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Dix questions à… Denis Ricard

Chaque vendredi, une personnalité du monde des affaires québécois se dévoile dans notre rubrique. Cette semaine, Denis Ricard, président et chef de la direction de iA Groupe financier (Industrielle Alliance). Avec un actif de 100 milliards et une valeur boursière de 10 milliards, iA est l’une des plus grandes entreprises québécoises en assurance et en gestion d’actifs.


Publié à 1h19

Mis à jour à 9h00

Y a-t-il eu un moment où votre carrière a décollé ?

« C’était au début des années 2000, après avoir quitté mon secteur d’expertise en actuariat. [mathématiques financières et statistiques] pendant 15 ans chez l’Industrielle Alliance pour travailler dans sa division marketing. Cela m’a fait sortir de ma zone de confort et a grandement accéléré mon évolution professionnelle dans les principales fonctions métiers de l’entreprise, au-delà des chiffres. Quelques années plus tard, j’ai été promu directeur financier et actuaire en chef. Après la crise financière [de 2008-2009]J’ai été nommé responsable du développement des affaires chez iA, ce qui m’a mené au poste de président en 2018. »

Un bon patron est quelqu’un qui…

« Le plus important en tant que patron, c’est d’avoir à cœur le développement de ses collaborateurs. En ce sens, il est très important de leur donner régulièrement le feedback dont ils ont besoin pour évoluer dans leurs fonctions. C’est une marque de respect et de confiance mutuelle, mais aussi un puissant levier d’évolution professionnelle que j’appréciais moi-même de la part de mes patrons de l’époque. De plus, même dans une situation de feedback mitigé, il peut s’avérer très utile pour aider un collaborateur à identifier et corriger les angles morts de son développement professionnel. »

Qui admirez-vous dans le monde des affaires ?

« Je n’ai pas de nom précis, mais plutôt un profil de gens d’affaires qui m’inspire. Ce sont des entrepreneurs, qui sont nombreux au Québec. Ces gens d’affaires m’inspirent par leur grande passion et leur prise de risque souvent importante dans leur carrière. Ce sont des gens d’affaires qui doivent forcer les portes et se bousculer [les façons établies] pour développer leur entreprise. Dans le même sens, j’admire également les personnes du type « intrapreneurs » au sein d’organisations ou d’entreprises établies. Nous en avons aussi chez iA, notamment dans le développement de produits, qui contribuent au caractère « entrepreneurial » de la gestion de notre entreprise. »

Que faites-vous lorsque vous prenez une décision difficile ?

« Je consulte d’abord les membres de mon équipe de direction. Ainsi que certains membres du conseil d’administration. De plus, je peux appeler certaines personnes de mon réseau d’affaires à l’extérieur de iA. Je ne suis pas le genre de personne à prendre une décision importante de manière impulsive. Mais je sais par expérience que je dois éviter de trop consulter ou de trop réfléchir avant de prendre une décision, de peur d’en subir les conséquences. En tant que haut dirigeant, il est essentiel de gérer la tolérance au risque de manière équilibrée. Mais cela ne devrait pas vous empêcher de prendre une décision. »

Quels conseils donneriez-vous à votre version plus jeune ?

« Je lui dirais de prendre sa place plus vite, d’hésiter moins, d’avoir plus confiance en lui en début de carrière. Aussi, ces conseils s’adresseraient davantage aux femmes en début de carrière, qui ont encore tendance à être moins fonceuses que les hommes. D’ailleurs, à la direction de iA, je travaille avec de nombreuses femmes ultra compétentes. Mais j’observe aussi qu’ils mettent un peu plus de temps à s’affirmer et à prendre leur place. Il est donc important de les encourager fortement dans ce sens, afin qu’ils puissent mieux affirmer leur confiance en leurs compétences. »

Quels mots ou expressions considérez-vous comme insupportables dans vos discussions professionnelles ?

