La scission de Vivendi, le géant français des médias et de l’édition, devient effective lundi avec la cotation de trois nouvelles entités en bourse à Londres, Amsterdam et Paris, toujours sous le contrôle du milliardaire Vincent Bolloré (AFP/ERIC PIERMONT)
La scission de Vivendi, géant français des médias et de l’édition, devient effective lundi avec la cotation de trois nouvelles entités en Bourse à Londres, Amsterdam et Paris, toujours sous le contrôle du milliardaire Vincent Bolloré.
A partir de 9h00 (8h00 GMT), le groupe de télévision Canal+ sera coté à la Bourse de Londres, Havas (communication) sur Euronext Amsterdam et le groupe Louis Hachette (Hachette Livre, numéro un français, Relay dans la distribution, médias comme Europe 1, JDD, Voici, Géo…) à Paris sur le marché Euronext Growth, régulé mais non régulé.
Les premières bourses seront scrutées. Mais « c’est le long terme qui compte », estime une Source proche de Vivendi qui prévoit dans un premier - une grande volatilité.
Maxime Saada, patron de Canal+, ne s’attend pas « à ce que le cours de l’action » qui le concerne « suive un chemin pavé de roses dans les premières semaines, les premiers mois ». “Nous mesurerons le succès de cette introduction en bourse dans deux à trois ans”, a-t-il déclaré au Figaro.
Pour le reste, la holding elle-même reste cotée à la Bourse de Paris, et son cours doit s’ajuster.
Le président de Vivendi, Vincent Bolloré, à l’Assemblée nationale, à Paris, le 13 mars 2024 (AFP / ALAIN JOCARD)
Pour une action Vivendi détenue avant la scission, une action Canal+, une action Havas et une action Groupe Louis Hachette ont été attribuées, et l’action Vivendi est conservée. A terme, Vivendi devrait sortir du CAC 40.
Une première étape a été franchie avec brio lundi dernier : le projet de scission a été approuvé par les actionnaires, à plus de 97 %.
Selon le président du directoire, Arnaud de Puyfontaine, “un nouveau chapitre de son histoire” s’ouvre pour Vivendi, “tout en restant fidèle à ce qu’il est”.
Pourquoi cette opération, annoncée il y a un an ? Le prix du groupe “ne reflétait pas la vraie valeur de ses actifs”, a rappelé Yannick Bolloré, fils de Vincent Bolloré et président du conseil de surveillance de Vivendi, ce qui constituait “un handicap pour nos actionnaires et pour le développement de nos activités”.
Vivendi, qui comptait quelque 73.000 salariés fin 2023, était valorisé à près de 8,55 milliards d’euros à la clôture vendredi. Le pari est donc que la somme des quatre valeurs indépendantes est bien supérieure.
– Canal+ vers l’international –
Yannick Bolloré, fils de Vincent Bolloré et président du conseil de surveillance de Vivendi lors de l’assemblée générale du groupe à Paris, le 24 avril 2023 (AFP / Alain JOCARD)
Fin octobre, Yannick Bolloré avançait une valorisation de l’ensemble « autour de 16 milliards » d’euros, dont 6,8 milliards pour Canal+, 3,4 milliards pour Havas, 2,1 milliards pour le groupe Louis Hachette et 4,5 milliards pour Vivendi. Mais les analystes prévoient moins pour les prochains jours.
L’opération “n’apporte aucune certitude”, estimait en novembre la société de gestion Phitrust. Celui-ci faisait notamment craindre “une décote de détention” pour Vivendi, qui continuera à gérer diverses participations minoritaires ainsi que l’éditeur de jeux vidéo Gameloft, détenu à 100%.
Devant les actionnaires, les dirigeants de Vivendi ont défendu leurs choix, affirmant qu’il n’y avait « pas d’autre alternative ».
Ainsi pour Canal+ à Londres, « la stratégie est clairement d’amener le groupe à l’international » et de permettre « une visibilité accrue sur les marchés anglophones », a souligné Yannick Bolloré.
Les deux tiers des abonnés sont déjà hors de France, et cette proportion est amenée à augmenter avec l’offre publique d’achat lancée sur le géant sud-africain de la télévision MultiChoice.
Maxime Saada, le patron de Canal+, au Festival américain de Deauville, le 7 septembre 2024 (AFP / Loic VENANCE)
Canal+ a atteint « une taille critique, avec 27 millions d’abonnés dans plus de 50 pays et nous visons 50 à 100 millions dans les années à venir », souligne Maxime Saada.
Un signe d’espoir du côté de Canal+, côté britannique : la ministre des Finances Rachel Reeves a reçu ce responsable vendredi.
Concernant Havas, le site d’Amsterdam a été retenu pour la possibilité d’y créer une fondation pour le mettre à l’abri d’une éventuelle OPA hostile et ainsi rassurer ses équipes.
Les sièges sociaux resteront en France, sauf celui de Havas. Les sociétés seront toutes résidentes fiscales françaises.
Cette scission suscite la crainte de certains petits actionnaires de perdre et de voir Vincent Bolloré, à la tête de Vivendi depuis 2014, renforcer son contrôle.
Le groupe Bolloré était jusqu’à lundi l’actionnaire de référence de Vivendi avec 29,9%, et atteindra environ 31% dans les nouvelles entités.
Le fonds activiste CIAM (0,025% du capital de Vivendi) poursuit ses recours en justice pour obtenir l’annulation de la scission, qui selon ses dirigeants « contourne la loi sur les offres publiques obligatoires ».
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