A vocation très civile (80 % du chiffre d’affaires), Safran nourrit quelques ambitions dans le domaine de la défense. Pas au point de vouloir rééquilibrer les activités de défense (20 %, dont 10 % dans les moteurs militaires) par rapport à celles du secteur civil, ni créer une division dédiée à la défense. Mais le groupe a « une ambition de croissance assez forte » dans la défense, a annoncé jeudi le directeur général de Safran Olivier Andriès, lors d’une journée dédiée aux investisseurs, qui n’a pas souhaité donner de chiffres précis. D’ici 2028/2030, l’équipementier souhaite « augmenter significativement les activités d’électronique de défense »regroupés au sein de la filiale Safran Electronics & Defense (soit environ 1,5 milliard d’euros de chiffre d’affaires). “Je pense pouvoir doubler (le chiffre d’affaires, ndlr) d’ici 2028/2030”a assuré Olivier Andriès.
« Nous sommes très bien placés face à l’évolution de la situation sur le champ de bataille. Notre stratégie est de changer d’échelle dans ce domaine avec l’ambition de devenir le partenaire équipementier de référence des grands intégrateurs mondiaux sur différentes plateformes, non seulement des avions et des hélicoptères mais aussi des bateaux et des sous-marins. , etc… à travers notre portefeuille d’électronique de défense », a soutenu le directeur général.
Dès son arrivée à la tête du groupe en janvier 2021, l’actuel directeur général a lancé une impulsion en renforçant Safran dans les activités dites de souveraineté pour améliorer la résilience de l’entreprise et celle de sa supply chain, et ainsi donner des garanties à ses clients. , et à leur tour aux États européens, pour les livrer à - avec la qualité requise. Olivier Andriès a ainsi acquis ces trois dernières années des sociétés stratégiques comme Aubert & Duval (matériaux et pièces critiques) et Orolia, qui fournit des systèmes de navigation et de positionnement résilients, mais aussi Syrlinks, Cilas (laser) ou encore Preligens, spécialiste des systèmes artificiels. intelligence. Le directeur général examinera « des acquisitions ciblées qui renforceront toujours le portefeuille. Mais nous le ferons si l’opération a aussi un sens technologique, comme nous l’avons fait récemment avec Orolia ».
Renforcement aux États-Unis
Safran se donne les moyens d’attaquer plus agressivement le marché américain de la défense en créant une filiale aux Etats-Unis, Safran Defence & Space Inc, au format SSA (Special Security Agreement). Cet accord spécial permet à des entreprises basées aux États-Unis mais sous contrôle étranger de travailler sur des contrats de défense classifiés. Cette filiale regroupe toutes ses activités sur place « pour aborder ces marchés plus largement »a précisé le patron opérationnel de Safran. « Nous avons clairement l’ambition de développer des activités sur le sol américain pour accéder au marché américain au format SSA, voire proxy. », a expliqué Olivier Andriès. Le groupe cible notamment la propulsion et la communication par satellite, l’intelligence artificielle appliquée aux données géospatiales et la navigation dans des environnements dépourvus de signaux de navigation par satellite.
Aux Etats-Unis, Safran réalise un chiffre d’affaires de “environ 300 millions d’euros aujourd’hui” dans le domaine de la défense, a-t-il souligné. Le groupe compte déjà plusieurs sociétés implantées aux Etats-Unis à Bedford dans le New Hampshire (systèmes électro-optiques et infrarouges), à Rochester dans l’État de New York avec Safran Federal Systems (PNT résilient), à Norcross, en Géorgie (tests et télémétrie) et prochainement à Denver, Colorado, sur son futur site de propulsion de petits satellites. « Nous avons l’ambition d’aller plus loin »il a insisté. Fait d’armes, Safran a réussi à rejoindre le programme américain d’hélicoptères aux rotors inclinables Valor V-280 de Bell Textron. Le groupe assure la conception et le développement du système d’atterrissage intégré et de production électrique.
