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Économie circulaire | Une sorte de « Tinder » de déchets

C’est peu connu, mais des centaines d’experts d’Investissement Québec travaillent à mettre en œuvre des pratiques liées à l’économie circulaire. Malheureusement, trop peu d’entreprises ont emboîté le pas. Comment changer la donne ? Le point avec Nicolas Turgeon, directeur de la productivité durable à Investissement Québec.

Julie Roy

Collaboration spéciale

Le Québec est-il un bon élève en matière de valorisation des déchets ?

Non, nous ne sommes pas très bons dans ce domaine. C’est l’indice de circularité qui est pris en compte dans la comparaison des différents pays. Au Québec, notre indice est de 3,5 %. Au niveau mondial, ce pourcentage est de 7,5%, et les Pays-Bas sont champions avec un indice de 24,5%. Cela signifie que la majorité des ressources que nous utilisons pour satisfaire nos besoins ne sont pas intégrées dans une économie circulaire.

Comment convaincre les entreprises de recycler leurs matières résiduelles ?

Lorsque nos gens visitent les entreprises, ils interrogent les entrepreneurs sur les coûts liés à la gestion de leurs matières résiduelles. Souvent, ils calculent uniquement le coût de leur élimination, mais ils oublient qu’il s’agit de matières premières qu’ils ont payées et de tous les coûts de production encourus. Une entreprise du secteur manufacturier pensait gagner de l’argent avec ses déchets métalliques en les vendant 200 000 $, pour se rendre compte qu’en fait, leur production leur coûtait 1 million de dollars. Le défi est de faire prendre conscience aux entrepreneurs du coût réel de leurs déchets.

Quelle est la première étape pour démarrer le processus d’évaluation ?

La première étape consiste à réduire les déchets à la Source. L’automatisation peut aider en ce sens. Ensuite, pour les matériaux restants, il faut les caractériser. Connaître les quantités, leur composition, leur qualité et leur localisation. En moins de deux semaines, cela peut être réalisé et il existe le fonds Ecoleader qui peut aider à couvrir une partie des coûts de cette étape.

Puis on passe à l’accompagnement. Notre réseau est mis en mouvement pour créer des liens entre fournisseurs et acheteurs. C’est ce que nous appelons la business intelligence. En gros, nous faisons du trash Tinder. Les entreprises fournissent des matières résiduelles à d’autres entrepreneurs qui les utiliseront pour fabriquer d’autres produits et, oui, il y en a qui gagnent de l’argent avec ce type de modèle d’affaires.

Avez-vous des histoires de réussite en matière de rétablissement ?

Nous avons, entre autres, soutenu Morehouse Foods. Il s’agit d’une entreprise familiale fondée en 1898. Elle a récemment relocalisé sa production dans une nouvelle usine située à Laval pour sa fabrication de condiments, dont des moutardes fines et de spécialité. À l’été 2024, nos experts ont identifié pas moins de 13 nouvelles filières potentielles de valorisation des résidus industriels de grains de moutarde réparties dans cinq filières (agricole, cosmétique, industrie chimique, valorisation énergétique, biométhanisation). Sur les dix entreprises contactées, quatre ont manifesté leur intérêt pour ce sujet.

Il y a aussi Olofée, une entreprise de Saint-Félicien spécialisée dans la culture et la transformation de l’avoine à grande échelle. En 2024, après avoir caractérisé ses résidus industriels, des conseillers experts en innovation ont identifié neuf nouvelles voies potentielles de valorisation réparties dans quatre secteurs (alimentation, agriculture, matériaux avancés, valorisation énergétique). Sur près d’une cinquantaine d’entreprises contactées, dix se sont montrées intéressées à utiliser et à valoriser ce matériel.

Que faire des matériaux non recyclables ?

Je fais partie de ceux qui pensent qu’il y a toujours quelque chose à faire. Pour les matières organiques, nous avons notre usine pilote d’extraction à Investissement Québec. Nous partons du principe que tout résidu agroalimentaire a un potentiel de valorisation par extraction. Le mandat du laboratoire est d’identifier des molécules à valeur ajoutée, comme des sucres, des huiles ou des antioxydants, qui pourraient être utilisées dans d’autres produits. Les possibilités sont infinies ; il vous suffit de faire quelques recherches.

 
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