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Licencié pour déménagement, cet ex-salarié de Marelli veut rebondir à tout prix

Guillaume, 34 ans, a perdu son emploi suite à la fermeture de l’usine Marelli, basée à Argentan dans l’Orne. Une épreuve qu’il souhaite surmonter pour avancer. Depuis dix mois, le Normand ne travaille plus et s’avoue même prêt à quitter la Normandie pour trouver du travail. Il se confie pour la première fois.

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Les journées sont les mêmes depuis dix mois pour Guillaume. Mais cet ancien employé de Marelli n’hésite pas à parcourir des centaines de kilomètres ces dernières semaines pour suivre des formations. Alors qu’il réside à Argentan, l’Ornais se rend tantôt à Blois, tantôt à Caen pour apprendre. Après avoir perdu son emploi, le Normand de 34 ans veut rebondir et aller de l’avant.

Guillaume se souvient de ce jour, un peu avant le 31 janvier 2024, où il a appris que l’usine Marelli, basée à Argentan, fermait définitivement ses rideaux. Technicien de maintenance au sein de l’entreprise, il a été stupéfait en apprenant la nouvelle :

Ce fut un coup dur ! J’étais au travail, je travaillais et nous étions réunis dans une pièce avec mon équipe. Et là, le directeur nous a annoncé la fermeture définitive du site. C’était dur à supporter. Les collègues se sont effondrés, les larmes ont coulé.

Guillaume

Ex-employé Marelli

Guillaume se souvient de l’ambiance comme si c’était hier : «C’était lourd. Là, on s’est dit que ça y est, c’est officiel. Ils ferment la porte et nous allons nous retrouver en faillite. »

Quelques mois avant la fermeture de l’usine d’Ornaise, les syndicats ont lancé un droit d’alerte. A l’époque, Guillaume ne se posait pas trop de questions : “Nous avons vu les syndicats bouger, s’inquiéter et demander des explications à la direction, mais la direction nous a dit que tout allait bien”, dit ce dernier. “On avait des collègues qui nous disaient : ‘ça faisait 40 ans qu’on parlait de fermer l’usine d’Argentan, ça a toujours existé…’ donc je n’étais pas trop inquiet.”

Guillaume est occupé par son quotidien au travail. Mais il nous avoue que plus les mois passent, plus il a un mauvais pressentiment : « L’ambiance était parfois lourde et d’un côté, au fond, je sentais qu’il y avait un problème qui allait arriver. Mais je ne pensais pas que ça se passerait soudainement comme ça. Nous n’étions pas prêts.

Courant janvier, le couperet est tombé. Le 31, les salariés passent leur dernière journée sur le chantier. L’activité sera délocalisée en Slovaquie. Les coûts sont moins chers :

« Je trouve dégoûtant d’avoir délocalisé notre activité en Slovaquie. Nous avons bien travaillé, nous avons eu de bons retours, des commandes.

Guillaume

Ex-employé Marelli

Depuis plusieurs années, l’industrie automobile souffre en Normandie comme partout en France. Inflation, hausse des coûts de production, électrification des véhicules… Les sous-traitants du secteur paient le prix fort, comme Marelli, qui fabrique depuis plus de 50 ans des corps de papillon pour moteurs diesel et essence.

On sent la colère dans la voix de Guillaume : «Nous étions compétents. Et puis, ça pose question de penser que tout va bien en Slovaquie. Avec le Covid, nous n’avons cessé de parler des savoir-faire locaux et de privilégier les produits français.

Guillaume travaillait à l’usine depuis six ans. Entré comme intérimaire, il gravit les échelons jusqu’à obtenir un CDI pour ce poste de technicien de maintenance : «Quand on commence à travailler quelque part, on a envie d’y passer quelques années. Je pensais que je continuerais à travailler chez Marelli encore un peu et pourquoi ne pas faire carrière. Le Normand a vécu de nombreuses années à Touquettes, dans l’Orne. Fort de ce poste, il s’installe à Argentan.

Mais dix mois plus tard, Guillaume veut avancer coûte que coûte. Comme les 166 autres salariés, ce dernier a pu bénéficier d’un congé de remplacement après la fermeture de Marelli, lui permettant de percevoir de l’argent pendant un an : « Nous continuons à être payés par notre patron jusqu’en février. J’en ai profité pour faire quelques formations, me perfectionner. Et puis, j’ai trouvé une formation équivalente au BTS qui me permet de devenir technicien de maintenance. J’occupais ce poste au sein de Marelli mais je n’avais pas le diplôme pour cela. Je viens de commencer et il me reste dix mois.

A partir du mois de mars, son patron ne lui paiera plus rien mais Guillaume veut rester serein. Il n’est pas propriétaire et dépend des indemnités de France Travail pour continuer à vivre pendant qu’il trouve du travail. Et un nouveau boulot sans son domaine, il n’est pas sûr d’en trouver un à Argentan :

Il y a peu d’opportunités à Argentan et j’aimerais récupérer au moins le salaire que je gagnais. Après ma formation, je suis prêt à tout quitter ici pour trouver un travail. J’emmènerai ma famille ailleurs qu’en Normandie si nécessaire.

Guillaume

Ex-employé Marelli

Le trentenaire veut relativiser et rester optimiste : « Je ne suis pas propriétaire. Je peux me permettre de partir si nécessaire. Ce n’est pas le cas de certains de mes anciens collègues qui ont leur maison, leur vie ici. Certains n’ont toujours rien trouvé. Ils ont plus de 50 ans et s’inquiètent pour l’avenir. Je pense beaucoup à eux.

Guillaume est désormais prêt à tourner la page : « Je suis fier de mon parcours chez Marelli, je n’oublierai pas cette expérience. Cela fait partie de moi ». Il ajoute avec un sourire : « Ma partenaire est enceinte ! Je vais devenir père. Partir d’ici pourrait être un nouveau départ… Je veux aller de l’avant.

 
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