Un propriétaire montréalais devra verser 10 000 $ à son locataire, qui doit dormir avec des pièges à rats au pied de son lit depuis plus d’un an, depuis qu’il a refusé d’éradiquer l’infestation de rats dans son appartement.
« Ma vie ici est un enfer ! J’aurais un lion dans mon salon, mon propriétaire ne ferait rien ! se plaint Sadia Assad, 48 ans.
Le Journal a visité mardi son appartement 3 1⁄2 dans l’arrondissement Saint-Laurent, où le loyer mensuel est de 760 $. Sa cuisine, son salon et même sa chambre sont équipés de nombreux pièges à rats installés le long des murs. M.moi Assad, qui ironiquement se qualifie d’« experte en contrôle des rats », a elle-même bouché les trous de son appartement avec de la mousse isolante.
Mme Assad montre l’isolation en mousse qu’elle a installée, sous l’évier de la cuisine, pour empêcher les rongeurs d’entrer dans sa maison.
PIERRE-PAUL POULIN/LE JOURNAL DE MONTRÉAL
« C’est triste, mais je reste ici parce que je ne trouve pas mieux avec la crise du logement. Je sursaute au moindre bruit dans ma maison. Je souffre beaucoup d’insomnie, mais j’ai surtout peur d’avoir un problème de santé s’ils finissent par me mordre ! Je rêve même de rats », dit-elle.
Il lui raccroche au nez
La Montréalaise n’avait d’autre choix que de se tourner vers le Tribunal administratif du logement (TAL) puisque son propriétaire, Raymond Carrière, avait toujours refusé de l’aider. A noter qu’elle se plaint de rats dans son appartement depuis juillet 2023.
Portrait de Raymond Carrière, propriétaire condamné à payer 10 000 $ à son locataire pour un appartement infesté de rats. Photo tirée du Facebook de Raymond Carrière
Photo tirée du Facebook de Raymond Carrière
« Il semble indifférent à la souffrance de la locataire et ne lui répond pas ou lui ferme le fil au nez. Il n’est pas normal qu’un propriétaire refuse sciemment d’éradiquer une infestation de rats dans l’une de ses habitations», a déploré le juge Richard Barbe, dans sa décision rendue ce mois-ci.
La locataire est obligée de dormir avec des pièges à rats au pied de son lit, comme on peut le voir sur cette photo.
PIERRE-PAUL POULIN/LE JOURNAL DE MONTRÉAL
M. Carrière a également reçu deux mises en demeure de son locataire, mais elles sont restées sans réponse. “Nous sommes en présence d’une atteinte intentionnelle aux droits fondamentaux de la locataire par le propriétaire qui agit d’une manière démontrant une intention de lui nuire”, a jugé le tribunal.
Ce propriétaire, absent lors de cette audience, a donc été condamné à payer 8 000 $ à titre de dommages moraux et punitifs. Sa locataire a également obtenu une réduction de son loyer d’environ 195 $ par mois, rétroactive au 1est Décembre 2023.
Plusieurs types de pièges ont été installés le long des plinthes chauffantes chez le locataire.
Elle exagère, selon lui
Raymond Carrière assure en entrevue avec Le Journal que son locataire n’a pas de problème avec les rats, mais avec les souris… Même si le juge et les photos déposées au tribunal prouvent le contraire.
“Nous ne raccrochons pas les locataires sauf si le locataire se montre verbalement agressif envers notre personnel”, se défend-il, tout en affirmant que son locataire “exagère les faits”.
M. Carrière, propriétaire de près de 200 résidences dans la grande région de Montréal et chef de l’entreprise numérotée 3097-2095 Québec inc., assure qu’il fera appel de cette décision.
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