L’Europe snobe les voitures électriques françaises

Les données de janvier à septembre 2024 sont claires : malgré un premier semestre très compliqué, la Tesla Model Y domine le marché européen avec 155 219 unités vendues (ou plutôt immatriculées pour être plus exact), suivie par la Model 3 avec 85 954 ventes. . Il faut descendre en 16ème position pour retrouver la première française, la Peugeot e-208, avec 30 159 unités.

Plus frappant encore : sur ces 30 159 e-208 vendus en Europe, 20 846 l’ont été en France, soit près de 70 % du total des immatriculations. Une concentration qui révèle une dépendance inquiétante au marché intérieur.

Europe vs France entre janvier et septembre 2024

Le marché français présente un visage radicalement différent. La Peugeot e-208 arrive en tête des ventes avec 20 846 unités, devant la Tesla Model Y (19 410) et la Renault Mégane E-Tech (14 259). Un patriotisme automobile qui ne traverse clairement pas les frontières.

Les chiffres sont implacables : Tesla écrase la concurrence en Europe avec 241 173 ventes cumulées pour ses Model Y et Model 3, soit près de 8 fois plus que la meilleure entreprise française, la Peugeot e-208 et ses 30 159 unités. Plus révélateur encore : alors que Tesla vend ses voitures de manière homogène sur le continent, les constructeurs français restent prisonniers de leur marché national. La e-208 en est le parfait exemple : 70 % de ses ventes européennes sont réalisées en France.

Cette concentration sur le marché intérieur révèle deux faiblesses. D’abord, une incapacité à attirer d’autres marchés européens, potentiellement liée à un positionnement produit trop « franco-français ».

Plus inquiétant encore : l’écart se creuse sur le segment premium. Quand Audi place son Q4 e-tron à la 4ème place européenne avec 51 400 ventes, aucun modèle électrique haut de gamme français ne figure dans le top 20. La DS 3 E-Tense et la Renault Mégane E-Tech peinent à exister face à avec des références allemandes.

Le véritable défi réside dans les économies d’échelle. En concentrant leurs ventes sur un seul marché, les constructeurs français se privent des volumes nécessaires pour négocier les meilleurs prix auprès des fournisseurs de batteries par exemple.

Un désavantage concurrentiel qui affecte les prix de vente et crée un cercle vicieux : des prix plus élevés limitent les ventes, qui limitent les économies d’échelle, qui maintiennent les prix élevés, etc.

L’arrivée de la Renault 5 électrique et de la petite Citroën ë-C3 suffira-t-elle à inverser la tendance ? Il faudra absolument que ces modèles fassent mouche au-delà des frontières françaises. Car la réalité est brutale : dans un marché électrique qui représente déjà plus de 20 % des ventes de véhicules neufs, rester cantonné au marché français n’est tout simplement pas une option viable à long terme.