Briefing économique –
Le marché des technologies vertes va bientôt supplanter celui du pétrole
La Chine est en tête. Mais tout n’est pas fini, tant que l’Europe et les États-Unis investissent dans des solutions d’avenir.
Chronique Publié aujourd’hui à 8h38
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- L’AIE prévoit un marché de 2 000 milliards pour les technologies vertes en 2035, autant que celui du pétrole.
- Energie solaire, voitures électriques… les tarifs douaniers semblent inefficaces face à la puissance croissante de la Chine.
- Le salut pour l’Europe ou les États-Unis ? Technologies vertes de nouvelle génération, à commencer par les batteries de voiture dites « à semi-conducteurs »
L’Agence internationale de l’énergie (AIE) a probablement raison. Les technologies vertes, notamment six d’entre elles (énergie photovoltaïque, éolienne, voitures électriques, batteries, électrolyseurs et pompes à chaleur) seront le moteur de la révolution industrielle du XXIe siècle.
Dans une étude récentel’AIE montre que ces six secteurs, qui pesaient 700 milliards de dollars en 2023, atteindront plus de 2000 milliards en 2035, « une valeur proche du marché mondial du pétrole brut ». Les ventes et achats de technologies propres représentent déjà l’équivalent de la moitié du commerce mondial du gaz.
Huile verte chinoise
La Chine domine la scène industrielle, avec des parts de marché atteignant entre 70 et 90 % de ces technologies du futur. Si la politique européenne et les projets d’investissement de Joe Biden devraient ébranler la suprématie chinoise, la Chine parviendra néanmoins à maintenir une part de marché autour de 50%, selon les experts de l’AIE ; L’Europe et les États-Unis se partageront chacun un quart du gâteau.
La Chine a parcouru un long chemin. Elle a plus de dix ans d’avance dans sa transition énergétique et dispose d’une formidable base industrielle. Selon l’AIE, les exportations chinoises de technologies propres devraient dépasser 340 milliards de dollars en 2035, soit à peu près l’équivalent des recettes d’exportation de pétrole projetées par l’Arabie saoudite et les Émirats réunis en 2024 !
Et cette année encore, la Chine vient d’inaugurer une nouvelle usine de fabrication de cellules solaires dont la capacité de production est équivalente aux besoins de toute l’Europe…
Les tarifs douaniers n’y changeront rien
Bien entendu, Washington et Bruxelles tentent de se protéger en augmentant les taxes à la frontière, notamment sur les batteries et les voitures en provenance de Chine. Même si ces mesures protectionnistes font désormais la une des journaux, leur efficacité est remise en question par de nombreux experts.
“L’essor technologique de la Chine ne sera pas entravé, ni même ralenti, par les restrictions américaines”, selon Adam Posen, président du Peterson Institute for International Economics, un institut basé à Washington qui mène des recherches pour les gouvernements et les banques centrales du monde entier. monde.
La Chine est non seulement compétitive en termes de coûts de main d’œuvre, mais contrôle également chaque étape de la fabrication, depuis les matières premières jusqu’aux produits finis. Aucun autre État au monde n’a autant investi dans la R&D que Pékin.
Une avancée considérable
On oublie que la Chine est entrée dans la course aux voitures électriques en 2001. Pour la première génération de batteries au lithium pour voitures, l’Empire du Milieu possède tous les brevets et un savoir-faire inégalé. Les tarifs douaniers ne semblent pas l’impressionner.
Ainsi, le premier producteur mondial de véhicules électriques BYD prévoit que ses livraisons à l’étranger représenteront bientôt près de la moitié de ses ventes totales. « Ce qui suggère qu’il ne considère pas les droits de douane américains (actuellement 102,5 %) comme un obstacle majeur. Le constructeur automobile possède déjà une usine en Thaïlande et construit des usines similaires en Hongrie, au Brésil et en Turquie”, explique l’agence Bloomberg, qui vient de consacrer un rapport à la suprématie technologique chinoise.
Il y a quelques jours à peine, Volvo, propriété du groupe chinois Geely, a acquis la totalité du capital de la coentreprise Novo Energy qu’elle détient avec l’un des rares fabricants européens de batteries, Northvolt, en grave difficulté financière. et qui avait pour objectif de construire une deuxième usine. Quant aux Etats européens qui soutenaient l’idée d’une augmentation des droits de douane sur les voitures fabriquées en Chine, Pékin vient de les menacer : ils seront sur la liste noire des pays qui commercent avec la Chine.
Si la suprématie chinoise ne peut plus être combattue par des barrières douanières, sauf au risque de déclencher une récession mondiale, la meilleure réponse réside dans la recherche et le développement.
La bataille décisive pour les batteries
Sans aucun doute, après la décennie solaire, la prochaine sera celle des investissements dans les batteries. Une nouvelle génération émerge, proposant une architecture dite « solide », qui vise à s’affranchir du lithium-ion. Cette nouvelle génération, qui utilise des anodes lithium-métal sans graphite – un matériau sur lequel la Chine a un contrôle quasi total – devrait être commercialisée dans les années à venir. Les performances attendues sont spectaculaires, permettant une recharge rapide et une autonomie dépassant les 1000 kilomètres, tout en réduisant fortement les risques d’incendie.
Selon les chercheurs du Fondation Carnegiethink tank qui encourage les échanges diplomatiques et la coopération internationale, l’Europe ou les Etats-Unis conservent toutes les chances de développer et d’industrialiser cette nouvelle génération de batteries. Aux États-Unis, QuantumScape s’est associé au groupe VW ; BYD et CATL ont été réunis en consortium par le gouvernement chinois pour accélérer le rythme. Toyota et Nissan visent une production d’ici 2028, tandis que Samsung promet une production de masse à partir de 2027 pour les voitures haut de gamme. Et c’est peut-être là la bonne nouvelle : la concurrence dans la course à une technologie qualifiée de disruptive sera certes rude mais très ouverte.
Selon la société Benchmark Mineral Intelligence, cabinet de conseil spécialisé dans les matériaux stratégiques, la Chine ne devrait occuper qu’une part minoritaire dans la production de ces batteries de nouvelle génération. La raison ? Le pays ferait de petits pas, craignant de perdre le contrôle de sa base industrielle basée sur la première génération de batteries. La roue de la fortune tourne-t-elle ? Sans doute, mais à condition que les Etats-Unis et l’Europe financent des projets de nouvelle génération et s’abstiennent de subventionner des technologies là où elles ont définitivement perdu pied.
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