Gourou divorce de Pepsi | La presse

Trois ans après avoir conclu un accord de 10 ans avec Pepsi, Guru reprend le contrôle de la distribution et de la commercialisation de ses boissons énergisantes bio.

L’entreprise montréalaise a annoncé lundi la résiliation de son entente avec le géant américain et compte élargir sa force de vente interne et rétablir des partenariats avec des distributeurs. Guru dispose désormais de six mois pour se réorganiser et assurer la transition.

« Nos perspectives de croissance seront ainsi meilleures », déclare Carl Goyette, PDG de Guru, dans une interview.

L’accord de distribution signé en 2021 avec Pepsi devait augmenter « considérablement » les activités de distribution et la portée de Guru au Canada.

La réalité est que le chiffre d’affaires annuel de Guru stagne à 30 millions depuis trois ans.

Guru a généré une perte nette de 9,8 millions en 2021, 17,5 millions en 2022 et 12 millions l’année dernière.

L’analyste Martin Landry du cabinet Stifel souligne que la résiliation de l’accord avec Pepsi intervient peu de temps après que les deux sociétés aient pu légalement mettre fin à l’accord sans motif.

« Cela suggère que ce partenariat n’a pas produit les bénéfices escomptés pour les deux parties », dit-il.

«Au fil du temps, il y a eu quelques erreurs d’exécution au niveau du marchandisage qui ont entraîné des pertes de ventes pour Guru», explique Martin Landry, dans une note envoyée à ses clients.

Carl Goyette soutient que Guru a consacré beaucoup d’énergie à faire fonctionner son partenariat avec Pepsi, mais la réalité est que cela n’a pas fonctionné à son goût.

Il y a eu des conflits étant donné le nombre élevé de produits distribués par Pepsi, a-t-il déclaré.

Pepsi possède la marque de boissons énergisantes Rockstar et détient une participation dans Celsius, une autre marque de boissons énergisantes, en plus de posséder une foule d’autres marques de boissons comme Gatorade, Bubly, etc.

Le contexte signifie que Guru doit continuellement lutter pour attirer l’attention, note Carl Goyette.

« Nous avions perdu en agilité. Nous nous sentions un peu plus éloignés de nos consommateurs », ajoute-t-il.

Martin Landry estime que Guru n’a peut-être pas reçu toute l’attention qu’il méritait avec l’arrivée de Celsius au Canada, distribué par Pepsi. « Dès lors, reprendre le contrôle du merchandising et de la relation client devrait lui être bénéfique », estime-t-il.

Martin Landry mentionne que les revenus de Guru augmenteront puisque l’entreprise vendra directement aux détaillants au lieu de vendre à des prix inférieurs à ceux de Pepsi pour compenser les services de distribution et de marchandisage fournis par Pepsi.

Cependant, il s’attend à ce que les coûts de vente et de marketing augmentent, car Guru devra augmenter son personnel pour visiter les magasins et organiser des activités promotionnelles avec les détaillants.

Carl Goyette rappelle que l’industrie des boissons énergisantes vaut 22 milliards.

« Nous détenons 14 % de ce marché au Québec. Le potentiel pour Guru est énorme pour pouvoir changer l’industrie et reproduire ailleurs ce qu’on a fait au Québec», dit-il.

« Il n’est pas vrai qu’à l’avenir, les gens continueront à boire des boissons énergisantes chimiques. Un jour, les gens commenceront à boire des boissons plus saines. Un peu comme ce qu’on observe dans l’alimentation. C’est comme si l’industrie des boissons énergisantes était en retard, car ce sont encore des boissons chimiques qui sont vendues principalement aux États-Unis. »

Au moment de la signature du partenariat en 2021, Guru avait accordé des bons de souscription à Pepsi pour acquérir des actions pour un maximum de 3 % de Guru. Ces options n’ont jamais été exercées puisque leur exercice était conditionné à l’atteinte de certains résultats.

Il n’a pas été possible d’obtenir un commentaire de Pepsi.

L’action de Guru a atteint ce mois-ci son plus bas niveau depuis sa cotation il y a quatre ans.