Le ministère des Finances espérait voir la Peugeot 208 électrique revenir en France dans le cadre de la réindustrialisation, mais Stellantis prend le chemin inverse. Non seulement les 208 resteront en Slovénie, mais la future Citroën C4 devrait quitter l’Europe pour traverser la Méditerranée. Depuis la fin du Covid, le groupe italo-américain mise gros sur l’Afrique du Nord car la position est stratégique : elle permet à Stellantis de desservir facilement tout le Moyen-Orient et l’Afrique tout en restant à portée de l’Europe via le détroit de Gibraltar, notamment. , et le port de Marseille. Et comme les affaires chinoises ne vont pas bien, il fallait trouver un marché de substitution à l’Empire du Milieu pour échapper un peu à la dépendance américano-européenne. Depuis 2022, Stellantis investit massivement : premier chèque de 300 millions d’euros pour produire davantage à Kénitrad’où sortent déjà des voiturettes sans permis mais aussi la Peugeot 208 de base. Prochainement, un modèle du segment C rejoindra les chaînes d’assemblage au Maroc.
Au revoir C4, et maintenant ?
Si Citroën ne pensait pas forcément qu’on la comparait à Dacia, le constructeur aux chevrons vise désormais très clairement la marque roumaine. Mais n’est-il pas un peu tard ? Y a-t-il de la place en Europe pour une « deuxième » Dacia compte tenu de la taille qu’a prise la filiale du groupe Renault ? Le temps nous le dira. En attendant, la future C4, qui arrivera après 2026, quittera Madrid-Villaverde pour se diriger vers Kénitra où, selon Carlos Tavares, les marges seraient à deux chiffres. Travail à un taux horaire très bas par rapport à celui constaté en Europe (y compris en Espagne) pesait lourd dans la balance. Et cela sera nécessaire pour lancer une C4 qui se positionnera cette fois-ci en rivale du prochain C-Neo chez Dacia.
Cette décision, annoncée par plusieurs médias espagnols et maghrébins, n’a pas encore été confirmée par Stellantis au moment d’écrire ces lignes. Mais la pénalité pourrait être double pour l’usine de Villaverde puisque la Lancia Delta, qui devait également être produite en Espagne, ira dans ses terres natales en Italie. La Delta rentre donc chez elle lorsque les C4 et C4 X quittent l’Europe.
Si Stellantis a choisi le Maroc, ce n’est pas pour rien. Le royaume a décidé de se montrer généreux envers les nouveaux arrivants industriels en leur offrant cinq ans d’exonération fiscale (15% de taxe après la cinquième année), et sans TVA ni frais de douane. L’Espagne pouvait difficilement rivaliser. Et alors que Stellantis a assuré l’avenir de certaines usines françaises jusqu’en 2030, on dit forcément que la France ne peut pas être compétitive face à de tels arguments. Renault a également cédé aux sirènes du Maroc, nouveau paradis fiscal, en produisant Dacia Sandero, Mobilize Duo et autres Renault Express. Mais face à ces nouvelles migrations, la question de l’avenir se pose désormais : où s’arrêteront les industriels français ? La C4 sera-t-elle la seule « perte » européenne majeure au catalogue ? Avec la présence sur place de sociétés d’ingénierie comme Capgemini (qui a en grande partie conçu l’Ami), la question mérite de se poser alors que tout un écosystème se construit de l’autre côté de la Méditerranée.
Publié le 26/11/2024 à 17h00
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