Le Bitcoin, qui vient de franchir le seuil des 90 000 dollars, est la plus célèbre des cryptomonnaies, mais elle est entourée de mystère et sa réputation reste sulfureuse (AFP / Ozan KOSE)
Le Bitcoin, qui vient de franchir le seuil des 90 000 dollars, est la plus célèbre des cryptomonnaies, mais elle est entourée de mystère et sa réputation reste trouble.
Créateur mystérieux
Plus de quinze ans après son invention, la paternité du bitcoin reste controversée.
Les principes de cette monnaie virtuelle ont été dévoilés le 31 octobre 2008 dans le « Livre blanc », un document de neuf pages signé par un certain Satoshi Nakamoto.
Il théorise que « effectuer des paiements en ligne directement d’un tiers à un autre éviterait de passer par une institution financière ».
Graphique montrant l’évolution du prix du bitcoin en fin de séance depuis 2020. Le 13 novembre 2024, il a dépassé le seuil symbolique des 90 000 dollars lors de la séance (AFP / Sabrina BLANCHARD)
Et de s’affranchir des banques centrales, traditionnellement seules autorisées à créer de la monnaie.
Qui était Satoshi ? S’agit-il d’un vrai nom ou du pseudonyme d’un ou plusieurs individus ? Diverses hypothèses ont été avancées au fil des années mais le mystère reste entier.
Craig Wright, informaticien et entrepreneur australien, prétend être l’inventeur du bitcoin.
Mais cette affirmation a été mise à mal : en mars, un juge britannique a jugé que l’Australien n’était pas le créateur de la célèbre cryptomonnaie, citant des « preuves accablantes » contre lui à l’issue d’un procès. opposant à une association sectorielle.
Des scandales à répétition
Depuis sa création, le bitcoin suscite des critiques car c’est la monnaie de prédilection pour payer sur le « darknet », un réseau parallèle qui garantit l’anonymat, sans laisser de trace. Régulièrement accusé d’être utilisé pour blanchir de l’argent criminel, il permet également d’extorquer des fonds via des attaques de ransomwares, des virus qui bloquent l’accès aux systèmes informatiques des victimes en échange du paiement d’une rançon.
Selon un rapport du cabinet d’analyse Chainanalysis, au premier semestre 2024, 460 millions de dollars ont été payés pour ce ransomware, un chiffre en hausse de 2 % sur un an.
Changpeng Zhao, patron de Binance, devant le tribunal fédéral de Seattle, dans l’État de Washington, le 30 avril 2024 (AFP / Jason Redmond)
Cela ajoute à la réputation de volatilité du secteur des cryptomonnaies, ébranlé ces dernières années par la chute de plusieurs entrepreneurs vedettes et des faillites très médiatisées.
Fin avril, Changpeng Zhao, qui dirigeait Binance, la plus grande plateforme de cryptomonnaies au monde, a été condamné à quatre mois de prison pour blanchiment d’argent par un tribunal de San Francisco. Selon l’enquête des autorités américaines, Binance n’avait pas mis en place les mesures nécessaires pour empêcher les transactions réalisées au profit de groupes comme l’État islamique, Al-Qaïda ou la branche armée du Hamas palestinien.
Son plus grand rival, FTX, a fait faillite fin 2022, et son co-fondateur et principal actionnaire, Sam Bankman-Fried, a été condamné en mars à 25 ans de prison pour fraude et association de malfaiteurs.
Des gages de respectabilité
Bien que de nombreux investisseurs dans le bitcoin le soient à des fins spéculatives, la cryptomonnaie a reçu des signes de respectabilité ces dernières années.
Le régulateur financier américain a même approuvé en janvier un nouveau type d’investissement, indexé sur le bitcoin, qui permet à un public plus large d’investir indirectement dans la cryptomonnaie, sans avoir à la détenir directement. Cette décision a largement contribué à la flambée des prix.
Un monument dédié au bitcoin à Bitcoin Square à San Salvador, le 4 septembre 2024 au Salvador (AFP / Marvin RECINOS)
En septembre 2021, El Salvador a été le premier pays au monde à l’adopter comme l’une de ses monnaies légales. Mais la cryptomonnaie n’a pas convaincu la population : selon une enquête de l’Université d’Amérique centrale (UCA), 88 % des Salvadoriens ne l’ont pas utilisée dans leurs transactions en 2023.
Certains commerçants ont d’ailleurs annoncé qu’ils l’accepteraient comme moyen de paiement, à l’image du milliardaire Elon Musk qui déclarait en 2021 qu’il était possible d’acheter des voitures Tesla avec des bitcoins – avant de faire volte-face.
Le retour de Donald Trump à la Maison Blanche pourrait accélérer la tendance à la normalisation. Le républicain s’est en effet engagé lors de sa campagne électorale à faire des Etats-Unis « la capitale mondiale du bitcoin et des cryptomonnaies », quand le président démocrate Joe Biden était favorable à une plus grande régulation du secteur.
Une opération particulière
Bitcoin est basé sur la technologie blockchain, un registre virtuel qui permet de stocker et d’échanger des informations de manière sécurisée, fiable et non modifiable. Chaque transaction est enregistrée en temps réel, dans un registre infalsifiable.
Des racks de « minage » de Bitcoin dans un entrepôt à Rockdale, Texas, le 10 octobre 2021 (AFP/Mark Felix)
Le Bitcoin est créé – ou « extrait » – en guise de récompense lorsque des ordinateurs puissants, et donc énergivores, résolvent des problèmes complexes.
Les « mineurs » sont ceux qui contribuent à la création de blockchains en validant les transactions.
Pour éviter une explosion incontrôlée, Satoshi Nakamoto a limité le nombre maximum d’unités Bitcoin pouvant exister dans le monde à 21 millions (un niveau qui devrait être atteint vers 2140).
Et environ tous les quatre ans, le « halving », un événement technique qui réduit l’offre de nouveaux bitcoins, a lieu en réduisant de moitié la récompense en bitcoins accordée aux utilisateurs (ou « mineurs ») pour l’exploitation de cette monnaie numérique.
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