C’est désormais officiel, la Commission européenne a confirmé cette semaine l’imposition de droits de douane supplémentaires pouvant aller jusqu’à 45,3% sur les véhicules électriques importés de Chine. Ces taxes, qui s’ajoutent à un droit d’importation standard de 10 %, s’appliquent immédiatement, à la suite d’une enquête d’un an sur les subventions chinoises.
La France est pour, l’Allemagne est contre
Selon la Commission, ces mesures visent à rétablir des conditions de concurrence équitables pour l’industrie automobile européenne, estimant que les subventions accordées par la Chine, telles que le financement à prix réduit et l’approvisionnement en batteries et en matières premières, faussent la concurrence.
En réponse, le ministère chinois du Commerce a exprimé son mécontentement, qualifiant les tarifs européens de « » protectionnistes « . Il espère éviter une escalade des tensions commerciales, même si la Chine envisage des mesures de rétorsion, ce qui a déjà commencé avec l’ouverture d’enquêtes sur les importations de certains produits européens comme le cognac et les produits laitiers. Le pays a également porté l’affaire devant l’Organisation mondiale du commerce, contestant les mesures européennes.
Cette décision de Bruxelles intervient au moment où la présence de véhicules chinois, souvent vendus jusqu’à 20 % moins chers que leurs équivalents européens, inquiète de plus en plus les constructeurs du Vieux Continent. Selon la Commission européenne, les fabricants chinois bénéficient d’avantages qui leur permettent de produire en masse à des prix réduits.
Pékin dispose ainsi d’une capacité de production annuelle excédentaire de trois millions de véhicules électriques, soit deux fois la taille du marché européen. Ces excédents, dus aux taxes à l’importation à 100% aux Etats-Unis et au Canada, sont massivement dirigés vers l’Europe, ce qui accroît la pression sur les producteurs européens.
Au sein de l’UE, la décision de Bruxelles a divisé les États membres. L’Allemagne, première économie du bloc et grande puissance automobile, s’oppose fermement aux nouveaux droits de douane, craignant des représailles chinoises qui affecteraient ses propres exportations. L’association allemande de l’industrie automobile a dénoncé cette mesure, estimant qu’elle pourrait aggraver les tensions commerciales et nuire à la compétitivité des constructeurs européens.
« Le secteur n’est pas naïf face aux défis posés par la Chine, mais ces questions doivent être résolues par le dialogue », a déclaré Hildegard Müller, présidente de l’association. Elle ajoute que ces tarifs risquent de menacer les emplois dans le secteur automobile européen.
En revanche, la France, à travers la Plateforme automobile, a salué la décision de la Commission, estimant qu’elle soutenait la libre concurrence tant qu’elle restait équitable. L’organisation considère que ces tarifs sont indispensables pour éviter un affaiblissement de l’industrie européenne face à la montée en puissance rapide des constructeurs chinois, dont la part de marché est passée de moins de 1% en 2019 à 8% cette année, avec une projection de 15% d’ici 2025.
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