Alors que l’absentéisme est en hausse au cégep, les étudiants réclament l’abandon de toutes les sanctions liées aux retards et aux absences dans le réseau collégial.
De leur côté, les enseignants craignent des abus depuis que Québec a demandé de ne plus exiger de billet médical pour une absence de moins de cinq jours.
De plus en plus d’étudiants du cégep sont absents de leurs cours, admet Antoine Dervieux, président de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ).
« Oui, c’est une situation qui s’accentue, mais il y a plusieurs facteurs qui ne sont pas pris en compte dans la situation », dit-il, comme les problèmes de santé mentale ou la conciliation famille-travail. études, dans un contexte de précarité financière.
« Les étudiants doivent travailler beaucoup plus, ce qui signifie qu’ils ont moins de temps pour aller en cours », ajoute M. Dervieux.
La fin de la démarche punitive réclamée
La fédération étudiante vient d’adopter une note de service, dans laquelle elle appelle à l’abandon de « l’approche punitive » pour mettre en place des mesures « d’accompagnement » pour contrer l’absentéisme, explique-t-il.
« Les politiques restrictives en matière d’absentéisme, qui utilisent le bâton plutôt que la carotte, ont un impact sur la motivation intrinsèque de la population étudiante. C’est décourageant, cela a des impacts directs sur l’anxiété, l’angoisse et la détresse, c’est un cercle vicieux qui peut mener au décrochage scolaire», affirme le président de la FECQ.
Les politiques en matière d’absentéisme varient d’un cégep à l’autre. Au Cégep de Saint-Hyacinthe, un étudiant peut s’absenter jusqu’à 20 % des heures consacrées à un cours, alors que cette proportion est de 10 % au Cégep de Chicoutimi, peut-on lire dans le mémoire. Les sanctions comprennent l’exclusion du cours ou l’impossibilité de passer un examen.
La fréquentation des cours a un impact sur les performances académiques, comme le montrent les recherches, mais ce lien est moins significatif pour les étudiants plus forts ou plus faibles, affirme la fédération.
La présence en classe n’est pas forcément liée à la maîtrise des apprentissages, ajoute Antoine Dervieux, puisqu’un élève physiquement présent dans un cours pourrait être mentalement absent, s’il passe tout son temps sur son téléphone portable par exemple.
Les enseignants craignent les abus
De son côté, la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ-CSN) n’a pas pris de position formelle concernant les mesures punitives liées à l’absentéisme, mais réitère que la place de l’élève est en classe. «Cela fait partie du travail d’un étudiant d’être présent dans ses classes», explique son vice-président, Yves de Repentigny.
La gestion des retards et des absences ajoute également une couche sur les épaules des enseignants, d’autant plus que les notes médicales ne sont plus nécessaires pour justifier une absence à un examen.
La directive du gouvernement Legault émise ce printemps pourrait ouvrir la porte à des abus, craint la FNEEQ-CSN.
Un étudiant qui souffre d’anxiété de performance peut désormais se déclarer malade lors d’un examen et exiger une reprise quelques jours plus tard, illustre M. de Repentigny, ce qui pose des « problèmes d’équité ».
De son côté, la Fédération des cégeps indique que les absences ne sont « généralement pas pénalisées » dans le réseau collégial.
Sa présidente-directrice générale, Marie Montpetit, se dit « ouverte à collaborer » sur ce dossier, soucieuse de « préserver un équilibre essentiel entre la rigueur académique, le bien-être des étudiants et leur réussite éducative », indique-t-elle dans une déclaration écrite. .
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