L’ONG Greenpeace a interrogé les principaux détaillants suisses pour évaluer leur engagement en faveur de l’économie circulaire. Les conclusions de l’étude publiée le 30 octobre sont sans appel : les progrès sont trop lents et aucun détaillant ne répond aux exigences de l’économie circulaire.
Les commerces de détail n’en font pas assez pour entrer dans une véritable économie circulaire, selon l’étude menée par Greenpeace publiée le 29 octobre. L’ONG a interrogé les principaux détaillants de Suisse tels que Migros, Coop, Landi, Manor, Digitec Galaxus et Zalando pour évaluer leur engagement dans ce domaine.
L’économie circulaire est un modèle de production et de consommation qui implique le partage, la réutilisation, la réparation, la rénovation et le recyclage le plus longtemps possible des produits et des matériaux. Par exemple, en proposant des services de réparation et en veillant à ce que les produits vendus soient réparables et recyclables.
En 2022, Greenpeace Suisse a publié une première étude comparative sur l’économie circulaire dans le commerce de détail en Suisse en interrogeant 12 marques. Deux ans plus tard, quels sont les progrès de ces entreprises ?
Un seul détaillant « en course »
Classée comme une course sportive, aucune marque n’a réussi à atteindre la catégorie « proche du but » de Greenpeace. Seule dans sa catégorie, Migros est en tête, classée « en course ». L’ONG juge que l’entreprise est au moins entrée dans la course, en exigeant des informations de la part de ses fournisseurs et en proposant un système d’étiquetage des produits en fonction de leur compatibilité avec l’économie circulaire. [AB1].
Coop suit, puis Digitec Galaxus, Ikea, Landi et Richemont dans la case « tout juste lancé ». Brack.ch, Manor et Zalando sont «toujours dans les starting-blocks», tandis qu’Amazon, Globus et Aldi n’ont pas répondu au questionnaire de Greenpeace. Par conséquent, ces trois marques « ne participent pas à la compétition ».
Des progrès à faire
Pour Joëlle Hérin, experte consommation et économie circulaire chez Greenpeace, les progrès sont insuffisants depuis 2022.
« Le commerce de détail développe trop peu les services comme la location, la réparation, la revente de produits reconditionnés ou d’occasion. Migros et Coop ont peu progressé par rapport à 2022 et en sont encore loin. “objectif. Digitec Galaxus et Richemont peuvent certes signaler quelques améliorations, et Brack.ch s’en sort moins bien qu’en 2022», explique le spécialiste de l’émission On en parle.
Les entreprises réagissent
Contacté par l’émission, Brack.ch explique être bien conscient des progrès à réaliser. Selon le détaillant, la deuxième étude de Greenpeace était plus approfondie que la première. Une différence qui aurait provoqué cette baisse de classement selon les marques.
Digitec Galaxus explique être au moins satisfait que Greenpeace reconnaisse une partie de ses efforts. L’entreprise précise que son taux de retour est de 2% et que 90% des produits retournés sont remis en vente.
Migros souligne qu’elle investit dans des infrastructures de recyclage et encourage la collecte des emballages. La Coop cite un projet pilote de sa marque Betty Bossi visant à vendre des appareils électriques reconditionnés. Landi est ravi que Greenpeace reconnaisse sa bonne pratique consistant à offrir une garantie de cinq ans sur presque tous ses produits. Et enfin Manor note qu’elle propose des vêtements de seconde main avec ses partenaires dans certains cantons.
Une lente évolution
Le spécialiste explique qu’idéalement, les détaillants devraient revoir en profondeur leurs modèles économiques. « Cela implique de cesser de s’appuyer sur la vente de gros volumes de produits, remplacés rapidement, et de se concentrer plutôt sur la longévité des objets.
En revanche, les progrès sont lents car les conditions-cadres sont actuellement trop laxistes. Hormis une garantie de deux ans, rien ne vous empêche de vendre des produits ayant une durée de vie limitée. Heureusement, les choses devraient bientôt changer suite à la révision de la loi sur la protection de l’environnement adoptée en mars à Berne», conclut Joëlle Hérin.
Sujet radio : Aline Bachofner
Adaptation web : Myriam Semaani
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