(Agence Ecofin) – Le ciel continue de s’assombrir pour Uniwax, leader ivoirien du textile, qui vient de publier ses résultats du troisième trimestre 2024. Les chiffres confirment une dégradation continue des performances financières de l’entreprise, une tendance à la baisse amorcée depuis le période covid.
Uniwax a clôturé son troisième trimestre 2024 avec un chiffre d’affaires de 19,88 milliards de FCFA (33 millions de dollars), en baisse de 16,1% par rapport aux 23,71 milliards de FCFA enregistrés au cours de la même période en 2023. Cette baisse fait suite à celle du premier semestre, où les revenus avaient déjà chuté. de 22,7%, une perte de dynamique commerciale que l’entreprise, qui fait face à une forte concurrence des importations légales et illégales de fripes en provenance d’Europe et du prêt-à-porter chinois, qui représente environ 80% du marché global de l’habillement en Ivoire. Côte, peine à contenir.
Les résultats d’exploitation suivent cette évolution défavorable, avec une perte d’exploitation de 2,11 milliards FCFA pour ce trimestre, accentuant encore les pertes enregistrées au premier semestre. Le résultat net, également négatif, atteint désormais 2,17 milliards FCFA, contre une perte de 879 millions FCFA au troisième trimestre de l’année précédente.
Face à cette dégradation des comptes, la direction d’Uniwax avance plusieurs raisons. Elle évoque une situation régionale dégradée, avec une baisse du pouvoir d’achat et des difficultés sécuritaires dans la sous-région, notamment en Guinée, au Burkina Faso et au Mali. Par ailleurs, l’accès aux devises, crucial pour certains clients hors de la zone UEMOA, notamment le Nigéria, est restreint, alors que le coût des intrants augmente et que la contrefaçon se multiplie, ce qui affecte directement la demande. pour les produits de la marque. Ces éléments combinés ont pesé sur les volumes vendus et contribué à l’érosion des marges bénéficiaires.
Une spirale négative enclenchée depuis plusieurs années
Si 2024 s’avère particulièrement difficile, la situation financière d’Uniwax montre depuis plusieurs années des signes de faiblesse. En 2023, le chiffre d’affaires annuel était tombé à 29,69 milliards FCFA, contre 36,37 milliards FCFA en 2022, soit une baisse de près de 18%. Cette baisse des ventes fait suite à une baisse observée en 2022, où les revenus avaient déjà chuté de 5% par rapport à l’année précédente. Uniwax n’a plus jamais atteint son chiffre d’affaires de plus de 40 milliards FCFA en 2019.
Les bénéfices de l’entreprise suivent une courbe similaire. Après avoir rebondi à 1,4 milliard de FCFA en 2021, premier exercice post-covid, le bénéfice net d’Uniwax affiche une perte nette de 1,30 milliard de FCFA en 2022, accentuée notamment par les coûts d’achat et les frais de transport. opérations, qui continuent de comprimer les marges. En 2023, cette perte nette s’élève à 2,04 milliards FCFA et marque un déficit pour la deuxième année consécutive. Cette tendance se poursuit en 2024, avec des pertes trimestrielles qui s’ajoutent à un report en avant aux conséquences lourdes sur les capitaux propres de l’entreprise. La structure des coûts de l’entreprise, notamment les coûts d’achat et les dépenses opérationnelles, reste élevée par rapport aux revenus générés, ce qui freine tout véritable rétablissement de la rentabilité.
Cette situation intervient dans un contexte de restructuration de l’actionnariat de l’entreprise, puisque le groupe Vlisco, auquel appartient Uniwax, est passé sous le contrôle de MIA Inc. en 2018, dirigé par Kodjo Annan, fils de l’ancien secrétaire général de l’ONU, Kofi. Annan. Même si cette acquisition visait à redynamiser les activités du groupe, la performance d’Uniwax tarde à montrer les effets escomptés.
Des ajustements stratégiques annoncés
Conscient de ces enjeux, la direction d’Uniwax a annoncé des discussions stratégiques pour tenter de redresser la situation. Parmi les pistes envisagées, la réduction des coûts, la préservation de la marque contre la contrefaçon, et une réorientation stratégique pour revenir à une croissance durable.
Ces annonces, dont les contours doivent encore être dévoilés, suffiront-elles à relever la barre ? Les prochains mois seront décisifs pour l’entreprise qui doit faire face à une situation régionale incertaine et à une compétitivité fragilisée, notamment par une forte concurrence des produits importés et contrefaits, une hausse des coûts logistiques et des intrants, notamment teintures et coton, mal transformés. local (seulement 2% du coton produit dans le pays est transformé en textile) et goûts des consommateurs de plus en plus exigeants.
Fiacre E. Kakpo
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