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Données financières déposées sous scellés

Alors que ses créanciers réclament sa liquidation, le groupe Guzzo ne souhaite pas que le public connaisse le détail de ses finances. Le plus grand propriétaire indépendant de cinémas au Québec craint aussi de voir le gouvernement utiliser les données financières dévoilées en cour, lors d’éventuels recours fiscaux contre lui.

Le groupe Guzzo tente de bloquer son démantèlement sous le Droit de la faillite et de l’insolvabilité (LFI). Parmi ses créanciers, Québec et Ottawa réclament 8,5 millions $, principalement en retenues sur les salaires des employés, que le groupe a gardées dans ses coffres.

Jusqu’à présent, les portraits financiers du conglomérat sont restés scellés. Pour avoir accès au dernier rapport du syndic, les avocats fiscalistes ont même dû s’engager à ne pas l’utiliser dans le cadre d’éventuels recours contre le groupe.

« Il m’a semblé juste et approprié que les créanciers avant vous puissent le voir, mais pour les besoins de cette audience, et non pour l’utiliser à d’autres fins, que je ne peux même pas définir. moi-même au moment de la conversation», a déclaré l’avocat de Guzzo, Eric Lalanne.

Celle du gouvernement fédéral, Kloé Sévigny, ne l’a pas entendu de cette oreille.

« Ce qu’on vous demande, c’est d’interdire au ministre [du Revenu] d’utiliser le rapport dans le cadre de contrôles fiscaux et d’application de la loi, a-t-elle noté. Il n’est pas permis d’éteindre ainsi les pouvoirs du ministre. »

L’avocat a également rappelé que ces débats se déroulent devant la Cour supérieure, dans le cadre d’un procès public. “Nous demandons que l’intégralité du rapport soit mise sous scellés, même si certaines sections distinctes pourraient être accessibles au public”, a-t-elle déclaré.

Le représentant de Revenu Canada compte revenir à la charge à ce sujet mardi, tout comme l’avocat des médias.

Numéros fiscaux perdus, puis retrouvés

Dans le cadre de l’audience, l’avocat de Revenu Québec a également confirmé que Guzzo exploite ses cinémas sans être autorisé à percevoir les taxes de vente depuis le 11 décembre. En principe, une entreprise qui se trouve dans cette situation n’a pas la permission de poursuivre ses activités.

«Nous n’avons pas autorisé l’entreprise à fonctionner», a confirmé Éric Labbé, avocat de Revenu Québec.

L’avocat de Guzzo ne l’a pas démenti : “Il n’y a pas de débat là-dessus, les faits sont les faits”, a déclaré Eric Lalanne.

La presse a rapporté samedi que son journaliste avait pu assister à une représentation au Méga-Plex du Marché Central vendredi midi, même si les numéros fiscaux du groupe avaient été révoqués.

L’avocat de Revenu Québec a toutefois précisé que Guzzo avait fini par s’entendre vendredi soir avec le fisc pour pouvoir continuer ses activités, comme l’a également déclaré le PDG Vincent Guzzo à La presse.

Eviter la liquidation

Le plus grand groupe de cinéma indépendant au Québec tente à tout prix d’éviter la revente en morceaux de son petit empire. Ses principaux créanciers, la CIBC et les prêteurs privés, ont entamé une procédure d’insolvabilité en vertu de la LFI en novembre et réclament ensemble plus de 60 millions.

La presse ne connaît pas le total global des dettes du groupe, étant donné que le juge Michel Pinsonnault a admis que cette information demeure pour le moment sous scellés.

Pour tenter de convaincre le juge que la liquidation de son groupe n’est pas une fatalité, Guzzo a fait témoigner Pierre Marchand, un comptable spécialisé en insolvabilité de la firme MNP que le groupe a embauché comme consultant.

Selon sa conclusion, la restructuration du groupe est possible sans liquidation. Guzzo devrait cependant prendre des mesures drastiques pour réduire ses pertes.

Le tribunal a toutefois prononcé une ordonnance de non-publication interdisant aux médias de préciser en quoi consistent ces mesures.

Dans le cadre de son propre rapport réalisé à la demande du groupe, le comptable Marchand a reconnu que la comptabilité de Guzzo est déficiente, comme ses créanciers l’ont répété depuis leur premier appel hypothécaire au début de l’automne.

«En effet, à certains égards, il y a des lacunes dans les processus administratifs qui ne sont pas tous suivis selon les règles de l’art», a reconnu Pierre Marchand. L’entreprise ne produit pas d’états financiers mensuels et de nombreuses informations nécessaires à une saine gestion ne sont pas produites de manière régulière. »

Selon lui, la revente de tous les immeubles Guzzo pourrait rapporter 167 millions, ce qui suffirait à rembourser les créanciers garantis.

« Pas de liquidation en pleine terreur »

Les parties doivent se réunir à nouveau mardi pour les plaidoiries et représentations sur la pertinence de la communication des rapports du syndic déposés sous scellés, puis pour les plaidoiries.

«Nous nous dirigeons vers la séquestration», a déclaré le juge Pinsonnault avant de lever l’audience. Je ne me prononce pas sur le fond, mais je peux déjà vous dire que je ne suis pas du tout favorable à une liquidation complète par des créanciers garantis qui en ont marre et qui ont complètement perdu patience. »

Il dit comprendre leur frustration, mais souligne que Guzzo est un groupe disposant d’importants actifs immobiliers qui lui permettraient de se restructurer.

Apprendre encore plus

  • 420
    Nombre d’employés dans le groupe Guzzo

    Témoignage de Pierre Marchand, consultant Guzzo

    3,5 millions
    Perte enregistrée sur les neuf mois de 2024 clos le 30 septembre

    Témoignage de Pierre Marchand, consultant Guzzo

 
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