C’est désormais confirmé. Entre 2022 et 2023, les plus riches ont bien mieux résisté à l’inflation, révèle une étude de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) publiée jeudi 21 novembre. L’année dernière, les prix ont augmenté de 4,9% en moyenne, les hausses étant les plus prononcées. dans l’alimentation, le logement et les transports. Le surcoût lié à l’inflation représentait en moyenne 1 230 euros par an et par personne, révèle l’Insee dans ce « portrait social » de France. Cette somme est plus importante pour les 10 % des Français les plus aisés (2 170 euros) que pour les 10 % les plus pauvres (730 euros).
Toutefois, par rapport au niveau de vie, l’ampleur du choc a été « deux fois plus important pour les 20 % les plus pauvres que pour les 20 % les plus riches »selon l’Insee. Pour les 10 % les plus pauvres, les pertes représentaient 7,1 % de leurs revenus, contre 3,1 % de celles des 10 % les plus riches. L’Insee constate également que les familles monoparentales et les personnes seules étaient plus touchées que les autres ménages par le poids supplémentaire de ces dépenses sur le niveau de vie.
Par ailleurs, la politique fiscale et sociale du gouvernement d’Elisabeth Borne n’a pas « n’a amorti que très légèrement le surcoût des dépenses lié à l’inflation »écrit l’Insee. A l’heure de la fin du « quoi qu’il en coûte », plusieurs aides ponctuelles mises en place pendant la crise énergétique n’ont en effet pas été reconduites en 2023. L’Insee cite la prime exceptionnelle de rentrée scolaire, l’indemnité d’inflation ou encore la versement exceptionnel de 100 euros associé au chèque énergie. Ces décisions ont principalement touché les 40% les plus modestes, qui ont vu leur niveau de vie baisser de 160 euros par rapport à l’année précédente.
A l’inverse, de nouvelles aides ont vu le jour en 2023, comme la déconjugalisation de l’allocation pour adultes handicapés (AAH), la dernière étape de l’exonération de taxe d’habitation sur les résidences principales ou encore l’augmentation de la prime de Noël pour les familles monoparentales. Au total, ces transferts supplémentaires ont principalement profité aux plus aisés, du fait de la fin de la taxe d’habitation. Les 10 % les plus riches ont ainsi vu leur niveau de vie augmenter de 310 euros supplémentaires par an (0,4 % de leur niveau de vie), tandis que les 10 % les plus pauvres n’ont reçu « que » 170 euros. plus (1,7%), merci avant tout «à la revalorisation des services».
Au total, 5 % des dépenses supplémentaires liées à l’inflation ont été couvertes en moyenne par la politique gouvernementale. Mais, pour les 20 % des plus riches, l’évolution de cette politique a permis de couvrir “près de 15% de dépenses supplémentaires”là encore « principalement à cause de
de la dernière étape de la défiscalisation “logement”note l’Insee. A l’inverse, les 20 % des plus modestes ont connu “une perte de niveau de vie de 30 euros, qui s’ajoute au poids déjà élevé des dépenses de consommation supplémentaires”.
Plus généralement, les Français ont reçu en moyenne 580 euros supplémentaires en 2023 (2,1 % de leur niveau de vie) du fait de l’augmentation des salaires (180 euros pour les 20 % les plus bas et 1 170 euros pour les 10 % des plus riches). L’évolution des revenus du patrimoine représente, en moyenne, un gain de 350 euros par personne – un montant qui diffère également selon le niveau de vie.
En clair, les revenus des plus riches ont augmenté plus rapidement que ceux des plus pauvres, ce qui leur a permis de mieux maintenir, voire améliorer, leur niveau de vie dans un contexte inflationniste. Ainsi, l’amélioration des salaires et des revenus du patrimoine a permis de compenser 120% des dépenses supplémentaires liées à l’inflation pour les 20% les plus riches, contre seulement la moitié pour les 20% les plus pauvres.
Au total, compte tenu de l’évolution des revenus et de la politique gouvernementale, pPour 60 % des Français, l’augmentation du niveau de vie a permis de compenser au moins 90 % des dépenses liées à l’inflation, par rapport à seulement 30 % pour les 10 % les plus modestes, et entre 60 % et 85 % pour les autres. Ce constat reste vrai même en incluant la hausse des taxes foncières, en partie décidée par les collectivités locales, et qui a particulièrement pesé sur les plus aisés.
Related News :