Dans quelle mesure le système redistributif français réduit-il les inégalités ? Quel est le coût économique du changement climatique ? A ces questions qui imprègnent les débats économiques et politiques, l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) va désormais tenter d’apporter quelques réponses à travers des indicateurs « élargis » et des comptes dits « augmentés ». Une manière de donner une autre dimension, environnementale ou sociale, à la sécheresse des chiffres des comptabilités nationales.
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Signe de l’importance de ce projet pour l’Insee, son directeur général, Jean-Luc Tavernier, a tenu à présenter lui-même la démarche lors d’une conférence de presse mardi 5 novembre.
L’Insee, a expliqué M. Tavernier, s’est appuyé sur les conclusions de la commission dite « Stiglitz-Sen-Fitoussi » pour mener à bien ces travaux, présidée par l’économiste Joseph Stiglitz. Créée par le président Sarkozy en 2008, sa mission était de diriger un « Réflexion sur les moyens de sortir d’une approche trop quantitative et trop comptable de la mesure de notre performance collective ».
Modes de calcul
Cette approche innovante constitue une évolution et non une révolution. « Nous n’avons pas cherché à construire un indicateur synthétique qui remplacerait le produit intérieur brut (PIB) »» déclara d’emblée M. Tavernier. Celui-ci reste « incontournable ». « Les comptes nationaux et leur indicateur phare – le PIB – sont une référence établie et reconnue, [ils] conservent tout leur intérêt, mais [ils] doivent être complétés et [doivent] mieux prendre en compte les dimensions environnementales et sociales », précise l’institution dans son communiqué.
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Pour la première édition de cette nouvelle génération d’indicateurs, destinée à être publiée annuellement, les experts de l’Institut se sont notamment intéressés à la redistribution « élargie » et à son impact sur les inégalités entre ménages. « Nous ne nous limitons pas aux classiques réverbères, à savoir les prélèvements et les transferts d’espèces sur lesquels l’Insee a déjà publié »a précisé M. Tavernier. Dans cette nouvelle méthode de calcul, l’impact des services publics sur le revenu et le niveau de vie des ménages est par exemple pris en compte.
Les résultats sont alors spectaculaires. En 2022, avant redistribution, le « revenu primaire étendu » celle des 10 % les plus riches était près de 24 fois supérieure à celle des 10 % les plus pauvres. Mais, après la mise en œuvre de ces mécanismes de redistribution, comme les prélèvements fiscaux, les prestations sociales ou la fourniture de services publics, le rapport entre les plus aisés et les plus modestes n’est plus que de 3,8.
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