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Peu de prises de position publiques ont été prises sur ce sujet épineux. Ce qui pourrait, craignent les syndicats et salariés de Hennessy, causer des dégâts dans l’ensemble du secteur, comme le craint l’ancien maire de Cognac, Michel Gourinchas, qui se montre très pessimiste. « Ce projet risque de dévaster l’économie locale », prévient-il. Il craint, comme d’autres, « l’effet boule de neige qui va causer des dégâts. Si Hennessy, le plus grand, fait cela, il y aura des morts dans la région », prévient-il.
«Je pensais que c’était une blague ou encore une autre rumeur. »
Conseiller départemental LR du Cognac, Jean-Hubert Lelièvre est l’un des rares à avoir osé un commentaire sur Facebook, soutenant une obligation de mise en bouteille dans l’aire d’appellation (demandée par les syndicats), sans toutefois critiquer la décision de la direction de Hennessy. “Avec la remise en cause de la loi Evin, cela me semble être le combat à mener si j’avais été parlementaire”, dit-il.
Des échanges à faible bruit
S’il a été « interpellé lorsqu’il a vu des salariés de Hennessy dans la rue », il estime néanmoins qu’« en tant que libéral, il n’a pas à commenter la décision d’une entreprise ». « Il faut rester à notre place d’élus et arrêter de vouloir se mêler de tout. Et il faut faire confiance. Ce que propose Hennessy, c’est ce que fait la Chine avec les véhicules électriques pour contourner les taxes européennes. Il faut savoir s’adapter. »
Plus discret, le maire de Cognac Morgan Berger n’est pas resté inactif depuis lundi, lorsqu’il a appris, avec étonnement, la nouvelle. «Je pensais que c’était une blague ou une énième rumeur», avoue-t-il. Mardi, il a contacté Jérôme Sourisseau, le président du Grand Cognac, et la députée de circonscription Sandra Marsaud, “pour comparer nos points de vue”. Et discuter de la possibilité de rencontrer la direction de Hennessy.
Sur le sujet, Morgan Berger et Jérôme Sourisseau se disent tout à fait d’accord. « En tant que maire de Cognac ou président de l’Agglomération, nous ne pouvons pas être favorables à ce type de démarche qui nous paraît dangereuse », argumentent-ils. « Cependant, je comprends la nécessité de trouver des solutions pour vendre du cognac ; mais ce qui est proposé par Hennessy ne peut être que transitoire, prévient Jérôme Sourisseau. On ne sent pas beaucoup d’enthousiasme de leur part dans ce projet qu’ils mènent par pragmatisme. »
Mercredi, alors que 400 salariés poursuivaient la grève, Morgan Berger rencontrait seul Laurent Boillot, président de la maison forte pour encore quelques mois.
« Je lui ai d’abord dit que nous comprenions le processus. Je ne dis pas que nous le partageons mais nous le comprenons. Je lui ai alors demandé de tarder, la fenêtre de tir diplomatique s’ouvrant. Les négociations avancent, avec un Président impliqué et une rencontre prévue en Chine avec Michel Barnier au premier trimestre. C’est rassurant. Il n’y a donc pas d’urgence à réaliser cette expérimentation et il vaut mieux attendre le résultat de ces négociations », explique le maire, qui se dit entendu.
Une envie de calmer le jeu
Dans la foulée, Morgan Berger a rencontré des représentants des syndicats CGT et FO. «Je leur ai dit la même chose. Je pense qu’il est utile aujourd’hui de dégonfler le ballon et de rester solidaires. »
Jointe par téléphone, la députée Sandra Marsaud n’a rien dit d’autre. La solution à cette crise commerciale avec la Chine « viendra, dit-elle, par la voie diplomatique ». « Le premier combat est de résoudre la question des impôts », insiste-t-elle, satisfaite de voir que les négociations se sont intensifiées, notamment lors du G20, entre les présidents français et chinois.
Sur le fond, l’élu de la majorité présidentielle s’écarte un peu plus de Morgan Berger et Jérôme Sourisseau. « Je n’ai pas à juger une stratégie commerciale mais je comprends l’approche de la direction car la priorité n’est pas de couper le flux de cognac vers le consommateur chinois, au risque de ne plus pouvoir l’envoyer du tout. Ce qui serait encore pire pour l’emploi ici. »
Les travaux ont repris… pour l’instant
Le travail a repris chez Hennessy ce jeudi, après deux jours de grève très soutenue (avec 600 grévistes mardi, 400 mercredi). Des réunions d’information ont été mises en place sur tous les sites, selon la CGT. Ce retour au travail n’a pas été heureux. « Les salariés ont l’impression d’avoir été poignardés dans le dos. Ils ne travaillent plus dans de bonnes conditions morales », indique Matthieu Devers, secrétaire CSE de la CGT, chez Hennessy.
Si les sites de production fonctionnent à nouveau, les syndicats CGT et FO ne comptent pas en rester là. Ils attendent désormais le CSE mardi, où ils attendent des explications de la direction. Suivie d’une intersyndicale des maisons de cognac, qui aura lieu à 16 heures au syndicat local CGT. Avec une possible mobilisation, là encore, dans la foulée.
Mercredi, le syndicat CGT des verreries de Cognac (Verallia) a adopté une motion de soutien aux salariés de Hennessy, dans laquelle il appelle à « participer à tous les rassemblements qui seront organisés par nos camarades et nos structures », afin de « préserver l’industrie du Cognac.
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