Dans la région genevoise, élus et frontaliers s’insurgent contre les propositions « discriminatoires » visant à réduire les indemnités de chômage des frontaliers travaillant en Suisse, certaines associations étant prêtes à saisir la justice.
13.11.2024, 11:5714.11.2024, 15:23
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« La frontière est chérie à certaines époques, mais jalouse et vilipendée à d’autres. C’est un bouc émissaire», déclare Thomas Fischer, président du European Cross-Border Group, qui compte 25 000 membres.
Or, les salaires des frontaliers soutiennent l’économie de plusieurs régions françaises, a-t-il déclaré à l’AFP au siège de l’association à Annemasse (Haute-Savoie).
Au cœur des discussions, la négociation sur l’assurance chômage entre patronat et syndicats qui doit se conclure jeudi. Le gouvernement leur demande de trouver 400 millions d’euros supplémentaires par rapport à l’accord conclu l’année dernière. Une piste concerne le système d’indemnisation des bénéficiaires transfrontaliers. Cela représente un surcoût d’environ 800 millions d’euros par an pour l’assurance chômage, selon l’Unédic.
Les règles européennes prévoient qu’ils cotisent dans le pays d’emploi mais perçoivent une compensation calculée sur la base de leur salaire, souvent plus élevée qu’en France, notamment pour ceux qui ont travaillé en Suisse et au Luxembourg. Une proposition serait d’appliquer un coefficient pour tenir compte de la différence de niveau de vie entre le pays de travail et la France. Et la ministre du Travail Astrid Panosyan-Bouvet a indiqué vouloir redéfinir la notion d’« offre d’emploi raisonnable » pour les frontaliers.
Plus favorable de vivre en Suisse?
L’Unédic, dans un document interne fin octobre, notait cependant que le principe d’un coefficient “pourrait être considéré comme non conforme au cadre légal actuel et nécessiter sa modification préalable”. Les associations de travailleurs frontaliers dénoncent des mesures « discriminatoires ». “Nous sommes prêts à saisir la justice”, a déclaré à l’AFP Pierre Fleury, responsable de l’Amicale des Frontières, une association basée à Morteau (Doubs) qui revendique 11.000 adhérents.
L’un de leurs membres, un trentenaire travaillant dans le marketing à Genève et souhaitant garder l’anonymat, dénonce une injustice.
« La France cherche à résorber son incapacité à gérer le chômage grâce aux travailleurs frontaliers. »
Avec son mari, frontalier également, ils consultent l’association “pour savoir si finalement ce n’est pas mieux de vivre” en Suisse, a-t-elle expliqué à l’AFP. Un projet auquel le couple réfléchissait déjà mais dont les discussions sur l’indemnisation du chômage se sont « accélérées ».
Les frontaliers sont « inquiets » et ceux qui sont au chômage ont désormais « un sentiment de honte » : « Ils ont l’impression de voler quelque chose à la France », déplore Ibrahima Diao, avocat de l’Association des frontaliers de Gaillard. , près de Genève.
Le règlement européen prévoit une compensation financière entre États : le versement par le pays d’emploi de trois à cinq mois d’allocations de chômage au pays de résidence. Un montant jugé par tous insuffisant compte tenu du nombre croissant de frontaliers résidant en France et travaillant en Suisse.
Dialoguer avec le Confédération
Fin septembre, un peu plus de la moitié (57,4%) des 403’000 frontaliers travaillant en Suisse étaient domiciliés en France, soit 231’456 personnes, un chiffre qui a doublé depuis 2007. Les associations de frontaliers affirment cela fait des années que nous tirons la sonnette d’alarme.
En 2019, les États ont trouvé un accord pour que les frontaliers au chômage soient pris en charge par le pays où ils travaillent.
«Au moment du vote au Parlement européen, plusieurs y ont opposé leur veto», explique la responsable du centre transfrontalier de la Fédération des entreprises romandes, Guylaine Riondel-Besson, à Genève. Le règlement européen prévoit que dans le cadre d’un accord bilatéral, la France peut demander une indemnisation plus élevée à la Suisse.
« Il faut arrêter de frapper les frontaliers, c’est aux Etats d’en discuter entre eux »
Un appel à négocier avec Berne également lancé par les associations ainsi que par des députés et sénateurs de Haute-Savoie, qui ont adressé un courrier à la ministre du Travail.
“Aujourd’hui, l’Etat français est dans une situation financière difficile” mais “il ne faut pas stigmatiser” les frontaliers, ajoute le maire de Vulbens, Florent Benoit, président de la Communauté de communes du Genevois, regroupant 17 communes du Genevois. Haute Savoie. “Il n’appartient pas à la France d’assurer le modèle social suisse”, a-t-il déclaré, appelant à un “dialogue courtois mais ferme” avec Berne. (at)
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Source : sda / cristobal herrera-ulashkevich
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