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La première usine suisse de recyclage de voitures électriques a ouvert ses portes près de Soleure

Un tiers des voitures neuves immatriculées en Suisse l’année dernière étaient électriques, selon les chiffres du TCS. Librec, la première usine de recyclage de voitures électriques, a ouvert ses portes près de Soleure. Elle pourra traiter jusqu’à 10 000 tonnes de déchets par an, pour une gestion durable des matériaux en fin de vie.

Tesla, Renault Zoé, Volkswagen ID, ces voitures électriques sont de plus en plus visibles sur les routes suisses. L’année dernière, une nouvelle voiture sur trois était électrique. Et au total, ils représentent un peu plus de 6 % de la flotte.

Les batteries de ces véhicules pourraient bien finir sur les transpalettes Librec.

“Pour le moment, les batteries qui arrivent au recyclage proviennent principalement de la production, ce sont des rebuts de production”, explique Jodok Reinhardt, directeur et fondateur de Librec. “Sinon, il y a aussi quelques retours de produits défectueux et déjà certaines batteries en fin de vie.”

>> Lire aussi : Le recyclage des batteries des voitures électriques est encore trop négligé

Énergie verte

Une fois les batteries récupérées par Librec, elles sont d’abord déchargées. « Cela se déroule dans douze salles faites de briques et de béton massif. Toute l’électricité récupérée est mise en production. Librec utilise uniquement de l’énergie verte.

Pourquoi avez-vous souhaité créer une entreprise de ce type en Suisse ? «Si la Suisse continue d’électrifier son parc automobile, jusqu’à un quart des véhicules, cela ferait un million de voitures transportant 400’000 tonnes de batteries. Ici, nous pouvons traiter jusqu’à 10 000 tonnes par an. Même si nous arrivons à ce chiffre, nos capacités restent insuffisantes», explique-t-il. Autrement dit, il existe un réel besoin.

Dans le hall voisin, par différents procédés mécaniques, les batteries sont réduites en miettes et les matériaux triés. Dans une boîte, du cuivre, dans une autre, de l’aluminium.

« Et là, on peut voir la fameuse « masse noire », une poudre noire composée de nickel, de cobalt et de lithium, à 25 % chacun. Elle a une grande valeur, car la tonne se vend entre 3 000 et 4 000 euros.

Cette poudre est vendue en Corée du Sud, car l’Europe ne dispose pas encore de capacités suffisantes pour l’exploiter. En effet, si ces dernières années le nombre de véhicules électriques a explosé, en 2024, les ventes stagneront. L’Union européenne, qui avait prévu d’interdire les moteurs thermiques pour les nouvelles immatriculations à partir de 2035, envisage même d’assouplir cette mesure. Un climat politique incertain, mais qui n’inquiète pas Jodok Reinhardt.

« Nous concevons des infrastructures depuis 20 à 30 ans. Et en tant que recycleurs, nous sommes en contact étroit avec les producteurs de batteries et d’automobiles. Pour eux, c’est très clair : il n’y aura pas de retour en arrière, même en Europe. La question est de savoir à quelle vitesse ce changement aura lieu.

Parier sur le recyclage : un pari fou

Tout miser sur le recyclage est un pari qui pourrait s’avérer réussi grâce à un autre facteur, comme l’explique Roland Hischier, chef de groupe à l’EMPA, le laboratoire fédéral de recherche sur les matériaux.

« Pour les métaux que nous utilisons dans les batteries, nous ne disposons pas de ressources illimitées. Donc, je pense que c’est le prix qui guidera l’industrie. Le prix des matières premières les plus rares augmentera et le recyclage deviendra ainsi plus intéressant économiquement.»

Une tendance de long terme qui pourrait donner raison à Librec. Selon un rapport de la Confédération, les revenus du recyclage devraient dépasser ceux du secteur minier d’ici 2060. Quant au Librec, il prévoit déjà l’ouverture de futurs sites dans les années à venir.

Joëlle Cachin/fgn

 
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