Pouvez-vous faire le plein d’énergie à la maison ? C’est l’un des gros avantages du véhicule électrique par rapport à son homologue thermique. Selon une enquête de l’institut Enedis pour BVA, en 2024, 86 % des recharges se feront à domicile. Beaucoup plus chères et moins pratiques à la fois, les bornes sur la voie publique sont donc loin d’avoir la cote. Mais cette situation menace également de créer un nouveau type de « fracture sociale ». Aujourd’hui, la possibilité de se brancher à domicile est en effet majoritairement réservée aux propriétaires de maisons individuelles, alors qu’un Français sur deux vit dans des immeubles collectifs. Selon le dernier baromètre trimestriel publié par l’Avere-France, l’AFOR et Enedis, moins de 12 % des bâtiments collectifs ont validé l’installation d’une infrastructure de recharge. On tombe même à moins de 4% si l’on se limite aux immeubles collectifs qui ont déjà réalisé l’installation. Il peut en effet y avoir un délai entre le moment où une copropriété décide d’une solution technique et le moment où un premier utilisateur d’une voiture électrique lancera des travaux pour faire installer une borne ou une prise sur son emplacement de stationnement.
Huit fois moins de bornes que sur la voie publique
Au total, il n’y aurait que 19 147 bornes de recharge installées dans les zones d’habitation collective. C’est 8,77 % de plus qu’au deuxième trimestre 2024, mais c’est près de huit fois moins que les bornes de recharge publiques et c’est une goutte d’eau dans l’océan à l’échelle des millions de Français potentiellement concernés. Ce chiffre ne prend toutefois en compte que les bornes de recharge installées par les opérateurs privés de l’AFOR (Association française des opérateurs de recharge). Il exclut donc les bâtiments qui ont préféré se raccorder au réseau public de distribution d’électricité. Mais cela illustre malgré tout bien le long chemin qui reste à parcourir dans ce domaine. Heureusement, l’État est conscient qu’il s’agit là d’un véritable frein au développement des véhicules électriques en France. Cette situation rend encore plus irréaliste sa prévision de voir ce type de motorisation atteindre 66 % des ventes de voitures neuves et 15 % du parc automobile d’ici 2030. Différentes mesures ont donc été mises en place au fil des années pour pouvoir corriger le tir.
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Aide garantie jusqu’à fin 2027
Un programme national, baptisé Advenir, propose donc deux types de primes pour couvrir une partie des frais d’installation : l’une pour l’infrastructure de recharge collective, l’autre pour la borne de recharge et son installation. Dans un contexte budgétaire tendu, qui menace le bonus écologique comme le leasing social, “cette aide est désormais disponible jusqu’à fin 2027”assure Clément Molizon, délégué général de l’Avere France. “Mais nous ne serons pas forcément obligés de venir frapper à notre porte en 2028 pour demander de l’argent.” Pour simplifier les choses, dans la plupart des cas, c’est l’exploitant ou l’installateur de l’infrastructure qui se charge des démarches administratives. Une filiale de la Caisse des Dépôts, baptisée Logivolt, s’est également spécialisée dans les solutions de financement de la recharge dans les immeubles collectifs. Entré en vigueur en 2019, le droit de prise, qui permettait à un propriétaire d’un véhicule électrique d’équiper sa place de stationnement sans avoir besoin de l’accord des autres copropriétaires, sous certaines conditions, n’est donc plus aussi nécessaire qu’avant. D’autant que les différents systèmes mis en place évitent généralement de faire supporter les frais d’installation par ceux qui ne se sentent pas concernés, afin d’optimiser les chances d’un vote favorable à l’assemblée générale.
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Des stationnements extérieurs qui compliquent les choses
L’aide apportée par l’État n’est pas seulement financière. Le site copro.jerouleenelectric.fr, édité par la société Avere, comprend également un « guide pour l’installation de bornes de recharge pour véhicules électriques et hybrides rechargeables dans les copropriétés ». Advenir propose même des formations pour aider les syndics de copropriété à mieux appréhender ce sujet encore récent pour eux. La situation s’améliore donc progressivement. Mais les projets d’infrastructures de recharge se retrouvent parfois en « concurrence » avec des projets bien plus coûteux jugés prioritaires, à commencer par la rénovation énergétique des bâtiments anciens. Ils peuvent alors se voir relégués au second plan ou différés. La question du stationnement extérieur, qui serait présent dans environ un tiers des copropriétés, reste également complexe. Les coûts d’installation d’une infrastructure de recharge sont en effet deux à trois fois plus élevés que ceux d’un parking souterrain. Même si une augmentation des aides pour ce type de structures doit entrer en vigueur très prochainement, il faudra sans doute encore un temps considérable avant de pouvoir faire le plein facilement de sa voiture électrique dans la majorité des bâtiments collectifs français.
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