(BFM Bourse) – La scission de Vivendi en quatre sociétés est effective ce lundi. Canal+, Havas et le Groupe Louis Hachette ont fait leurs débuts sur les Bourses de Londres, d’Amsterdam et sur Euronext Growth. Si Havas et surtout Louis Hachette bondissent en début de séance, Canal+ plonge.
Quatre Vivendi valent-ils mieux qu’un ? C’est en gros la question à laquelle la Bourse doit répondre ce lundi. Le conglomérat actif dans les médias, la communication, les jeux vidéo et l’édition s’est officiellement scindé en quatre sociétés, trois d’entre elles faisant leur entrée en bourse le même jour.
Canal+ fait ses premiers pas à Londres, le spécialiste de la communication Havas fait de même à Amsterdam, tandis que le groupe Louis Hachette s’est introduit sur Euronext Growth, le compartiment dédié aux petites et moyennes entreprises de la Bourse de Paris.
Pour l’instant, Canal+ reçoit un accueil glacial à la Bourse de Londres, contrairement aux trois autres entités cotées.
L’action Canal+ s’échange à 250 pence, en baisse de 13,8% par rapport à son cours technique d’introduction à Londres de 290 pence en fin de matinée. Sur la base d’environ 992 millions d’actions en circulation, la capitalisation boursière de la société s’élève à 2,5 milliards de livres sterling, soit environ 3 milliards d’euros.
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« Pas un pavé de roses » pour Canal+
En amont de cette introduction en bourse, Canal+ a organisé mi-novembre une journée dédiée aux investisseurs. Le groupe audiovisuel a alors indiqué tabler sur une croissance en 2024 “en ligne avec celle de 2023” (soit environ 3% en données comparables), puis sur une baisse de ses revenus en 2025, liée notamment à l’arrêt des diffusions. de C8, avant une hausse « modérée » à partir de 2026. L’entreprise anticipe également une amélioration « modérée » de sa marge opérationnelle ajustée à moyen terme, toujours à périmètre constant.
A l’issue de cette présentation, UBS a abaissé son estimation de valorisation à 3 milliards d’euros contre 3,9 milliards précédemment.
De son côté, le cabinet d’études indépendant Alphavalue écrivait fin octobre qu’au vu des chiffres « faibles » de Vivendi au troisième trimestre (Canal+ avait enregistré une baisse de son chiffre d’affaires de 1,7% à base comparable), il n’était pas « incité à investir dans Canal+ ou participer à la future introduction en bourse de Canal+, en décembre prochain ».
«Je ne m’attends pas à ce que le cours de l’action suive une tendance à la hausse au cours des premières semaines, des premiers mois. Nous mesurerons le succès de cette introduction en bourse d’ici deux à trois ans », a-t-il déclaré. a prévenu Maxime Sadada, le président du directoire de Canal+, dans un entretien au Figaro vendredi. “Pour l’instant, le marché découvre Canal+, un actif qui n’a pas vraiment de pairs (entreprises comparables, NDLR)”, a-t-il ajouté.
A en forme
Si Canal+ connaît donc des débuts difficiles à la Bourse de Londres, Havas s’en sort bien mieux à Amsterdam. Le groupe de communication avance de 7,7% à la Bourse d’Amsterdam à 1,92 euro, contre un cours technique d’introduction de 1,79 euro.
Lors de sa journée investisseurs mi-novembre, Havas a également fait part de ses perspectives à moyen terme. Le groupe de communication anticipe une évolution de ses revenus comprise entre -1% et 0% en 2024 à base comparable, avant un rebond de plus de 2% en 2025. Son résultat opérationnel ajusté est attendu à plus de 330 millions d’euros en 2024 et devrait alors représenter entre 12,5% et 13,5% du chiffre d’affaires en 2025. Havas compte également proposer un dividende représentant environ 40% du résultat net de l’exercice. année 2024 en 2025.
Au cours actuel de l’action, Havas pèse environ 1,93 milliard d’euros, ce qui est encore assez loin (17%) de la valorisation qu’UBS avait retenue avant la scission, de 2,3 milliards d’euros.
