les promesses d’emploi et de productivité liées aux subventions se réalisent rarement

Y voyant une manière d’enrichir les Québécois, le gouvernement Legault a explosé les aides aux entreprises depuis 2018. Mais les résultats sont-ils au rendez-vous ? La Revue vous présente le rapport le plus complet jamais produit sur cet enjeu crucial alors que le Québec se dirige vers un déficit record.

Le Québec doit changer son modèle d’aide aux entreprises, affirment les spécialistes. Les subventions aux multinationales n’en donnent pas pour leur argent aux Québécois.

Les cadeaux généreux aux entreprises pleuvent par milliards au Québec. Mais les promesses d’emploi, de productivité et de richesse collective se réalisent rarement. Certains cas tournent au désastre, comme l’actualité nous l’a montré ces derniers mois.

« Au Québec, c’est la manie du gouvernement d’envoyer de l’argent aux entreprises et d’essayer de choisir des gagnants et des perdants. Et constamment dans les médias, on nous rappelle que c’est une mauvaise approche», affirme Gabriel Giguère, analyste des politiques publiques à l’Institut économique de Montréal.

Les subventions versées par l’État québécois aux entreprises ont bondi de 67 % sous le gouvernement Legault, selon les calculs La Revue. Une partie de ce montant est versée sous forme d’aides à de grandes entreprises, souvent des multinationales étrangères.

« Que ce soit Lion Électrique, Taiga Motors ou Northvolt, c’est toujours un transfert de risque vers la population. En fin de compte, cela ne rapporte rien aux Québécois. Au contraire, cela nous coûte de l’argent», ajoute M. Giguère.

Des emplois… dans le secteur public

Les subventions accordées par le gouvernement ne semblent pas se traduire par davantage d’emplois. Comme le chroniqueur de Journal Comme l’a démontré Michel Girard, le Québec a, depuis l’arrivée au pouvoir du gouvernement caquiste de François Legault, le plus faible taux de croissance de l’emploi au Canada.

«Et quand on regarde la création d’emplois en 2024 au Québec, on voit qu’on perd des emplois salariés dans le privé, alors que les emplois au gouvernement et dans le secteur public augmentent… C’est une dynamique qui ne marche clairement pas», ajoute Gabriel Giguère.

La stratégie consistant à accorder des subventions a-t-elle augmenté la productivité dans la province ? Rien de moins sûr. Selon l’Institut du Québec, la productivité a diminué au Québec et ailleurs au Canada entre 2022 et 2023 (dernières données disponibles). Toutefois, elle a augmenté au Québec (5 %) et diminué en Ontario (-2 %) entre 2018 et 2019, ce qui a contribué à réduire l’écart de productivité entre les deux provinces.

Mais au cours des dernières décennies, la croissance de la productivité a été plus lente au Québec qu’au Canada et que dans les autres pays de l’OCDE.

Réduire le fardeau fiscal

«La croissance économique passe par les petites et moyennes entreprises, il faut donc viser des mesures qui les aideront et ne pas choisir les gagnants en laissant les autres s’arranger sur le terrain», argumente François Vincent, président de la Fédération canadienne. de l’entreprise indépendante.

Enquête après enquête, le message est clair : les PME ne sont pas d’accord avec le système actuel de soutien aux entreprises.

« Deux entreprises sur trois ne sont pas d’accord avec des subventions importantes pour les entreprises. Et selon un sondage Léger, seulement 18 % de la population est favorable à l’octroi de subventions importantes à l’entreprise privée », souligne-t-il.

Une solution meilleure – et plus juste – serait de réduire la pression fiscale sur toutes les entreprises, estime-t-il. «Nos membres nous disent que si nous réduisons le fardeau fiscal des PME, elles augmenteront la rémunération de leurs employés, investiront dans le développement des affaires et dans l’automatisation pour augmenter la productivité», dit-il.

Aidez les petits

«Le Québec a de la difficulté à attirer les grandes entreprises parce que nous ne sommes pas compétitifs sur le plan fiscal», ajoute Gabriel Giguère. Les charges sociales, par exemple, sont les plus élevées au Canada. Si le gouvernement du Québec veut accroître la productivité et créer des emplois, il doit se tourner vers le fardeau fiscal et l’environnement des affaires en général pour s’assurer d’être compétitif, plutôt que de distribuer des subventions.

« Il est grand - que toute l’énergie qui a été investie dans les grandes entreprises ces dernières années soit mise de la même manière dans les petites entreprises. Et cela doit commencer dès le prochain budget», conclut François Vincent.