P.Chez Charles-Gruet, à Bordeaux, la première surprise est de constater que malgré la nouvelle enseigne apposée sur la façade restaurée, le Garage Central ne rouvrira pas. Six ans après l’incendie qui a entièrement détruit l’établissement emblématique, fondé en 1898, depuis la petite place au début de la rue Fondaudège, Olivier Charron s’est résigné. “C’est navrant mais il n’était pas possible d’en sortir”, déplore le propriétaire du garage Citroën depuis 1990. Si l’origine accidentelle de l’incendie a été établie, le propriétaire de l’ensemble du bâtiment explique “ne pas avoir été indemnisé” pour la totalité. son matériel professionnel. Ajoutez « l’évolution du quartier », l’homme se dit « pas sûr que j’aurais été autorisé à rouvrir une telle activité », compte tenu du flux de véhicules que vidait le garage.
Alors, lorsque Carrefour l’a contacté, Olivier Charron a saisi l’opportunité de louer son commerce. Mercredi 4 décembre, une nouvelle « City » de l’enseigne nationale de grande distribution déploiera son offre sur près de 400 m². Sous la verrière rénovée, le franchisé GHP, Guillaume Halley Participation (1), entend « développer son offre de proximité ». Comme c’est le cas un peu partout ailleurs à Bordeaux. « Et compléter l’offre de services avec une palette d’horaires plus large », complète Joseph Gautherin, responsable marketing du groupe. Ouvert de 7h à 22h, le magasin proposera “une offre premium, autour de l’alimentation et des besoins du quotidien”, mais aussi “la valorisation des partenaires locaux”, notamment au rayon boulangerie confié à la P’tite Boulangerie qui développera également une gamme sandwich.
Une concurrence redoutée
De l’autre côté de la rue Fondaudège, la Maison Perrin, implantée dans ce secteur d’activité, ne souhaite pas se prononcer sur cette implantation de l’enseigne. A l’inverse, Jacques Le Lann ne mâche pas ses mots. « C’est dégoûtant de laisser ainsi de grandes enseignes se développer face à des petits commerçants », déplore cet habitant de longue date du quartier. Il estime qu’il y avait “de la place pour une offre complémentaire et non concurrente”.
« Les bassins versants sont désormais dans un rayon de 200 à 300 mètres »
Les salariés craignent cette concurrence au Petit Casino, situé à seulement 300 mètres dans la même artère. « Quatre supérettes dans le quartier, ça commence à faire beaucoup », observe l’un d’eux. Car 150 mètres plus loin, un Carrefour Market est déjà positionné avec, entre les deux, un spécialiste du bio. Pour Thierry Collado, cette stratégie de maillage territorial « est tout simplement pathétique ». S’il n’est pas trop inquiet de l’activité de sa boucherie – « on n’a pas affaire à la même qualité de produits » – le professionnel affirme qu’il « ne pense pas qu’à [lui] alors qu’on a déjà tout dans le quartier.
Démarquez-vous par la qualité
Son voisin et collègue n’en revient toujours pas, ayant « d’abord cru que c’était une blague ». Mais pour Christian Rousseau, la réalité « va nous faire un peu plus mal ». Le boucher-traiteur se déclare « dégoûté », qui « cherche désespérément à vendre » alors que les habitudes de consommation ont modifié son activité et son chiffre d’affaires.
« Un Carrefour à chaque bout de rue, évidemment, ça me plaît. » Chafika Saioud, « un peu ébranlée par cette annonce », veut néanmoins croire en son « offre sélective et différenciante » au Temps des fruits. Depuis vingt-cinq ans qu’elle est en place, la marchande de fruits et légumes – et vice-présidente des futures France – milite pour « des produits frais, de qualité, sélectionnés auprès des petits producteurs » et n’a jamais cessé d’innover pour répondre aux attentes des consommateurs. une clientèle toujours plus exigeante. Elle compte donc sur « leur capacité à faire la différence », même si « dans un contexte économique général, cela devient difficile » pour un commerce indépendant.
Mariane Blambert, de son côté, ne voit pas « d’un mauvais oeil » l’ouverture de la Ville. Avec ses fromages au lait cru fabriqués par de petits producteurs, elle ne craint pas la concurrence d’une enseigne alimentaire généraliste. « Au contraire, cela va amener de nouveaux clients », espère la jeune femme qui a ouvert la crèmerie Mimi l’été dernier. C’est bien l’ambition de GHP : « Créer un pôle d’attraction et un flux rentable pour tous », affirme Joseph Gautherin. Le responsable marketing du franchisé assure que « les zones de chalandise se situent désormais dans un rayon de 200 à 300 mètres ».
(1) Le groupe est également à la tête des Carrefour Market Caudéran-Ferry à Bordeaux et Montesquieu à Mérignac ainsi que de l’hypermarché Quatre Pavillons à Lormont.
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