Fret SNCF, première entreprise de fret ferroviaire en France, va disparaître le 1er janvier pour renaître sous la forme de deux sociétés distinctes baptisées Hexafret pour le transport de marchandises et Technis pour la maintenance des locomotives, a annoncé lundi la direction.
Il s’agit de la deuxième étape du plan de discontinuité négocié par l’État français avec la Commission européenne, pour éviter une procédure de redressement qui aurait pu conduire à la liquidation pure et simple de l’entreprise, qui emploie 5.000 salariés.
Début 2023, la Commission a ouvert une enquête contre l’État français, soupçonné d’avoir versé des aides jugées illégales à Fret SNCF entre 2005 et 2019, pour un montant estimé à 5 milliards d’euros.
Le ministre des Transports de l’époque, Clément Beaune, avait choisi de négocier un « plan de discontinuité » avec les autorités européennes, estimant « qu’il y avait plus de risques » à s’engager dans une procédure judiciaire au long cours avec la possibilité d’être contraint de tout rembourser. et donc liquider l’entreprise à la fin du processus.
« La SNCF s’est battue aux côtés de l’Etat pour obtenir la discontinuité la plus modérée possible », le président de Rail Logistics Europe, la holding regroupant l’ensemble des activités fret de la SNCF (Fret SNCF, Captrain, transport combiné…), Frédéric Delorme.
Fret SNCF a donc été contrainte d’abandonner à la concurrence 23 flux de fret parmi les plus rentables – en provenance d’opérateurs belges, allemands et français – soit 20 % de son chiffre d’affaires et 30 % de son trafic. Cette opération a été réalisée au premier semestre 2024.
La deuxième étape, avec la disparition de Fret SNCF au profit d’Hexafret et Technis, aura lieu le 1er janvier avec la suppression de 500 postes, soit 10 % des effectifs.
Il n’y aura pas de licenciements, ont promis la SNCF et le gouvernement, tous les cheminots étant transférés vers d’autres entreprises du groupe ferroviaire.
Une troisième étape doit avoir lieu fin 2025-début 2026, avec l’ouverture du capital de Rail Logistics Europe, “mais avec une ligne rouge, que le groupe SNCF reste majoritaire”, insiste Frédéric Delorme.
La disparition de Fret SNCF, leader du secteur avec un chiffre d’affaires annuel de 700 millions d’euros et près de la moitié des parts de marché en France, “est très dure pour les cheminots”, a reconnu M. Delorme, qui estime que les conditions sont réunies ” se développer économiquement » malgré l’affaiblissement de l’entreprise.
L’ensemble des syndicats de la SNCF ont demandé à être reçus par la direction du groupe cette semaine, dernière étape avant un probable préavis de grève selon des sources syndicales.
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