«Voulez, ne voulez pas, il faut attendre qu’il y ait un gros gel pour que l’arbre entre en période de dormance, ce qui permet de l’abattre et de le faire durer jusqu’en décembre», explique Charles Vaillancourt, président. de l’Association des producteurs d’arbres de Noël du Québec.
Cependant, les détaillants et les revendeurs souhaitent recevoir leurs livraisons de sapins de Noël de plus en plus tôt, car de nombreux consommateurs sont prêts à décorer leur maison pour les fêtes dès la mi-novembre.
Le gel tardif, combiné à la demande précoce de sapins naturels, met la pression sur les producteurs locaux. D’autant que la chaleur des derniers mois ne leur a pas permis d’avancer.
« D’année en année, la fenêtre se rétrécit. Les producteurs sont obligés de faire venir davantage de travailleurs étrangers pour pouvoir réaliser le plus de tâches, mais en moins de - », avance M. Vaillancourt, qui est également à la tête des productions Valfei en Estrie.
Ce n’est pas sans effet sur votre facture. Un bond de 3 à 5% du prix des sapins naturels est visible cette année.
« Il ne s’agit pas de gagner plus d’argent. C’est pour contrer les augmentations que nous avons de notre côté. Il faut plus d’équipements, plus de travailleurs étrangers et plus de maisons pour les accueillir. Ce sont des coûts que nous devons payer», murmure-t-il.
Soyez prêt
Ce signal n’est pas alarmant pour Stéphan Perreault, propriétaire des plantations qui portent son nom à Val-Joli en Estrie.
« Nous pouvons couper plus tard qu’eux, car nous avons moins de sapins », suggère celui qui ne cultive qu’une petite quantité d’arbres vendus pour l’autocueillette et l’exportation aux États-Unis.
Il n’en demeure pas moins qu’il a été contraint de suspendre ses activités pendant quelques jours, lorsque le mercure a dépassé les 15 degrés Celsius.
Ce dernier l’admet. Peu importe la température, il faut être prêt à vendre des arbres. « Nous sentons qu’il y a une pression sur le marché. Les gens veulent leur arbre tôt», observe également M. Perreault.
Il propose également des essences plus résistantes à la chaleur comme le sapin Fraser et le sapin de Corée aux clients qui se précipitent au mois de novembre. « Plus tard dans la saison, c’est le moment idéal pour planter un sapin baumier », dit-il, soulignant sa plus grande fragilité.
Quant à Nathalie Audet, copropriétaire de l’entreprise familiale Sapin Stoneham à Québec, l’enthousiasme s’est fait sentir dès l’ouverture de son kiosque, le 23 novembre.
Et même avant. « Nous avons reçu la livraison le 16 novembre. C’est sûr que le client régulier est déjà venu chercher son sapin », raconte celle qui est en affaires depuis trois ans.
La création d’un compte TikTok par son fils, Arnaud, a contribué à faire connaître la petite entreprise qui vend quelque 450 arbres.
« J’ai peur que nous en soyons à court cette année. Depuis que c’est là, ça va super bien», constate le jeune de 16 ans, qui a aussi lancé une vente d’arbres au profit de ses bacheliers.
« C’est une période exigeante d’octobre à fin décembre. Il ne faut pas compter ses heures dans une entreprise comme celle-là», ajoute Mme Audet, qui tient à enseigner les valeurs du travail à ses trois enfants.
LE CONGÉ FISCAL RETARDERA-T-IL LA VENTE DE NATUREL EN PREMIER ?
Le gouvernement fédéral a annoncé une pause de deux mois de la TPS/TVH à compter du 14 décembre. Les sapins naturels font partie de la liste des produits concernés par cette exonération.
Pour Stéphan Perreault, cette exonération de la taxe sur les produits et services de 5 % aura très peu d’impact. En plus de « poser des problèmes aux commerçants » qui doivent le supprimer, murmure-t-il.
D’ailleurs, M. Perreault constate que ses ventes sont plus élevées qu’à la même date. Signe que les consommateurs ne tarderont pas à décorer pour économiser quelques dollars.
« Normalement, la majorité de nos arbres sont vendus. Après le 14 décembre, ce sont eux les retardataires.»
— Stéphan Perreault, producteur
Quant à l’Association des producteurs d’arbres de Noël du Québec, le président espère que ce congé fiscal ne changera pas les habitudes d’achat des Québécois.
« J’espère que les gens n’attendront pas le 14 décembre pour récupérer leur sapin de Noël. Sinon, les cours seront très complets. Il va y avoir un week-end de soldes fou», imagine-t-il.
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