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Québec met fin aux formations rémunérées

Le Québec met un terme à la formation accélérée et rémunérée en construction. Le ministre du Travail, Jean Boulet, a indiqué en entrevue avec La presse qu’il n’y aura pas de nouvelles cohortes en 2025.

Karl Rettino Parazelli

Collaboration spéciale

Moins d’un quart du budget prévu pour ces formations rémunérées à 750 dollars par semaine a été dépensé jusqu’à présent et le nombre de nouveaux travailleurs sur les chantiers ne semble pas atteindre le niveau initialement espéré. Ces formations accélérées permettent d’obtenir des attestations d’études professionnelles (AEP).

«Il n’est pas envisagé qu’il y ait d’autres cohortes l’année prochaine», a indiqué le ministre du Travail, Jean Boulet, lors d’un entretien avec La presse. Il soutient que le programme « donne de bons résultats à ce jour », mais dit vouloir miser sur les diplômes d’études professionnelles (DEP) et l’alternance travail-études.

La « Construction Training Offensive » devait permettre de former 4 000 à 5 000 personnes supplémentaires en menuiserie, conduite d’engins de chantier, ferblanterie et réfrigération.

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PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE ARCHIVES

Quebec Labor Minister Jean Boulet

Les personnes qui suivent ces formations ne sont toutefois pas tenues de travailler sur des chantiers de construction, ce qui a été critiqué par les syndicats et les partis d’opposition au Québec. Certains diplômés ont également déclaré avoir eu de la difficulté à trouver un emploi parce que les employeurs privilégient les titulaires du DEP, ce que confirme le Conseil provincial des métiers de la construction du Québec.

Des résultats mitigés

A l’issue de la première phase du programme débutée en janvier 2024, 72% des 3.854 personnes inscrites ont obtenu leur diplôme. De ces diplômés, environ la moitié (1 356 au 15 octobre) ont obtenu leur certificat de compétence de la Commission de la construction du Québec (CCQ) et travaillent sur des chantiers de construction.

Pour les autres diplômés, impossible de savoir ce qu’ils ont décidé de faire. Le ministre Jean Boulet espère qu’ils réaliseront des travaux « non assujettis » qui ne nécessitent pas de carte CCQ – par exemple, des rénovations résidentielles effectuées par un menuisier.

Sur les 261 millions sur deux ans prévus dans le point économique de l’automne 2023 pour lancer l’Offensive de Formation en Construction, 59 millions (au 1est novembre) ont été versés en soutien financier aux personnes ayant suivi l’une ou l’autre des quatre formations, indique un porte-parole du ministère de l’Enseignement supérieur.

Le nombre de diplômés et de détenteurs de cartes CCQ ainsi que l’argent dépensé sont « évolutifs », souligne M. Boulet, puisque 2 038 personnes sont inscrites à l’AEP en menuiserie et menuiserie dans le cadre de la deuxième phase du programme, qui se poursuit.

« Un échec »

« Ce programme est un échec. L’argent des contribuables a été investi dans la formation sans savoir si les étudiants iraient réellement sur les chantiers de construction pour travailler », a déclaré le porte-parole syndical de l’opposition officielle, le libéral Madwa-Nika Cadet.

« Les étudiants se disaient : ‘Je vais pouvoir être payé pour rénover le cabanon de mon jardin’ », ajoute-t-elle.

«C’était une mauvaise idée au fond», réagit le porte-parole de Québec solidaire en matière de travail, Alexandre Leduc. Je reste stupéfait que le gouvernement n’ait pas mis fin plus tôt à ce gaspillage ridicule. »

Le président du Conseil provincial des métiers de la construction du Québec, Michel Trépanier, qui représente les travailleurs d’une trentaine de métiers de la construction, estime également que ce programme de formation accélérée était « une fausse bonne idée » et que son interruption est une « bonne nouvelle ».

Il soutient que la formation de courte durée menant aux AEP a attiré des personnes qui n’avaient pas nécessairement l’intention de travailler dans le domaine de la construction, tout en diminuant l’attrait des programmes DEP. « C’est rassurant si les DEP deviennent la priorité », dit-il.

Quant à l’Association québécoise de la construction, qui représente les entrepreneurs, son porte-parole Félix Rhéaume n’est pas surpris d’apprendre que la formation ne sera pas renouvelée en 2025, étant donné que le programme était ponctuel.

Il reconnaît que certains entrepreneurs préfèrent un titulaire du DEP, mais ajoute que plusieurs autres sont « très satisfaits » des employés ayant complété une des formations accélérées. « Nous pensons que c’est une avenue intéressante qui a porté ses fruits », dit-il. Il s’agit d’un pas dans la bonne direction pour les quatre professions ciblées. »

 
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