Sur Euronext Growth, le groupe Louis Hachette, qui regroupe les activités historiques du groupe Lagardère (édition, vente dans les gares et aéroports) ainsi que Prisma Media, bondit de 24,5% pour atteindre 1,39 milliard d’euros de capitalisation boursière.
Vivendi bondit
Enfin, Vivendi SE gagne 33,15% à 2,45 euros pour atteindre 2,6 milliards d’euros de capitalisation boursière. Vivendi SE regroupe désormais le groupe de jeux vidéo Gameloft ainsi que ses participations minoritaires dans diverses sociétés (Banijay, Telecom Italia, Mediaforeurope, Prisa) dont environ 9,98 % dans la maison de disques Universal Music Group.
Il n’est pas impossible que la hausse du titre puisse être liée à des spéculations sur une offre publique d’achat (OPA) du groupe Bolloré. L’entreprise détient un peu moins de 30 % du capital de Vivendi, seuil à partir duquel une offre publique d’achat devient obligatoire.
Normalement, compte tenu de sa capitalisation boursière désormais très faible pour un groupe du CAC 40, Vivendi quittera l’indice parisien. Le conseil scientifique d’Euronext doit se prononcer sur ce point mardi soir. Une telle sortie pourrait conduire à des ventes d’actions par des fonds indiciels (ETF) qui doivent répliquer la performance du CAC 40. Ces fonds devraient alors vendre le titre pour reproduire la composition de l’indice.
Selon JPMorgan cité par l’Agefi-Dow Jones, le groupe Bolloré pourrait profiter de l’afflux de papier sur le marché pour se renforcer en lançant potentiellement une offre publique d’achat sur Vivendi.
Rappelons que la scission en quatre entités de Vivendi avait pour objectif de créer de la valeur pour les actionnaires en obtenant une meilleure valorisation de chaque entreprise et en réduisant ainsi la décote du conglomérat de Vivendi, qui pourrait atteindre 45% fin 2025, selon Barlcays.
Une scission controversée
En cotant séparément Canal+, Havas et Louis Hachette, Vivendi entend obtenir des multiples de valorisation plus généreux pour chaque entité et ainsi créer de la valeur pour ses actionnaires, au premier rang desquels le groupe Bolloré. Vivendi a très bien réussi en 2021 en cotant Universal Music Group à Amsterdam. La maison de disques vaut désormais 42 milliards d’euros en Bourse.
La décision de coter Canal+ à Londres et Havas à Amsterdam a cependant pu faire sourciller certains, comme ceux des investisseurs Phitrust et CIAM, qui estiment qu’elle ne créera pas de valeur. En effet, les trois nouvelles sociétés introduites en bourse (Canal+ à Londres, Havas à Amsterdam et Groupe Louis Hachette sur Euronext Growth) seraient cotées sur des marchés où le Groupe Bolloré (qui détient actuellement un peu moins de 30 % de Vivendi) sera coté. pouvoir accroître son influence. sans avoir à lancer d’offre publique, ont expliqué Phitrust et Ciam.
Lors de l’assemblée générale de Vivendi qui a approuvé la scission le 9 décembre, Yannick Bolloré, président du conseil de surveillance de Vivendi, a défendu le choix de ces lieux de cotation.
Pour Canal+, la cotation à la Bourse de Londres doit refléter les ambitions internationales de la chaîne cryptée, alors que les deux tiers de ses abonnés “sont hors de France”, a précisé le dirigeant. Ce caractère international doit d’ailleurs être renforcé dans la mesure où Canal+ est actuellement en train de racheter le groupe sud-africain Multichoice pour 3 milliards d’euros.
Pour Havas, le choix d’Amsterdam s’explique par la volonté de créer une fondation de droit néerlandais qui pérennise l’indépendance de l’entreprise face à d’éventuelles OPA hostiles en rendant une opération « très compliquée ». de ce type, a poursuivi Yannick Bolloré.
Julien Marion – ©2024 BFM Bourse
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