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Lion électrique au bord du gouffre

Lion Électrique n’a toujours pas trouvé d’accord avec un groupe d’investisseurs pour sauver sa peau, a-t-il confirmé La presse. Sauf surprise, tout indique que le fabricant d’autobus scolaires et de camions électriques, à court d’argent, se retrouvera à l’abri des créanciers cette semaine.

Si ce scénario se réalise, les 200 millions offerts par les gouvernements du Québec et du Canada ainsi que des institutions comme la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) et le Fonds de solidarité FTQ se retrouveront à risque. Les investisseurs particuliers qui ont acheté des actions de la société ces dernières années risquent également de se retrouver les mains vides.

«Lion est toujours en discussions avec ses investisseurs», s’est limité à dire dans un communiqué écrit le cabinet de la ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Christine Fréchette. « Nous suivons les échanges de près. »

En l’absence d’accord pour renflouer ses caisses – ce qui était encore le cas au moment d’écrire ces lignes – le constructeur établi à Saint-Jérôme ne pourra plus obtenir la clémence de ses prêteurs. Il a déjà prévenu que cela l’obligerait à se tourner vers Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies (LACC).

Ce processus permettrait à l’entreprise de bénéficier de la protection des tribunaux le - de parvenir à une entente avec ses créanciers.

La CDPQ et Finalta Capital avaient convenu de lui donner jusqu’à lundi pour rembourser un prêt de 30 millions. Le 16 décembre coïncide également avec la fin d’un délai de grâce qui permet à l’entreprise d’assouplir les conditions d’un emprunt de 117 millions souscrit auprès d’un syndicat bancaire.

Dimanche soir, le constructeur n’avait pas répondu aux questions de La presse envoyé par courrier électronique pour faire le point sur ses négociations.

Pour Raphaël Duguay, professeur de comptabilité à l’Université Yale, la précarité de Lion rend difficile d’envisager un scénario où elle éviterait de se tourner vers la LACC.

Si Lion se protège de ses créanciers, il est fort possible que les actionnaires perdent la totalité de leur investissement, souligne l’expert. Les créanciers qui ne disposent pas de garanties perdent généralement eux aussi une grande partie de leur investissement.

Raphaël Duguay, professor of accounting at Yale University

Malgré les déboires financiers du constructeur, le gouvernement Legault n’a pas fermé la porte à son soutien financier, à condition que le secteur privé soit impliqué. Ce scénario devient de moins en moins probable.

Questions sans réponse

Dimanche, il n’était pas possible d’avoir une idée des éléments qui s’opposaient entre Lion et le groupe d’investisseurs – qui comprend le promoteur immobilier Groupe Mach et la holding familiale Saputo (Jolina).

Le - presse pour l’entreprise, dont les caisses sont quasiment vides. Au 30 septembre, elle avait accès à 27 millions de dollars américains. Ce coussin a diminué depuis cette date.

Parallèlement, sa dette à long terme s’élève à 293 millions de dollars américains.

C’est dans ce contexte que Lion a licencié 400 personnes le 1est en décembre dernier, sa quatrième vague de coupes en un an. Les activités de son usine américaine située dans l’Illinois, un complexe qui a coûté 150 millions, ont également été interrompues jusqu’à nouvel ordre.

Son président-directeur général, Nicolas Brunet, a également quitté le navire.

Lion a récemment levé 50 millions de dollars en vendant son centre d’innovation de Mirabel, un complexe adjacent à son usine de batteries, à Aéroports de Montréal dans le cadre d’une transaction annoncée le 11 décembre.

Toutefois, c’est le Groupe Mach, la Fondation Saputo et leurs partenaires qui empocheront la totalité de la somme puisque ces prêteurs avaient des garanties hypothécaires du centre d’innovation Lion.

Les états financiers de l’entreprise révèlent également qu’Investissement Québec (IQ) – le bras financier de l’État québécois – a progressivement cédé les garanties à d’autres prêteurs qui ont accepté d’aider Lion depuis 2021.

Résultat, l’entreprise d’État se retrouve derrière l’union bancaire, le consortium Groupe Mach et le duo formé par la CDPQ et Finalta dans l’ordre de priorité des créanciers.

Plusieurs problèmes

Depuis environ un an, Lion impute ses problèmes de liquidités au fardeau administratif d’un programme fédéral d’électrification des transports, qui aurait pour effet de ralentir ses ventes d’autobus scolaires.

Cependant, d’autres facteurs entrent en jeu. Parallèlement à sa chaîne d’assemblage de Saint-Jérôme, dans les Laurentides, le constructeur a dépensé plus de 230 millions de dollars américains pour construire une usine de batteries à Mirabel ainsi que son usine d’assemblage aux États-Unis. La production est actuellement à l’arrêt dans ces deux complexes.

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PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE ARCHIVES

Considérée comme le joyau de Lion Électrique, l’usine de batteries de l’entreprise, située à Mirabel, a vu sa production tomber à neutre le mois dernier.

À cela s’ajoute un ralentissement de la demande alors que la transition vers l’électricité est plus lente que prévu, un phénomène qui touche l’ensemble de la filière.

Sur le parquet de la Bourse de Toronto vendredi dernier, l’action Lion a clôturé à 48 cents. Ce cours de l’action est loin du sommet d’environ 25 $ atteint au printemps 2021 après l’arrivée de la société à Bay Street et à Wall Street.

Public money at risk in Lion Électrique

  • 2021 : 19 millions d’Investissement Québec (IQ) pour l’achat d’actions
  • 2021 : 37 millions prélevés sur un prêt offert par Québec pour l’usine de batteries
  • 2021 : 21 millions retirés du prêt d’Ottawa pour un complexe de batteries
  • 2022: 15 million in loan from the Caisse de dépôt et placement du Québec
  • 2023 : 98 millions prêtés par IQ, le Fonds de solidarité FTQ et Fondaction
  • 2024 : 7,5 millions en prêt du gouvernement du Québec

Apprendre encore plus

  • 1350 personnes
    Effectif de Lion Électrique au Canada et aux États-Unis avant le début des vagues de compressions

    Source : lion électrique

    107 millions
    Valeur marchande du fabricant québécois

    Source : Bourse de Toronto

 
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