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Règlement avec les géants du tabac : une victoire pour les familles

«C’est un grand moment de soulagement pour moi», a témoigné Martin Blais, au lendemain de la publication d’une entente de principe historique avec les trois principaux fabricants de tabac canadiens et leurs créanciers.

Son père, Jean-Yves Blais, était le fumeur désigné au nom des autres par le recours collectif du Conseil québécois sur le tabac et la santé (CQTS), intenté en 1998.

Ça ne nous redressera pas, mon père, mais ça rétablit un peu la justice, c’est un baume sur nos blessuresa déclaré Martin Blais en conférence de presse, aux côtés de sa mère, Lise Blais.

C’est un peu notre coupe Stanley.

Une citation de Martin Blais, fils d’une victime du tabac

C’est la fin d’une très longue saga judiciaire pour la famille Blais, les membres du CQTS et les avocats du groupe qui ont comparu devant la presse vendredi matin pour faire le point sur l’accord.

Le directeur général de CQTSAnnie Papageorgiou, a rappelé, émue, la 26 ans de bataille pour CQTS, [les] 26 ans de combat pour une douzaine d’avocats qui n’ont jamais baissé les bras, [les] 26 ans de combat et de souffrance pour nos victimes.

André Lspérance, l’un des deux avocats qui ont mené le recours collectif CQTS-Blais, a salué l’aspect historique de l’entente et le miracle pour avoir réussi à indemniser en premier les victimes.

Pour vous, c’est une victoire.

Une citation de André Lspérance, lawyer

Lawyer André Lspérance alongside Lise Blais

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Un accord de 32,5 milliards de dollars

Jeudi soir, la Cour supérieure de justice de l’Ontario a rendu public les détails d’un règlement entre les trois principaux fabricants de tabac canadiens, d’une part, et les représentants des recours collectifs ainsi que les territoires et les provinces, d’autre part.

En 2019, les sociétés de tabac Rothmans, Benson & Hedges, Imperial Tobacco Canada et JTI-Macdonald se sont placées sous le coup de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies, après que la Cour d’appel du Québec a forcé les trois sociétés à payer plus de 13 milliards de dollars aux quelque 100 000 fabricants de tabac. les victimes et leurs proches au Québec.

Les parties se sont mises d’accord sur une somme totale de 32,5 milliards de dollars qui mettra fin aux poursuites judiciaires engagées par les gouvernements et les victimes contre les compagnies de tabac pour les méfaits causés par le tabac.

Sur ce montant, une somme de 14 milliards de dollars, gelée lors de la procédure d’insolvabilité, est déjà disponible pour indemniser les victimes. Le reste sera principalement payé par le biais de déductions sur les futurs revenus des ventes de produits du tabac des compagnies de tabac.

L’accord se décompose comme suit :

  • 24,8 milliards de dollars seront versés aux provinces et aux territoires pour compenser le coût des soins de santé liés au tabac.
  • 6,75 milliards de dollars prélevés sur les fonds gelés iront aux victimes, les fumeurs qui ont souffert d’un cancer du poumon, d’un cancer de la gorge ou d’un emphysème pulmonaire.

Les victimes et leurs proches qui font partie de l’appel du Québec se partageront 4,75 milliards de dollars et pourraient recevoir jusqu’à 100 000 $.

Les autres victimes, qu’elles soient du Québec ou du reste du Canada, disposent d’un fonds de 2,5 milliards de dollars et pourraient obtenir jusqu’à 60 000 $.

L’accord prévoit également la création d’une fondation de lutte contre les maladies liées au tabac qui bénéficiera d’un fonds d’un milliard de dollars.

Critiques

L’accord ne fait pas que faire des heureux. La Coalition québécoise pour le contrôle du tabac, Médecins pour un Canada sans fumée et Action sur le tabagisme et la santé dire dans un communiqué de presse indigné et déçu par l’accord.

Flory Doucas, codirectrice de la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac, salue l’excellent travail des avocats qui représentent les victimes, mais se dit très critique à l’égard de la position des gouvernements provinciaux dans l’entente.

Elle leur reproche de n’avoir inclus aucune mesure de santé publique.

Nous n’avons pas dit que nous comptions interdire la cigarette ou les produits combustibles, nous n’avons pas imposé de nouvelles restrictions, que ce soit sur la promotion du tabac ou des produits de vapotage.explique-t-elle.

Il n’y a rien dans l’accord pour réduire le tabagisme ou l’impact de ces industries.

Une citation de Flory Doucas, codirectrice de la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac

Flory Doucas note également que l’accord permet aux géants du tabac de poursuivre la vente de produits liés à la cigarette électronique.

On sait que ces mêmes acteurs sont impliqués dans les produits de la vape, que nous sommes en train de recruter des jeunes qui n’ont jamais fumé. Ces industries resteront extrêmement rentables. Nous ne faisons rien pour changer leur business model qui repose sur le recrutement et la dépendancemaintient-elle.

Le ministre de la Santé du Québec, Christian Dubé, n’a pas souhaité commenter l’entente. Le directeur national de santé publique du Québec, Luc Boileau, n’a pas répondu à notre demande d’entrevue.

Réaction des géants du tabac

Dans un communiqué, Imperial Tobacco Canada et Philip Morris International, société mère de Rothmans, Benson & Hedges, saluent cet accord.

En entrevue, le vice-président aux affaires corporatives et réglementaires d’Imperial Tobacco Canada, Éric Gagnon, a souligné qu’une étape importante vers un éventuel règlement avait été franchie.

Cela fait plus de cinq ans que nous travaillons de bonne foi pour parvenir à un accord, nous sommes donc satisfaits de ce qui a été présenté, explique-t-il. Il s’agit d’un plan qui prend en considération la capacité de payer de l’industrie, tout en essayant de maximiser les avantages pour les candidats.

Du côté de Philip Morris International, on écrit queAprès des années de médiation, nous saluons cette étape importante vers la résolution d’un différend de longue date lié aux produits du tabac au Canada..

Le 12 décembre prochain, tous les créanciers devront se prononcer sur ce plan d’arrangement.

 
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