Les « années bissextiles » ont-elles profité de l’année 2024, celle de « l’éclipse totale », pour pratiquer « l’escalotage » tout en évitant les « tempêtes géomagnétiques » ? L’Office québécois de la langue française (OQLF) a tranché et choisi les 12 termes qui ont défini l’année 2024. « Ce ne sont pas nécessairement ceux qui ont été les plus utilisés au cours de l’année, mais ce sont des termes qui reflètent l’actualité ou des réalités émergentes. » explique Nicolas Trudel, directeur des communications de l’OQLF. Un regard sur sept d’entre eux.
Vol de voix
Cette voix à l’autre bout du fil n’est pas celle de votre petit-fils qui appelle pour demander une aide financière pour ses études, ni celle de votre cher ami qui a besoin d’argent pour des traitements coûteux contre le cancer. qui ne sont proposés qu’au Qatar. Il s’agit du vol de voix, ou fraude vocale, qui consiste à « utiliser des procédés informatiques pour reproduire la voix d’une personne afin de usurper son identité ». Et avouons-le, ce n’est jamais drôle.
Plafond le lointain
Incassable, le plafond de verre qui empêche les femmes d’accéder aux plus hautes fonctions ? Certainement difficile à briser, oui. Pour la deuxième fois, la présidence des États-Unis est passée à une femme en faveur de Donald Trump. Le terme était « associé principalement à la candidature de Kamala Harris et à sa défaite », précise Nicolas Trudel. « Nous pensions que c’était un incontournable cette année. »
Eclipse totale
Cloîtrés dans leur salle de classe, les élèves du Québec ont vécu l’éclipse totale du 8 avril 2024 devant la télé. Car bien avant que la Lune n’obscurcisse complètement le Soleil pendant quelques minutes, le sujet était sur toutes les lèvres : était-il sécuritaire ou non de laisser les enfants observer ce phénomène rarissime ? Y aurait-il suffisamment de lunettes de sécurité pour tout le monde ? Le ministre de l’Éducation s’en est mêlé, les scientifiques ont protesté, mais certains n’ont pas bronché : les plus petits ne doivent pas sortir. Quant à ceux qui ont vécu ce moment, ils s’en souviendront longtemps.
Surtourisme
Assis à la terrasse d’un restaurant de La Rambla, l’avenue emblématique de Barcelone, les touristes ont découvert à leurs dépens l’été dernier qu’ils étaient la représentation physique du surtourisme. Les manifestants espagnols, irrités par la présence croissante de visiteurs dans leurs maisons, les ont aspergés d’eau.
Bissextilien, bissextilienne
Une nouvelle orientation sexuelle ? Non! Il s’agit plutôt du terme qui désigne une personne née un 29 février, qui a eu la chance, en 2024, de voir enfin son anniversaire inscrit sur le calendrier. Quand on ne peut célébrer qu’une fois tous les quatre ans, on peut se consoler avec son propre adjectif.
Scallotage
Non, il n’est pas de tradition d’enlever chapeaux et casquettes avant de jouer les hymnes nationaux. Créé l’année dernière par l’OQLF, ce néologisme désigne une « pratique qui consiste à réserver un vol dont l’escale constitue la véritable destination souhaitée et à descendre à l’insu du transporteur aérien ». «C’est un phénomène qui prend de l’ampleur», observe Nicolas Trudel, de l’OQLF. Mais avant de descendre, pensez au surtourisme (voir ci-dessus) !
Négociation collective
Alors, alors, solidarité ! Enseignants, infirmiers, éducatrices, débardeurs, facteurs : grosse année pour les négociations. «C’est un terme qui permet d’attirer l’attention sur un vocabulaire de relations professionnelles qui se crée à l’Office», explique Nicolas Trudel. Nous ne dirons donc pas galemais « gale ». Vous avez la chance d’obtenir un prime ? Parlez plutôt de « bonus », qu’il s’agisse de motivation, de performance ou de rétention.
Et les autres…
Ce sont les linguistes et terminologues de l’OQLF qui choisissent les 12 termes retenus chaque année. Sont également sur la liste 2024 : la tempête géomagnétique, le drone humanitaire, l’intelligence artificielle multimodale, l’unité d’habitation accessoire et le recyclage moléculaire.
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