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Deux à trois fois plus cher pour un trajet en bus scolaire

« Il y a quelques années, il en coûtait 150 $ pour louer un autobus à la journée pour faire une activité en ville. Aujourd’hui, c’est entre 300 et 400 dollars pour la même chose. Il y a un impact sur les sorties que parviennent à faire les écoles», affirme Donald Landry, directeur du secrétariat général au Centre de services scolaire de la région de Sherbrooke (CSSRS).

Plusieurs raisons peuvent expliquer la hausse des coûts, selon la Fédération des transporteurs par bus. Premièrement, « nous nous retrouvons aujourd’hui avec des flottes de bus vieillissantes. Nous avons aussi des enjeux concernant l’électrification des autobus scolaires», explique son président-directeur général, Luc Lafrance.

Sans oublier que des chauffeurs bénévoles sont nécessaires pour faire des heures supplémentaires. « La pénurie de chauffeurs nous a également fait du mal. Nous avons même eu plusieurs pannes de service sur les lignes régulières en raison de la pénurie», a déclaré M. Lafrance, ajoutant que «ça va un peu mieux» cette année.

Les bus scolaires permettent également aux élèves de réaliser des sorties culturelles et sportives en journée. (Archives/Le Nouvelliste)

Sorties culturelles et sportives

Les déplacements en bus sont courants dans les écoles primaires et secondaires, que ce soit pour des sorties culturelles, sportives, ou pour les traditionnelles sorties de fin d’année.

Face à la difficulté de trouver un bus abordable pour leurs sorties, les écoles n’ont d’autre choix que de se rabattre sur le plan P, comme les parents.

« Les écoles demandent aux parents de transporter les enfants aux activités. Ce n’est pas très efficace de mobiliser une armée de parents pour organiser une sortie au musée ou au théâtre.»

— Donald Landry, directeur du secrétariat général du CSSRS

De plus en plus d’enseignants privilégieront plutôt un « apport éducatif » plutôt qu’un « résultat éducatif ». « Par exemple, au lieu d’aller dans un musée, ils inviteront un auteur. La qualité est la même, mais l’expérience est différente. Cependant, il est important que les enfants puissent avoir accès à ce type de sorties dès l’école», affirme Mélanie Laviolette, présidente de la Fédération des comités de parents du Québec.

Les institutions culturelles misent également sur les sorties pédagogiques pour assurer le succès de leur événement. « L’an dernier, ce n’est pas le coût, mais la disponibilité des chauffeurs et des autobus qui a été le principal facteur dans l’annulation de plusieurs groupes en visite scolaire au Salon du livre de l’Outaouais », explique le directeur. de l’événement, Mélanie Rivest.

Paiements de 5$ à 10$ par mois pour les parents

Au niveau primaire, les traditionnelles sorties de fin d’année deviennent également de plus en plus coûteuses. Cette fois, les écoles n’ont d’autre choix que de demander aux parents de contribuer financièrement. Certains vont jusqu’à proposer aux parents d’étaler les paiements sur toute l’année scolaire, par tranches de 5 à 10 dollars par mois, afin que tous les enfants puissent participer.

Quel est le montant équitable que les écoles peuvent facturer aux parents ? La frontière est mince pour que le montant soit acceptable pour toutes les familles, observe Mme Laviolette.

« La sortie de fin d’année, c’est LA sortie de l’année, poursuit-elle. C’est un grand moment, très attendu.»

— Mélanie Laviolette, présidente de la Fédération des comités de parents du Québec

« Heureusement, les activités sont planifiées à l’avance, ce qui permettra de réduire les coûts et de trouver des bus », poursuit-elle. Mais il faut faire attention : tous les parents ne sont pas en mesure de donner 60 $ de plus pour une journée à La Ronde, en plus des repas et autres frais d’entrée pour la journée.

Les entreprises de transport scolaire sont tenues d’acheter des véhicules électriques depuis octobre 2021. (Patrick Woodbury/Le Droit)

14% du parc de bus scolaires

La réglementation concernant l’électrification du transport scolaire cause également des maux de tête aux transporteurs scolaires.

Les entreprises sont en effet tenues d’acheter des véhicules électriques depuis octobre 2021. L’objectif est que 65 % de la flotte soit électrique d’ici 2030, et qu’elle soit entièrement électrique en 2035. Le ministère des Transports du Québec (MTQ) prévoit payer 230 millions d’ici 2029, afin d’accompagner les transporteurs dans leurs achats de bus électriques et de bornes de recharge.

Il y a actuellement 1 500 autobus scolaires électriques en circulation, soit 14 % du parc de la province.

«La distribution d’autobus scolaires électriques est assez répandue sur le territoire», souligne Louis-André Bertrand, porte-parole du MTQ. Des régions comme l’Abitibi-Témiscamingue, le Bas-Saint-Laurent et la Mauricie ont des taux d’électrification équivalents à des régions plus urbaines, dont Montréal, Laval et la Montérégie.

Toutefois, ces bus électriques sont bien plus chers que les véhicules conventionnels.

Un bus diesel coûte environ 135 000 dollars. Un autobus électrique coûte 400 000 $, moins une subvention de 150 000 $ du Québec. L’entreprise doit donc débourser 250 000 $ pour chaque véhicule.

«À cela, il faut ajouter les coûts des bornes, des nouvelles installations dans les garages, en plus des réparations qui sont beaucoup plus coûteuses et compliquées», explique Luc Lafrance, de la Fédération des transporteurs par autobus.

Un bus électrique avec 200 km d’autonomie

Les bus électriques actuels avoir une autonomie de 200 km « dans des conditions optimales ».

En revanche, « on peut perdre un tiers de l’autonomie de la batterie quand c’est l’hiver, en milieu rural, quand les circuits sont plus longs, en terrain montagneux, etc. », souligne M. Lafrance.

Les bus électriques coûtent beaucoup plus cher à l’achat que les véhicules conventionnels. (Etienne Ranger/Le Droit)

Les bus doivent donc être chargés pendant la journée entre les trajets réguliers du matin et du soir, depuis des bornes différentes de celles des véhicules personnels. Il est compliqué — voire impossible — de faire une longue sortie dans la journée, entre les transports du matin et du soir, constate M. Lafrance.

“C’est aussi beaucoup plus compliqué lorsqu’il y a une panne sur un bus électrique”, ajoute-t-il. Avant, la réparation pouvait se faire en quelques heures, au pire quelques jours. Là-bas, nous avons très peu d’électromécaniciens, donc on peut perdre le véhicule pendant plusieurs jours, voire quelques semaines.

De son côté, le MTQ se dit « sensible à la question de l’autonomie des autobus scolaires électriques, qui est une Source d’inquiétude pour plusieurs transporteurs », notamment dans les régions éloignées situées au nord de la province.

« L’autonomie des autobus scolaires disponibles sur le marché est suffisante pour la majorité des circuits scolaires actuels », soutient Louis-André Bertrand du MTQ. De plus, la technologie évolue rapidement.

 
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