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Les locataires du boulevard Fortin ont rendu les armes

La voix de l’Est suit cette affaire depuis plus de sept mois. Sur le boulevard Fortin, les travaux de sape du nouveau propriétaire de quatre immeubles à logements ont porté leurs fruits. Tous les locataires sont partis, ou presque.

Le nouveau propriétaire — Trifonas Geramanis, des immeubles Galleon — demande depuis mars dernier aux locataires de résilier leur bail, via ses représentants — un certain Avi et David — afin de pouvoir procéder à d’importantes rénovations dans l’immeuble.

“Ils essaient toujours.”

— Louise Patenaude, 79 ans, une locataire qui continue de faire valoir ses droits

“Combien voulez-vous que Madame Patenaude parte, on pourrait vous donner jusqu’au 30 juin 2025, ce qu’ils m’ont demandé le 30 septembre dernier. Arrêtez de m’embêter avec ça, je leur ai dit”, a-t-elle confié à La voix de l’Est.

La locataire Louise Patenaude, ici au micro en avril dernier, alors que la saga des expulsions sur le boulevard Fortin faisait les manchettes. (Stéphane Champagne/Archives La Voix de l’Est)

Précisons que cette demande de résiliation d’un bail afin d’effectuer des travaux est illégale.

Dans un tel cas, les locataires ont le droit de conserver leur bail, ainsi que le montant de leur loyer. Et c’est au propriétaire de prendre en charge le logement temporaire de son locataire si les travaux obligent ce dernier à quitter temporairement son appartement.

Seules quatre personnes ont refusé de signer la résiliation de bail qui leur a été présentée, indique Mme Patenaude.

Sept autres personnes occupent toujours leur logement, ayant obtenu du propriétaire l’autorisation de rester jusqu’en mars ou juin prochain, le temps de trouver un nouveau logement.

Le logement doit être sécurisé

D’importants problèmes de sécurité sont apparus à mesure que les logements se vidaient, ont constaté des locataires, presque tous âgés.

« Portes avant et arrière sans serrures, plusieurs portes d’entrée d’appartements vacants sans poignées, absence de détecteurs de fumée, fenêtres laissées ouvertes ou au sous-sol, n’importe qui pouvait entrer dans l’immeuble par là. «Une personne était même entrée dans l’édifice», explique Madeleine Lepage, présidente de l’AQDR Granby.

Madeleine Lepage, Louise Patenaude et Julie Haman, membres de l’AQDR (Catherine Trudeau/La Voix de l’Est)

L’Association québécoise pour la défense des droits des personnes retraitées et préretraitées (AQDR) de Granby a informé la Ville par courrier de ces problèmes de sécurité et d’entretien.

Suite à cette communication, la Ville est venue inspecter les lieux… et des travaux d’entretien, qui tardaient eux aussi à se faire – fuite de robinetterie, chauffage défaillant – ont commencé depuis quelques semaines.

L’AQDR a ensuite soulevé cette question auprès du maire de Granby, lors d’une rencontre tenue au début du mois d’octobre.

Toutefois, aucune rénovation majeure ne semblait avoir débuté à la mi-octobre dans les logements vacants des quatre immeubles appartenant au nouveau propriétaire Trifonas Geramanis, selon nos sources.

Les seniors et la crise du logement

L’AQDR souhaite collaborer avec la Ville pour trouver des solutions à la crise du logement, « qui touche grandement les aînés », souligne Mme Lepage.

L’Observatoire québécois des inégalités l’a confirmé début octobre.

Selon les données de l’Enquête canadienne sur le logement, au Québec, 18 % des ménages composés de personnes âgées de 65 ans et plus ont consacré plus de 30 % de leur revenu aux frais de logement en 2021, une proportion plus élevée qu’au sein de la population générale (14,7 % ).

— Observatoire québécois des inégalités

L’Observatoire ajoute dans le même article que cette « situation est préoccupante, d’autant que la moitié des seniors ont un revenu inférieur au seuil de revenu viable ».

Trois propositions de l’AQDR pour contrer la crise du logement

Madeleine Lepage, de l’AQDR, avance trois propositions afin de lutter plus efficacement contre le manque de logements abordables.

L’AQDR, accompagnée de l’ACEF, souhaite dans un premier temps s’associer au service d’aide à la recherche de logement de l’Office d’habitation de la Haute-Yamaska-Rouville.

Il souhaite créer une « vigile » afin de prendre plus rapidement contact avec les personnes expulsées de leur logement, ou qui risquent de le perdre prochainement.

«Si les locataires du boulevard Fortin n’avaient pas contacté les médias, on n’aurait peut-être pas su ce qui leur arrivait», a avancé Mme Lepage pour justifier cette proposition.

Pour un registre de loyer

La deuxième proposition est d’établir un registre des loyers, selon le modèle proposé par l’organisme Vivre en ville.

Les personnes souhaitant déménager connaîtraient ainsi le montant du loyer que payait le précédent locataire.

« Ce registre, qui vise à limiter la hausse des loyers, est facile à mettre en œuvre et améliorerait considérablement l’accès à l’information », explique Mme Lepage.

«Quand les gens déménagent, le loyer bondit de 19 %, selon un sondage Léger 2023», rappelle le président de l’AQDR Granby. “C’est bien plus que l’inflation !”

Lutte contre la marchandisation du logement

Pouvoir trouver un logement est un droit humain, rappelle Mme Lepage.

À ce titre, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme le confirme : « Le logement, de plus en plus considéré comme une marchandise, est avant tout un droit humain. Conformément au droit international, disposer d’un logement convenable signifie bénéficier de la sécurité d’occupation, sans craindre d’être expulsé ou de perdre son logement ou sa terre », peut-on lire sur le site Internet de l’organisation. .

L’AQDR souhaite que 20 % des logements soient extraits du marché immobilier spéculatif, par exemple via des fiducies foncières.

« Les locataires doivent être davantage soutenus. Il y a des choses que le gouvernement municipal peut faire.

— Madeleine Lepage, AQDR Granby

Il existe plusieurs de ces fiducies au Québec et au Vermont, comme le mentionne Samuel Gervais, résident de Sutton, qui a participé à l’écriture du documentaire. Le dernier volet : démarchandiser l’immobilieractuellement disponible sur Ici tou.tv.

Un avant-goût ici.

Globalement, l’AQDR compte sensibiliser, éduquer et mobiliser la population granbyoise autour de ces enjeux majeurs en matière de logement au cours des prochains mois.

« Il faut ralentir ce mouvement d’expulsions abusives », insiste Julie Haman, membre de l’AQDR Granby. On ne peut plus laisser les grands promoteurs immobiliers, ces sociétés à numéro, gagner de l’argent sur le dos des locataires, en les mettant dans le trou.»

 
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