des dizaines de milliers de touristes à Saint-Roch. L’épicerie contribuera à faire baisser le prix du panier d’épicerie dans le secteur. Parmi les 400 unités résidentielles, on retrouve de nombreux logements abordables et sociaux.

— William Trudel, président et chef de la direction de Trudel

« Humainement, socialement et financièrement, j’arrive au bout de mes capacités en la matière. À un moment donné, j’arrête de me battre contre un moulin à vent», prévient-il.

Pourquoi un tel blocage ?

William Trudel ne comprend pas pourquoi le projet du bloc Dorchester est si difficile à mettre en œuvre.

« Nous avons appliqué exactement la même méthode de développement que les autres projets. Nous sommes les mêmes propriétaires avec la même envie de travailler avec la communauté. Les intérêts capitalistes sont-ils inquiétants à Saint-Roch ?

— William Trudeau, président et chef de la direction de Trudel

Après une année 2024 tonitruante, Trudel débutera la construction des Galeries Charlesbourg en 2025. Le promoteur lancera également la phase deux à Fleur de Lys.

Le projet à Fleur de Lys avance plus vite que prévu. (Jocelyn Riendeau/Archives Le Soleil)

« Au cours des huit prochaines années, nous aurons 1 000 logements loués, 1 000 logements en construction et 1 000 logements livrés chaque année. À la fin, nous aurons investi plusieurs milliards de dollars dans notre communauté», se réjouit William Trudel.

Des délais trop longs

Concernant la Place Quatre-Bourgeois, le promoteur se dit très satisfait de la version finale du projet, qui a été adoptée par le conseil municipal au cours des derniers jours.

Mais il aurait préféré des délais beaucoup plus courts.

« En tant que ville, nous devons faire mieux que cela dans des projets qui ont une très bonne acceptabilité sociale. Nous l’avons acheté en 2019, il a fallu cinq ans avant d’avoir le feu vert. Nous ne sommes pas assez riches en tant que ville pour vivre sans impôts pendant des années. Nous sommes encore moins riches en termes de parc immobilier.

— William Trudel, président et chef de la direction de Trudel

Pour M. Trudel, le logement n’est pas un luxe, mais un bien essentiel. Il souhaite entre autres une amélioration de la loi 31, qui permet d’accélérer la délivrance des permis de construire.

« On a tout de suite vu les limites. La loi n’était pas destinée aux projets à usage mixte. Mais les grands projets sur la table au Québec sont tous à usage mixte», explique-t-il.

Et pour atteindre l’objectif d’une politique zéro sans-abri, les élus devront faciliter le travail des promoteurs, insiste William Trudel.

CINQ QUESTIONS À UN HOMME D’ACTION

Q. Vos projets incluent des hôtels. Y a-t-il une pénurie de chambres au Québec ?

R. Absolument. Selon l’Association des hôteliers, il manque environ 1 000 chambres au Québec. Ce manque pousse certains visiteurs à choisir d’autres destinations, ce qui représente une perte pour notre ville. Les touristes internationaux recherchent des endroits sécuritaires, et le Québec répond parfaitement à ce critère. Encore faut-il pouvoir les accueillir.

C’est pourquoi nous lançons une division hôtelière au sein de Trudel. Nous prévoyons d’ouvrir quatre hôtels sur nos sites dans les cinq prochaines années, une enseigne internationale. Nous en serons propriétaires via un modèle de franchise.

Q. Quelle est votre vision du développement du Québec?

R. Au cours des dernières années, le développement économique ne semblait pas être une priorité au Québec. Cela dit, en 2024, nous avons senti un vent de changement. Les autorités municipales semblent vouloir aller plus loin. Mais il reste encore beaucoup à faire pour que la ville atteigne son plein potentiel.

Q. Diverses élections approchent. Recevez-vous des appels ?

R. Il y a cinq ans, je n’aurais jamais imaginé être une personnalité publique. Aujourd’hui, je constate que c’est le cas. Je reçois des appels pour me lancer en politique. Mais pour l’instant, je suis pleinement engagé dans mon rôle de président et chef de la direction de Trudel Corporation.

Nous avons des projets d’envergure de plusieurs milliards de dollars dans la région de Québec. Notre entreprise, qui compte 175 salariés, devrait dépasser les 300 d’ici quelques années.

Q. La politique vous intéresse. Y a-t-il quelque chose que vous aimeriez changer ?

R. J’aime agir rapidement et efficacement. Quand je regarde la politique, je m’interroge souvent sur les retards ou l’inaction sur certaines questions.

Je suis un ancien policier déployé en Haïti. Récemment, un chef de gang a tué 184 personnes en Haïti, dont 127 aînés, sous prétexte qu’ils avaient jeté un sort vaudou sur son enfant. La communauté internationale n’a pas réagi. Pourtant Haïti est dans notre cour.

Si j’étais un politicien, je ferais tout pour que le Canada prenne une position plus forte. Stabiliser Haïti pourrait contribuer à lutter contre le trafic de drogue et à renforcer la sécurité à la frontière américaine. Je ne comprends pas l’inaction du premier ministre Trudeau et de la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, dans ce dossier.

Si jamais je me lance en politique, j’aimerais pouvoir faire une réelle différence et améliorer la vie de nombreuses personnes.

Q. Avez-vous une liste d’épicerie pour les élections municipales de 2025 et provinciales de 2026 ?

R. La transformation de l’autoroute des Laurentides en boulevard urbain est un projet qui traîne depuis des années. Repenser cette entrée de ville pour la rendre plus conviviale permettrait de reconnecter des quartiers comme Vanier, Limoilou, Saint-Roch, Saint-Sauveur et Pointe-aux-Lièvres. Ce serait un énorme bénéfice pour la population et un excellent moyen de redynamiser ces secteurs.

 
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