La construction de deux vastes complexes médicaux presque prêts à ouvrir est à l’arrêt au centre-ville de Montréal et à Mont-Royal, apprend-on La presse. Dans les documents publics et privés que nous avons obtenus, diverses entreprises ayant travaillé sur ces deux projets allèguent que le conglomérat ELNA Médical ne les a pas payées depuis plusieurs mois et leur doit un total de 4 millions de dollars.
ELNA, où travaillent 500 médecins québécois, a doublé de taille en deux ans, rachetant plusieurs cliniques déficitaires ou au bord de la faillite. Mais selon certains documents, le conglomérat manque de liquidités et se donne jusqu’au 30 novembre pour trouver des fonds et payer ses dettes. Son porte-parole, Jonathan Prunier, nous a écrit que l’entreprise est « en phase finale d’un processus de financement auprès d’une grande banque d’investissement » pour pouvoir poursuivre la construction de ses complexes et « investir davantage dans l’innovation ».
Début novembre, ELNA a annoncé avoir conclu un partenariat en trois volets avec Telus Health, dont l’un devait lancer « un premier modèle de clinique franchisée au Canada » et offrir « des cliniques appartenant à des médecins propriétaires ou à des sociétés, une gamme de services clé en main ». M. Prunier nous a toutefois écrit d’ignorer ce communiqué « publié prématurément » puisque « certaines informations pourraient être sujettes à modification », mais que « le [discussions] n’a certainement pas avorté », dit-il. Telus, de son côté, nous a écrit que « certaines informations étaient effectivement inexactes ».
Les deux nouveaux complexes d’ELNA devraient accueillir leurs premiers patients d’ici la fin de l’année. Celui du centre-ville est presque terminé, on découvre à travers les vitrines de 2020, le boulevard Robert-Bourassa, à côté du métro McGill.
Selon diverses sources documentaires, les sous-traitants du promoteur Montarville Gestion et Construction ont cependant abandonné le chantier en octobre et ne reprendront pas leurs outils, à moins de recevoir les 2 millions de dollars qu’ils réclament.
Montarville et Canderel, qui gère le bâtiment 2020 Robert-Bourassa, ont décliné nos demandes d’entrevues, puisqu’ils espèrent que les travaux pourront reprendre au début de 2025. ELNA affirme de son côté que le complexe ouvrira d’ici la fin mars. .
Entrée et fenêtres condamnées
Au Centre Rockland de Mont-Royal, les difficultés financières d’ELNA sont visibles. L’entreprise devait y ouvrir en 2021 un établissement « phare » comptant une quarantaine de médecins et spécialistes. Trois ans plus tard, il n’existe toujours pas de clinique. L’entrée et les fenêtres qu’ELNA avait percées dans la brique d’un mur extérieur du Centre Rockland sont barricadées.
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L’entrepreneur responsable et ses sous-traitants ont inscrit au registre foncier des hypothèques légales de construction totalisant plus de 2 millions de dollars contre ELNA et le propriétaire de l’immeuble, Fonds d’investissement immobilier Cominar.
Qu’est-ce qu’une hypothèque légale de construction ?
Les entrepreneurs ayant participé à un projet peuvent déposer ce recours protecteur lorsqu’ils ne sont pas payés et souhaitent protéger leur dette. L’hypothèque légale inscrit au registre foncier une garantie sur l’immeuble où ont eu lieu les travaux, qui pourra éventuellement servir de paiement pour rembourser la dette à la suite d’une action en justice.
L’entreprise de construction qui a déposé l’hypothèque légale, Russ+Co, a refusé de commenter.
L’un des fournisseurs ayant déposé une hypothèque légale, Céramique Miva, attend le paiement de 114 975 $. Le propriétaire de l’entreprise, Mario Mastrangelo, affirme que la construction de la clinique du Centre Rockland est arrêtée depuis juillet 2023, en raison des problèmes financiers d’ELNA. « Il manque toutes les touches finales à la clinique. »
L’entrepreneur déplore les retards de paiement, qui mettent sa petite entreprise en danger.
Vous devez faire plus de travail ailleurs pour compenser.
Le propriétaire de Céramique Miva, Mario Mastrangelo
En 2021, le président de l’ELNA, Laurent Amram, déclarait dans un entretien à La presse veulent implanter une polyclinique de 24 000 pieds carrés au Centre Rockland, « une sorte de guichet unique », avec entre autres « des soins de haute qualité couverts par la RAMQ » et une clinique 100 % privée.
Le propriétaire du Centre Rockland, Cominar, assure maintenir un « canal ouvert » avec ELNA afin que sa clinique puisse ouvrir « le plus tôt possible ». « On a hâte que la situation se règle de leur côté, affirme Sandra L’Écuyer, responsable des communications.
Malgré ces difficultés, ELNA a acquis en janvier l’une des plus grandes chaînes de cliniques de la province, le Groupe Santé Brunswick. Écrasée par une dette de 42 millions de dollars, l’entreprise a vendu les 10 cliniques de son vaste complexe de Pointe-Claire à ELNA, qui y assurait la continuité des soins.
ELNA nous écrit qu’elle a « temporairement suspendu » le site de Rockland pour « prioriser les opportunités stratégiques liées à l’agrandissement du site ». [son] réseau “. Et après avoir pris « la décision responsable de concentrer [ses] ressources sur les cliniques actuellement en activité [qui soignent] des milliers de patients par jour.
Au cours des deux dernières années, plusieurs cliniques médicales d’autres réseaux ont fait faillite, ont fermé leurs portes ou ont été rachetées à la dernière minute, parfois sans préavis (voir texte suivant).
Mélanger public et privé
Comme La presse Comme indiqué récemment, l’ELNA a placé plusieurs de ses cliniques financées par l’État sous le même toit que ses cliniques 100 % privées – un arrangement controversé.1.
Appelé à commenter, le Dr Marc-André Amyot, président de la Fédération des médecins généralistes du Québec, s’est montré soulagé que seuls deux complexes inachevés soient touchés par cette incertitude. « Parce que lorsque les grandes cliniques ferment, l’impact est grave. Nous ne pouvons pas déplacer des dizaines de médecins du jour au lendemain. »
1. Lire le dossier « Cliniques ELNA : frontières floues entre public et privé »
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