Laurence Garnier, la secrétaire d’État chargée de la Consommation, a annoncé lundi vouloir céder le magazine à un groupe privé. Mais en mai dernier, Bercy a mis en place un plan pour relancer le titre.
Par Étienne Labrunie
Publié le 19 novembre 2024 à 14h36
VVendredi 15 novembre, l’étonnement s’est emparé des représentants du personnel de 60 millions de consommateurs. Ils viennent d’apprendre par Laurence Garnier, la secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie, des Finances et de l’Industrie, chargée de la consommation, que leur journal serait enfin à vendre. Une annonce rendue publique lundi. « La pérennité du titre nécessite un acheteur professionnel et expert du secteur, capable notamment d’investir dans le digital et de piloter une nouvelle stratégie marketing et commerciale », » a communiqué le cabinet de Laurence Garnier.
Coup de tonnerre et Trafalgar pour les salariés qui comptaient négocier un plan de redressement et de transformation, accompagné d’investissements (3,2 millions d’euros), conformément à l’accord obtenu en mai dernier avec Olivia Grégoire, leur précédente interlocutrice à Bercy. “Ce plan a été adopté à l’unanimité par le conseil d’administration en septembre”, confient les représentants du personnel toujours abasourdis. Dans un communiqué, Olivia Grégoire s’est émue de cette décision : « Je regrette amèrement que l’arbitrage que j’ai pu obtenir n’ait pas été maintenu. » Elle s’adressa à elle “Pensées aux collaborateurs de l’INC, ainsi qu’aux consommateurs qu’ils se sont toujours efforcés d’informer au mieux”.
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A l’étonnement s’ajoute l’incompréhension puisque, lors d’un premier entretien le 30 octobre, Laurence Garnier avait demandé du temps. « à examiner attentivement la situation ». Quinze jours plus tard, « eElle annonce le projet de vente du journal, sans apporter de réponse aux élus sur les conditions de vente, le sort du personnel et les conséquences pour l’INC, pour les consommateurs et les associations de consommateurs. les employés sont offensés.
L’annonce et son timing sont d’autant plus surprenants que le personnel se mobilisait depuis plusieurs mois pour proposer un plan de secours crédible. « Sauvons 60 millions de consommateurs », » a-t-il proclamé dans un appel en mars pour dénoncer les réductions des subventions (réduire de moitié en cinq ans). Le journal dédié à la défense des consommateurs, sans publicité, a également subi un plan social en 2021 (onze départs). Créée en 1970, elle était liée à l’Institut national de la consommation (INC), un établissement public fondé en 1966 et chargé de fournir une bonne information aux consommateurs. Pour ce faire, les ingénieurs INC multiplient les tests comparatifs de produits et services dont 60 millions, qui emploie une cinquantaine de personnes, fait écho.
Un plan de diversification des activités
Mais la chute des ventes (76 000 exemplaires en 2024 contre 140 000 en 2019) a creusé le déficit du magazine. Un audit réalisé par le ministère de l’Économie et des Finances l’estimait entre six et dix millions d’euros fin 2023. Pour y remédier, les salariés ont proposé un scénario travaillé avec l’association Un bout des médias (dirigée par l’économiste Julia Cage). Leur proposition : diversifier les activités de la marque 60 Millions de consommateurs avec des missions pédagogiques (dans la continuité du lancement de leur magazine junior) et la multiplication des partenariats pour des études et enquêtes approfondies. Le tout avec le soutien de treize associations de consommateurs agréées. « Nous proposons notamment de lancer une newsletter hebdomadaire d’actualité juridique et législative pour répondre à un besoin des consommateurs », confié en mars à télérama Lionel Maugain, délégué syndical.
Une mission d’information d’intérêt général et de défense des consommateurs que le gouvernement n’a pas jugée suffisamment rentable. “Le titre est confronté à des difficultés majeures et à un déficit persistant depuis sept ans, qui a épuisé sa trésorerie, a justifié le cabinet de Laurence Garnier, Ce changement de statut du magazine contribuera également à optimiser l’utilisation des fonds publics. » Une coupure nette à une époque d’épargne extrême, malgré sa signification symbolique négative. « Le premier secrétaire d’État exclusivement dédié à la consommation sonnera-t-il le glas de l’Institut national de la consommation ? Que deviendra 60 millions de consommateurs sans ingénieurs, avocats, économistes… Tous ces corps de métier qui travaillent pour le journal depuis longtemps ? Que deviendra l’INC sans ses principaux médias ? » » ont répondu les représentants du personnel. Ces derniers font appel à Michel Barnier et réclament un retour au plan de sauvegarde proposé par Olivia Grégoire.
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