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A l’heure de la COP 29, comment décarboner l’industrie textile

Imaginez d’énormes robots qui se nourrissent de balles de textiles usagés, au milieu du bruit des machines. L’usine RE&UP, filiale du groupe Sanko, a développé un procédé révolutionnaire de recyclage des vieux vêtements et déchets textiles. Mahmoud Bayram est ingénieur industriel : «Cette ligne est spécialement configurée pour recycler tous types de déchets textilesil explique. Qu’il s’agisse de textiles usagés, de vêtements déjà portés ou d’invendus. On commence par les couper en morceaux pour ouvrir les fibres, on élimine ensuite les parties solides, non textiles, puis on humidifie pour éviter que les fibres ne se cassent. Dans les étapes finales, nous pouvons décolorer, séparer le polyester du coton et faire sortir du coton vierge de notre usine de Gaziantep.

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Balles de textiles recyclés à l’usine RE&UP de Gaziantep
© Radio- – Marie-Pierre Vérot

Dans le grand hangar attenant, d’énormes tas de textiles déjà traités, plusieurs centaines de tonnes, s’élèvent en rangées serrées. Ce coton vierge sera ensuite transformé en énormes bobines de fil et à nouveau tissé, ce que se félicite Ibrahim Uyanik, responsable de l’usine : « Nous avons ici, dit-il, des balles de mélange polyester-coton et de pur coton. Nous allons les traiter pour les transformer en fil. Vous savez que la production de coton diminue partout dans le monde. Nous donnons ici une seconde vie aux textiles. Nous le réinjectons dans l’économie, toujours dans le souci de préserver l’environnement.

100 millions de tonnes de déchets

L’enjeu est de taille puisque des dizaines de millions de tonnes de textiles non recyclés finissent dans les décharges ou les incinérateurs. La grande majorité sont des textiles mixtes, coton polyester. Özde Demirturk est le directeur de la finance durable du groupe Sanko : «Aujourd’hui, l’industrie textile produit 100 millions de tonnes de déchets et seulement 1% est recyclé, se lamente-t-elle. Parce que l’industrie du recyclage est confrontée à des difficultés dans le traitement des textiles colorés et des textiles mixtes. Ce qui est unique dans notre procédé, c’est que nous pouvons blanchir les fibres et séparer le coton du polyester tout en préservant la qualité du coton. Ce qui n’existe pas ailleurs. Et cela garantit la durabilité du coton et redonne de la valeur à ce qui était un déchet.

Une fibre plus durable alors que la production mondiale de coton diminue alors que la demande augmente. L’ensemble du cycle se veut vertueux. Par exemple, le processus de blanchiment n’utilise aucun produit chimique. Le recyclage émet 85% de CO2 en moins que la production traditionnelle de coton et permet d’économiser 95% d’eau qui est ici utilisée en circuit fermé.

L’industrie textile est responsable de 10% des émissions de CO2

Cette démarche a séduit Proparco. Cette filiale de l’agence française de développement qui soutient les initiatives vertueuses environnementales du secteur privé a débloqué une ligne de financement de quelque 70 millions d’euros, c’est l’une de ses plus grosses opérations dans la région. Stéphane Froissardey est le réalisateur d’Eurasie. Il s’agit, explique-t-il, d’aider le secteur à monter en puissance : «Nous constatons une demande croissante de la part des fabricants de textiles d’utiliser des matières premières plus durables, donc recyclables, dans leur nouveau processus de production, et sans doute aussi de la part des consommateurs. Sanko est le premier producteur textile de fils de coton en Turquie et l’un des principaux en Europe. Ce sont donc eux qui connaissent les processus industriels et sont à la pointe de la technologie dans le domaine textile. Le textile est une industrie très polluante. C’est l’un des principaux émetteurs de gaz à effet de serre. Environ 10 % des émissions de gaz à effet de serre proviennent de la production textile. Il est donc très important, si notre objectif est de lutter contre le réchauffement climatique, de s’attaquer au problème à la Source.

L’usine prévoit de recycler quelque 200 000 tonnes de déchets textiles par an d’ici fin 2025. Et un million de tonnes d’ici 2030 avec la construction d’une usine similaire en Europe, en Espagne. C’est encore une goutte d’eau, mais on sait qu’ils finissent par former de grandes rivières.

 
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