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« Plus fluide », « plus nerveux »… Qu’en pensent les automobilistes deux mois plus tard ?

Cela fait maintenant un peu plus de deux mois que le périphérique parisien a vu sa vitesse maximale autorisée abaissée à 50 km/h. Une mesure décidée par la mairie de Paris malgré les nombreuses réticences exprimées de toutes parts.

Pour justifier cette décision, Anne Hidalgo avait avancé plusieurs arguments de vente qui semblent se concrétiser puisque la municipalité se réjouissait déjà de constater des résultats après deux semaines d’application. Mais concrètement, le ressenti des utilisateurs est un peu plus mitigé et varie beaucoup selon leurs expériences.

Moins de bruit

“Il y a une nette amélioration du niveau sonore qui est plus sourd et plus régulier”, témoigne Christine, lectrice de 20 minutes qui habite en bordure du périphérique, porte de Vincennes (12e). Elle atteste ainsi des mesures révélées par Bruitparif qui montrent une baisse « significative » variant de moins de 1 décibel aux heures de pointe, à moins de 2,4 décibels la nuit.

« On pourrait le faire en mettant des murs isolants ou de l’insonorisation plutôt que de pénaliser tous les usagers », rétorque Amine qui, malgré le coût et les maigres résultats de cette dernière solution, fulmine contre la baisse de débit.

- perdu

Comme lui, de nombreux automobilistes regrettent la perte de - sur leur trajet, variant de cinq minutes à une demi-heure selon le trajet et la distance parcourue. Une paille pour Jean-Daniel pour qui « perdre quelques minutes à [mon] Le voyage ne pose aucun problème » s’il veut améliorer les conditions de vie des habitants, « c’est une responsabilité collective et une étape nécessaire ».

D’autant que le nombre et l’importance des embouteillages, de l’avis général, n’ont pas vraiment changé. « Aux heures de pointe, la vitesse réelle était déjà bien en dessous de 50 km/h donc la nouvelle limitation ne change rien », explique Julien, qui salue néanmoins une circulation « plus apaisée ».

Des automobilistes plus « à fleur de peau »

Tout le contraire des autres lecteurs qui font état de risques plus élevés et d’une plus grande nervosité chez les conducteurs. « 50 km/h, c’est frustrant, les gens sont plus nerveux et ont tendance à essayer davantage de changer de voie », explique Jacques, un motard qui aime s’interfiler et qui a plus peur de se faire percuter. Pour Yaya, l’autre risque vient de la peur de la « prune » qui « oblige les conducteurs à réparer leur compteur au détriment de leur concentration sur le trafic ».

Pour Karine, ceux qui sont des connaisseurs du périphérique ont même tendance à appuyer sur le bouton entre les différents radars fixes pour rattraper « leur retard », créant ainsi de gros écarts de vitesse entre véhicules à risque d’accident plus important.

Une crainte qui n’est toujours pas fondée puisque leur nombre, recensé par la commune, a même diminué de 51 % par rapport à la même période en 2024 (18 accidents en 2024, 37 en 2023 entre le 2 et le 6 décembre).

Des habitudes à adopter

Malgré cette statistique, Salim partage la crainte de Karine mais blâme davantage les conducteurs : « Oui, il y a plus de comportements nerveux et dangereux à cause de la frustration. Mais c’est aux conducteurs de s’adapter et d’accepter. C’est comme tout, il va falloir s’y habituer. Là-bas, les gens sont en colère à cause du passage à 50. Mais ils ont toujours été en colère sur le périphérique, donc les choses vont s’arranger. »

Pour faciliter le passage de la pilule, la mairie de Paris mise sur une circulation plus fluide pour calmer les automobilistes. Concrètement, cela est difficile à percevoir comme le démontrent nos lecteurs, mais aussi les chiffres enregistrés qui montrent une baisse de 4% des embouteillages par rapport à l’année dernière.

Si la pollution de l’air n’a pas encore diminué (les données doivent être étudiées sur le très long terme pour séparer toutes les causes de pollution selon Airparif), l’atmosphère semble encore plus légère pour de nombreux conducteurs.

Olivier juge par exemple la circulation moins « saccadée » et trouve un « vrai gain de confort » dans sa conduite. Christian est d’accord et confie avoir le sentiment d’être arrêté « moins souvent » et Benoît voit même une évolution « de semaine en semaine » avec l’adaptation des conducteurs à cette nouvelle norme.

Une vitesse modulée ?

“Peut-être, cependant, on pourrait revoir la vitesse la nuit”, concède-t-il, avouant qu’il trouve très “frustrant” de stagner à 50 km/h alors que le périphérique est vide. Il n’est pas le seul. Opposants comme convaincus par la nouvelle limitation, ils sont nombreux à militer pour une vitesse modulée en fonction du trafic. « Peut-être serait-il possible d’installer des panneaux de signalisation numériques pour permettre d’accélérer un peu la nuit ou lorsqu’il n’y a personne sur la route ? », suggère Yannick. Pas sûr que Christine aimerait l’idée…

La vraie solution réside peut-être dans l’imagination de Manon qui suggère à Anne Hidalgo de « transformer tout le périphérique en jardins avec uniquement des couloirs de bus et des pistes cyclables ». “Nous serons calmes comme ça et les automobilistes cesseront de nous déranger à 20 km/h”, ajoute-t-elle. Sérieux ou pas ? L’idée de Manon n’a rien de fou puisque la maire de Paris envisage déjà de transformer le périphérique en « ceinture verte » d’ici 2030.

 
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