Des retraités privés du chèque-cadeau de 250 $ promis par Justin Trudeau. Des personnes âgées de 65 à 74 ans qui n’ont pas droit à l’augmentation de 10 % de leur pension par Ottawa.
Le sort financier des aînés enflamme clairement les partis d’opposition au Parlement cet automne. On pourrait presque entendre le chef du Bloc québécois entonner « C’est dur, c’est dur d’être un aîné ! » », inspiré du succès du petit Jordy en 1992.
Au lieu de crier au scandale et d’exiger des mesures fragmentaires, il est - d’avoir une discussion approfondie sur la pension de la Sécurité de la vieillesse (PSV).
Un relooking s’impose pour freiner la mort lente du PSV prévue depuis le début, sans qu’on y prête trop attention.
Lundi, le vérificateur général du Canada a tiré la sonnette d’alarme, dénonçant l’absence d’analyses solides pour « s’assurer que les programmes destinés aux aînés répondent réellement à leurs besoins sociaux et économiques ».1.
Le constat est dur. Et c’est d’autant plus inquiétant que le PSV constitue la plus grosse dépense du gouvernement fédéral.
Les sommes en jeu sont énormes : Ottawa a versé 61 milliards de PSV en 2020 à 7,5 millions de Canadiens. Et les coûts pourraient tripler d’ici 2045, avec le vieillissement de la population et l’inflation.
Il n’est pas normal qu’un tel programme soit en pilote automatique depuis plus de 70 ans, sans se demander s’il fait bien son travail.
Le montant de la rente est fixé de manière très bancale : le ministère prend le montant fixé lors de la création du PSV en 1959 (40 $ par mois) et l’ajuste à l’inflation (459 $ en dollars de 2024).
Au fil des années, il a également procédé à des augmentations occasionnelles, en fonction des ordres politiques, de sorte que le montant mensuel maximum est désormais de 718 $ par mois. Elle atteint 790 $ pour les personnes âgées de 75 ans et plus, depuis la bonification accordée à ce groupe d’âge en 2022.
Cette augmentation différenciée était justifiée, car les personnes âgées de 75 ans et plus ont un revenu médian après impôt significativement inférieur (28 200 $) à celui des personnes âgées de 64 à 74 ans (33 600 $).
Mais en créant deux catégories de seniors, les libéraux ont fait beaucoup de mécontents parmi les « jeunes » seniors qui réclament le même traitement.
Or, cela coûterait très cher : 3 milliards de dollars par année, selon les calculs du directeur parlementaire du budget.
Si le gouvernement fédéral veut aider les aînés les plus en difficulté, il pourrait réduire les pensions des plus aisés et bonifier le Supplément de revenu garanti (SRG) dont bénéficient les plus pauvres.
Cela éviterait d’alourdir la facture, alors qu’Ottawa est dans le rouge. Cela serait également plus équitable pour le reste de la population, sachant que le taux de pauvreté est presque deux fois plus élevé chez les 18-65 ans (11,1 %) que chez les seniors (6 %).
Mais ce n’est pas tout. Il faudrait s’attaquer à un défaut de construction majeur du PSV que le rapport D’Amours, publié au Québec, avait déjà identifié en 2013.2.
Voici le problème.
Au fil des décennies, le rôle du système fédéral diminue progressivement, car le système est indexé sur l’inflation et non sur la croissance des salaires, qui est plus rapide.
Le pouvoir d’achat des fournisseurs actuels est protégé. Mais les plus jeunes n’ont pas droit au même filet de sécurité sociale que leurs aînés. Le réseau a été conçu comme ceci. Son maillage s’élargit chaque année.
En 2012, par exemple, une personne de 65 ans avec un salaire de 40 000 $ pouvait s’attendre à ce que les pensions fédérales remplacent 26 % de son revenu d’emploi. En 2052, le taux de remplacement ne sera plus que de 13 % pour un nouveau prestataire se trouvant dans la même situation.
Bref, plus le - passe, plus le PSV diminue par rapport aux revenus d’emploi. Plus l’échelon est élevé pour une personne proche de la retraite. D’autant plus qu’elle doit épargner seule pour maintenir son niveau de vie à la retraite.
On pourrait s’inspirer du Régime de rentes du Québec (RRQ), qui ne présente pas ce défaut. Le plan permet de remplacer 25 % des revenus d’emploi. Et cela ne change pas avec le -. Et le deuxième volet du RRQ, entré en vigueur en 2019, apportera un coup de pouce supplémentaire.
Mais le défi reste de taille pour les travailleurs d’aujourd’hui, notamment ceux de la classe moyenne. Cela explique pourquoi le Canada perd des points dans l’indice Mercer, qui mesure la qualité des systèmes de retraite de nombreux pays.
Au lieu de s’entêter sur un chèque-cadeau bassement électoral de 250$ qui mériterait d’être complètement écarté, nos élus devraient réfléchir au mécanisme du PSV.
Sinon, plus cela durera, plus il sera difficile d’être un aîné.
1. Consultez le rapport du vérificateur général du Canada
2. Consult the D’Amours report
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