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La Finlande, comme le Luxembourg, face à la mort de jeunes toxicomanes

À un carrefour très fréquenté près du centre d’Helsinki, même les toxicomanes rencontrés par le‘AFP reconnaissons-le : la Finlande est confrontée à un grave problème de drogue, en particulier chez les jeunes. Ce fléau a atteint un niveau sans précédent, affirme un homme d’une trentaine d’années, qui se nomme Stefano. En 2023, ce petit pays nordique de 5,5 millions d’habitants a enregistré 310 décès par overdose, dont plus de 80 % d’hommes, selon les chiffres de l’Agence finlandaise des statistiques. Les jeunes de moins de 25 ans représentent un tiers de ces décès (91).

Selon l’Agence européenne des médicaments (EUDA), la Finlande se classe au quatrième rang des pays de l’UE ayant la plus forte proportion de décès par surdose chez les moins de 25 ans en 2022, derrière la Slovaquie, l’Autriche… et le Luxembourg. En 2022 au Grand-Duché, huit personnes sont décédées à cause de la consommation de drogue, contre 12 en 2015.

En Finlande, « la situation est devenue insupportable », déplore-t-elle auprès duAFP Annuska Dal Maso, responsable de la Fondation A-Clinic dans la capitale finlandaise, une ONG de soutien aux toxicomanes. Elle s’inquiète de l’arrivée imminente d’opioïdes puissants en Finlande et estime que le pays n’est pas équipé pour y faire face. « Le fentanyl pose déjà un problème en Estonie et ce n’est qu’une question de - avant qu’il ne touche la Finlande », prévient-elle. Au Luxembourg, les substances provoquant le plus souvent une surdose sont les opioïdes et la cocaïne, selon les dernières informations fournies par les autorités.

Au cours des années 2000, la buprénorphine, un opioïde puissant vendu sous le nom de Subutex, ainsi que l’amphétamine, étaient les drogues les plus consommées en Finlande, souvent mélangées à de l’alcool et à d’autres drogues, explique Pirkko Kriikku, toxicologue légiste à l’Institut finlandais pour la santé et le bien-être ( THL). « La buprénorphine est la cause du plus grand nombre de décès en Finlande », note-t-elle.

Les raisons de cette tendance sont multiples : les attitudes à l’égard des drogues ont changé, les drogues dures sont plus accessibles et la santé mentale des jeunes s’est détériorée.

Les substances peuvent être commandées en quelques clics sur des messageries cryptées, « aussi facilement que des vêtements », selon Pirkko Kriiku. Mais seulement 30 % des gros consommateurs d’opioïdes font l’objet d’une surveillance adéquate. « Il y a vingt ans, la Finlande était pionnière dans la réduction des méfaits liés à la drogue, mais aujourd’hui, nous sommes à la traîne par rapport aux autres pays », note Margareeta Hakkinen.

L’Institut finlandais pour la santé et le bien-être appelle à la légalisation des salles de consommation à moindre risque, à un accès plus facile et plus rapide à un suivi approprié, tout en réduisant la stigmatisation liée à la toxicomanie. Cependant, les « salles de tir » n’ont pas encore gagné de terrain politique. En 2022, Annuska Dal Maso a déposé une pétition auprès du Parlement finlandais, l’appelant à lancer au moins une phase expérimentale.

 
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