Au-delà des États-Unis, Safran souhaite s’implanter ou renforcer sa présence dans certains pays stratégiques clés pour adresser le marché local. C’est notamment le cas en Inde, où le groupe souhaite bénéficier d’un partenariat très ancien avec HAL (Hindustan Aéronautique Ltd) pour soutenir les projets de développement de New Delhi. « Il faut savoir que Safran équipe la quasi-totalité des hélicoptères militaires indiens »se souvient-il. Sa filiale Safran Helicopter Engines développera en partenariat le nouveau moteur du futur hélicoptère lourd indien.
Moteurs, le M88 du Rafale en tête de gondole…
Avec les moteurs M53-P2 du Mirage 2000 (9,5 tonnes de poussée) et M88 du Rafale (7,5 tonnes de poussée), Safran est l’un des rares motoristes internationaux capables de motoriser des avions de combat. Le succès du Rafale a permis à Safran d’équiper le Rafale du M88, avec plus de 620 moteurs en service chez six clients d’ici fin 2023. L’année dernière, il a livré 42 moteurs M88, contre 51 moteurs en 2022. Olivier Andriès s’attend néanmoins à une augmentation de la cadence de la chaîne Rafale « particulièrement dans la deuxième partie de la décennie ». « Le Rafale est sur une très, très bonne dynamique »» argumenta-t-il. Le groupe participe également aux plus grands programmes aéronautiques : le NH90 de NHIndustries, le Caracal et le H160 d’Airbus Helicopters, l’avion de transport militaire européen A400M.
Olivier Andriès a rappelé que Safran était en charge du pilier moteur du futur avion de combat européen (Combattant de nouvelle génération dans le cadre du programme SCAF), en coopération avec le MTU allemand à travers de leur joint-venture EUMET (Equipe Européenne des Moteurs Militaires). Le NGF, avion bimoteur nouvelle génération développée par Dassault Aviation et Airbus, équipera les forces des trois nations d’ici 2040, pour prendre progressivement le relais des avions militaires Rafale et Eurofighter. En 2023, Safran a également annoncé la signature de deux protocoles d’accord (Protocole d’accord) de R&T concernant le moteur Pratt & Whitney F135 (17,8 tonnes de poussée) qui équipe l’avion militaire Lockheed Martin F-35.
De l’équipementier au systémier…
Si Safran est principalement un équipementier dans l’aéronautique, l’espace et la défense, il existe deux exceptions à cette règle dans ce dernier secteur : le drone tactique Patroller, dont le premier exemplaire a finalement été remis aux armées avant l’été, et le Bombe guidée AASM. Concernant le Patroller, Safran a droneisé une plateforme allemande, un motoplaneur Stemme. Il s’agit du premier système de cette catégorie formellement certifié selon la norme OTAN STANAG 4671 applicable aux systèmes de drones à voilure fixe pesant plus de 150 kg. « Aujourd’hui, c’est un drone qui fait de l’observation et les besoins pourraient évoluer »Olivier Andriès argumente prudemment. Notamment en armant le Patroller d’une fusée à guidage laser de 68 mm.
L’AASM Hammer est une bombe à guidage air-sol de haute précision, déployable par tous les -, de jour comme de nuit. Il équipe les Rafale de l’Armée de l’Air et de la Marine française ainsi que des forces aériennes internationales, dont l’Inde (deux contrats en 2020 et 2021). Safran a également reçu une commande de la société indienne Bharat Electronics pour la livraison de kits Hammer à cette même armée de l’Air avec un premier composant « Make in India ». Cette commande constitue la première étape vers le transfert partiel de la production des kits AASM vers l’Inde avec une part locale qui augmenterait avec les commandes futures. Par ailleurs, Safran est en train de développer une famille autour de l’AASM, qui intègre plusieurs expertises de Safran (technologie infrarouge et traitement d’images, composants inertiels avec gyromètre résonant hémisphérique HRG et guidage laser)..)
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