« Les gens avec qui je travaille le savent bien : je ne suis plus capable d’entendre l’expression « on devrait faire ça » lors de nos discussions de direction. Car cette expression ne débouche pas sur une action ou un engagement pour prendre une décision ou réaliser un projet. En revanche, ce que je veux entendre dans les discussions de direction, c’est l’expression « je vais faire ça », ou « nous allons faire ça » avec des explications adéquates. Cette expression désigne bien une action et un engagement de type « intrapreneurial », qui est aussi un élément de la culture d’entreprise chez iA. »

Comment se déconnecter du travail ?

« Ma définition du « débranchement du travail » se résume à penser moins au bureau pendant les congés ou les vacances, plutôt que de ne pas y penser du tout. Parce que la pire chose qui puisse m’arriver, c’est de revenir de deux semaines de vacances avec des centaines de mails en attente d’une réponse ou d’un suivi. Pour éviter ce stress, je préfère consulter mes mails de temps en temps pendant mes vacances, afin de les déléguer à des assistants ou de m’en occuper en cas d’urgence. Cela dit, je n’ai aucune difficulté à trouver du travail dans ma vie personnelle. je fais de la musique [saxophone de jazz et musique populaire] ; Je fais du sport; Je vais dans la nature. D’ailleurs, je pars bientôt pour une semaine de chasse à Anticosti avec mes fils et un de mes gendres. C’est notre « pèlerinage » annuel durant lequel je m’absente complètement du travail. »

Quelles sont vos meilleures et vos pires habitudes personnelles ?

« Mes meilleures habitudes personnelles sont ma course matinale quotidienne – cinq à huit kilomètres – ainsi que mes quatre séances d’exercices par semaine. Pour moi, une bonne santé physique est vraiment importante. Quant à ma pire habitude… Je suis de nature assez curieuse et j’aime lire plusieurs livres en même temps. La conséquence ? J’ai beaucoup de livres ouverts à la maison que j’ai du mal à terminer car j’en ouvre d’autres entre-temps. Au travail, je termine tous mes dossiers. Mais à la maison, j’ai la mauvaise habitude d’avoir trop de livres inachevés à lire. »

Votre plus grande réussite personnelle, en dehors du travail ?

« Ce sont mes quatre enfants, devenus des citoyens responsables, avec de grandes valeurs. J’ai deux filles et deux fils, âgés de 32 à 39 ans, qui ont des carrières variées en technologie, médecine, environnement et agronomie. Aucun n’est dans le secteur financier, comme leur père, mais cela ne me dérange pas du tout. Le plus important c’est qu’ils soient passionnés par ce qu’ils font. »

Quelle serait votre retraite idéale ?

« Une belle retraite doit être préparée et réfléchie à l’avance. Cela ne doit pas se produire comme un précipice, mais plutôt lorsque vous êtes prêt. Professionnellement, je souhaite demeurer actif après avoir passé le flambeau à titre de président de iA. Il peut s’agir de siéger à des conseils d’administration d’entreprises ou de donner des cours dans des endroits comme HEC Montréal ou l’Université Laval à Québec. Sur le plan personnel, je souhaite consacrer plus de temps à des activités comme la musique, le sport et le plein air, ainsi qu’à entretenir mon réseau d’amis. »

Qui est Denis Ricard ?

  • Denis Ricard est président et chef de la direction de iA Groupe financier (Industrielle Alliance). Avec un actif de 100 milliards, iA est l’une des plus importantes sociétés de produits d’assurance et de gestion d’actifs au Québec.
  • Il a débuté sa carrière chez l’Industrielle Alliance en 1985 après avoir étudié en actuariat à l’Université Laval. Au fil des années, il y occupe diverses fonctions jusqu’à devenir président de l’entreprise en 2018.
  • Dans sa vie personnelle, Denis Ricard, 62 ans, est père de quatre trentenaires et deux fois grand-père.
  • Denis Ricard participe à la gestion d’organismes philanthropiques tels que la Fondation CERVO (soins en santé mentale et recherche en neurosciences), la Fondation IUCPQ (maladies cardiovasculaires, respiratoires et obésité) et la Fondation du Musée de la civilisation à Québec.
 
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