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Bus.com vendu pour éviter la faillite

L’entreprise montréalaise Bus.com a voulu réinventer la réservation d’autobus, mais n’a jamais atteint la rentabilité. Plombée par des dettes à hauteur de 39,7 millions, la jeune entreprise prometteuse s’est placée en août dernier sous la protection du Droit de la faillite et de l’insolvabilité et sera vendu prochainement.

La Cour supérieure a accepté, le 29 novembre, d’étendre la protection de Bus.com pour lui permettre de conclure sous peu une transaction avec un acheteur dont l’identité n’a pas été révélée.

«C’est quelqu’un qui opère dans le domaine et qui a toutes les qualités financières opérationnelles pour poursuivre les opérations», précise le contrôleur Christian Bourque, du cabinet PwC. En attendant, l’entreprise poursuit normalement ses activités, assure-t-il.

Demandes d’entretien de La presse à Bus.com n’ont pas reçu de réponse.

Avec sa dette de 39,7 millions, l’entreprise s’est retrouvée les caisses vides au printemps dernier. “Les actionnaires et les prêteurs ont décidé de ne plus investir dans l’entreprise, ce qui l’a amenée à manquer de liquidités dans les semaines suivantes”, peut-on lire dans les documents déposés au tribunal.

« À un moment donné, un investisseur se demande : ‘Est-ce que je vais revoir mon argent ?’ Cela ne veut pas dire que l’entreprise n’est pas viable, seulement qu’elle n’est pas viable dans la structure financière actuelle », résume Christian Bourque.

Tournez-vous vers le public

Malgré un chiffre d’affaires de 37,4 millions en 2023, Bus.com termine l’année avec une perte de 11,2 millions. Pour les neuf premiers mois de 2024, selon les documents déposés au tribunal, le tableau était similaire : des revenus de 28,3 millions, mais des pertes attendues de 6,1 millions.

Le principal créancier de Bus.com est Exportation et développement Canada (EDC), la société d’État à qui Bus.com doit 26,1 millions de dollars.

Les autres créanciers et actionnaires importants sont Cycle Capital (1,5 million) et Jackson Square Ventures (1 million).

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Les principaux actifs de Bus.com sont les 26 autobus, acquis grâce à un prêt d’EDC. Cette flotte de véhicules est disponible à la location, tandis qu’une plateforme logicielle permet également de mettre en relation les demandes des clients avec les entreprises partenaires. Les activités de Bus.com se répartissent essentiellement en trois branches, permettant la réservation de bus pour les particuliers, les entreprises ou les organismes publics. L’un des contrats les plus importants dans cette dernière branche est celui de l’aéroport de Los Angeles. Bus.com possède également une filiale en Californie, pour laquelle une demande d’insolvabilité parallèle a été déposée le 25 novembre devant un juge américain.

« L’Airbnb des bus »

Selon son site Internet, Bus.com compte parmi ses clients Air Canada, Uber, Coachella, Nike et Amazon. En 2019, elle a conclu sa troisième ronde de financement, d’un montant de 15 millions US (19,7 millions CAN), qui a permis d’attirer le fonds californien spécialisé dans les transports Autotech Ventures et le fonds québécois de technologies propres Cycle Capital. La jeune entreprise se présentait alors comme le « Airbnb des bus », expliquait-il à La presse sa nouvelle présidente-directrice générale de l’époque, Maxie Lafleur.

La pandémie a durement frappé Bus.com, qui a dû licencier la moitié de son personnel, soit environ 70 personnes. L’entreprise avait progressivement migré son modèle économique des consommateurs vers les organisations publiques.

Elle avait également mis sa plateforme technologique au service des autorités organisatrices de transports, comme exo ou des communes proposant des services de bus.

«Le groupe Bus.com a enregistré une forte croissance depuis sa fondation, mais n’a jamais réussi à être rentable», notait le contrôleur Christian Bourque dans son rapport du 19 novembre.

En juillet dernier, Bus.com a procédé à une deuxième vague de licenciements, passant de 40 à 28 salariés. Maxie Lafleur avait quitté l’entreprise un mois plus tôt. Les activités ont pu être maintenues dans les mois suivants, notamment grâce à des avances de fonds totalisant 1,5 million d’EDC. Pourquoi la société d’État a-t-elle déboursé ces fonds, alors qu’elle faisait partie du groupe d’investisseurs qui avaient décidé de ne plus investir au printemps ?

«C’est pour maintenir la valeur d’exploitation», répond M. Bourque. Dans le cas contraire, vous vous dirigez vers une liquidation pure et simple. Là, on a un véritable processus de vente dans le cadre d’une opération, où on va chercher un montant supérieur à la liquidation. »

 
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