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Flirter avec votre collègue de 33 ans votre cadet ne justifie pas un licenciement immédiat

Un employé tente de se rapprocher d’un collègue. Après une altercation verbale, il a été immédiatement licencié pour harcèlement sexuel. Il a contesté cette décision devant le tribunal et a obtenu gain de cause. Explications.

Le Tribunal suprême d’Argovie a confirmé un jugement de l’instance précédente selon lequel le licenciement sans préavis d’un employé pour harcèlement sexuel n’était pas légal.

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CLÉ DE VOÛTE

En février 2022, une salariée de 53 ans a tenté de se mettre en relation avec une collègue de 20 ans en lui envoyant un message sur Facebook : « Vous êtes une très belle femme. Malheureusement, vous m’êtes inaccessible. Le tout accompagné d’un emoji baiser et d’un emoji singe.

Trois mois plus tard, en mai 2022, une altercation verbale éclate entre l’homme et son jeune collègue sur leur lieu de travail. La femme a été interrogée par un supérieur hiérarchique au sujet de l’incident et l’entreprise a réagi le lendemain en licenciant l’employée avec effet immédiat et sans avertissement préalable.

Le message ne constitue pas « évidemment » du harcèlement sexuel

L’employé n’accepte pas son licenciement et porte l’affaire devant les tribunaux, rapporte l’« Aargauer Zeitung ». Peu avant les faits, il avait lui-même donné son congé, avec effet au 31 août, et réclame donc son salaire jusqu’à cette date, ainsi qu’une rectification de la date de fin de contrat dans son attestation de travail.

La question centrale est la suivante : le licenciement sans préavis pour harcèlement sexuel est-il justifié ou non ? En première instance, le tribunal du district de Kulm a jugé que les erreurs commises par le salarié n’étaient pas suffisamment graves pour justifier un licenciement immédiat. Elle lui accorde le paiement des salaires demandés ainsi qu’une compensation monétaire.

L’entreprise a alors fait appel auprès du Tribunal suprême d’Argovie, mais sans succès. Le tribunal estime que le message envoyé sur Facebook ne constitue pas « manifestement » du harcèlement sexuel « puisqu’il s’agit avant tout d’un compliment, sans que des mots ou des émojis à connotation sexuelle n’aient été utilisés.

L’entreprise aurait pu prendre d’autres mesures

De plus, le salarié n’occupait pas de position hiérarchique par rapport à son collègue et n’avait donc pas de responsabilité ni d’obligation de diligence accrue. Le salarié ayant déjà démissionné, l’entreprise aurait pu poursuivre la relation de travail jusqu’à la fin convenue, tout en prenant éventuellement des mesures pour limiter les contacts entre les deux parties.

Le tribunal rappelle que, selon la jurisprudence du Tribunal fédéral, tout cas de harcèlement sexuel au travail ne justifie pas automatiquement un licenciement immédiat. Un tel licenciement n’est justifié que lorsque le rapport de confiance est tellement ébranlé qu’il n’est plus possible d’exiger la poursuite du contrat. Pour les cas moins graves, il faut qu’il y ait récidive après avertissement pour que le licenciement sans préavis soit justifié.


Témoin ou victime de harcèlement ou de violences sexuelles ?

  • Urgences vitales : Tél. 144
  • Police d’urgence : Tél. 117
  • Main tendue (adultes) : Tél. 143
  • Pro Juventute (jeunesse) : Tél. 147
  • https://www.violencequefaire.ch/
 
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