Encore? Ceux qui ont une excellente mémoire ou les plus assidus aux affaires municipales se souviennent peut-être d’un vif débat survenu il y a une dizaine d’années justement autour des nouveaux compteurs sur le réseau d’Hydro-Sherbrooke. Cette nouvelle technologie suscite alors de sérieuses inquiétudes parmi les citoyens, comme ailleurs au Québec alors qu’Hydro-Québec fait également le virage.
Sauf que les compteurs sélectionnés à Sherbrooke n’étaient pas les mêmes, explique aujourd’hui David Seminaro, chef de la division lignes à Hydro-Sherbrooke. Ici, nous avons plutôt opté pour des compteurs radiofréquences qui ne sont pas considérés comme « intelligents » dans le sens où ils ne communiquent pas directement avec l’unité centrale.
«Ils parlent juste. Ils sont en quelque sorte sourds », résume M. Seminaro en parlant de compteurs « communicants unidirectionnels ». Et même les données transmises ne se font qu’à courte distance. Les employés d’Hydro-Sherbrooke doivent donc circuler dans les rues pour relever les relevés des compteurs, explique-t-il, ce qui se fait environ tous les deux mois pour chaque foyer. C’est plus efficace que d’aller relever chaque compteur de maison en maison, mais c’est encore loin d’être à la pointe de la technologie.
Mise à jour progressive
Mais pourquoi avoir fait ce demi-pas ? Même si M. Seminaro n’était pas chez Hydro-Sherbrooke à ce moment-là, il présume que la décision devait être principalement liée à des raisons économiques. À 60 $ le mètre, l’ampleur du projet de remplacement est loin d’être la même que celle des compteurs intelligents.
En effet, l’opération qui s’est déroulée de 2011 à 2016 à Sherbrooke aura coûté environ 8 millions, informe le chef de division d’Hydro-Sherbrooke. Pour aller vers les compteurs intelligents, l’administration communale s’est prononcée sur une estimation de 50 millions, ouvertement qualifiée d’approximative à ce stade.
Comme indiqué La Tribune Plus tôt cet automne, Sherbrooke inclura sans doute le projet dans son prochain programme quinquennal d’investissements, mais sans le quantifier, puisque la stratégie de financement est encore très incertaine. On sait toujours que la Ville espère un soutien considérable de la part de Québec, mais compte tenu de sa situation particulière avec son service municipal de distribution d’électricité, il faudra probablement élaborer une entente au coup par coup.
Dans un contexte de transition énergétique, acquérir de nouveaux compteurs devient particulièrement crucial, selon David Seminaro. Hydro-Sherbrooke investit déjà 3,5 millions de dollars pour mettre à jour son système de facturation afin d’offrir éventuellement une tarification différenciée selon l’heure de la journée, par exemple pour atténuer les pointes de consommation du réseau.
« Un outil important »
Avec les compteurs intelligents, Hydro-Sherbrooke pourrait enfin rejoindre Hydro-Québec et offrir les mêmes options tarifaires. Il ne s’agit pas encore d’une obligation légale, mais M. Seminaro n’exclut pas que cela puisse éventuellement l’être.
«Pour permettre aux citoyens de mieux comprendre leur consommation d’énergie, le compteur devient un outil important», dit-il également en parlant du niveau de précision qui pourrait être offert aux clients.
Sauf que les derniers appareils de la technologie précédente ont été installés en 2016. Alors, finirait-on par changer des compteurs encore bons ? David Seminaro reconnaît que ce n’est pas la séquence optimale pour maximiser la durée de vie des appareils, mais en même temps, il faut les réexaminer après 8 à 10 ans pour valider leur état et l’entretien requis devient alors de plus en plus fréquent. Sans financement attaché, on ne sait toujours pas dans combien de temps les Sherbrookois disposeront de nouveaux compteurs intelligents.
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