(Washington) Soudain, deux nouveaux dangers assombrissent les perspectives de l’économie américaine, alors qu’une amélioration semblait se dessiner : la crise au Moyen-Orient et la dévastation de plusieurs États du Sud-Est, ravagés par l’ouragan. Hélène.
Publié à 1h37
Mis à jour à 11h00
Alan Rappeport et Ana Swanson
Le New York Times
Ces événements surviennent alors que les États-Unis semblaient se diriger vers un « atterrissage en douceur » de l’économie, après avoir maîtrisé l’inflation sans sombrer dans la récession. Les sondages ont même montré que la morosité des consommateurs commençait à s’estomper. Mais en à peine une semaine, tout cela semble compromis.
La guerre et Hélène
Le prix du pétrole s’envole et le passage de l’ouragan pourrait entraîner une facture de 100 milliards de dollars. Une troisième crise majeure a été évitée le 3 octobre, lorsque les dockers des ports de l’Est ont mis fin à leur grève, après un accord de principe sur les salaires. Les économistes avaient alerté sur les conséquences de cet arrêt de travail déclenché deux jours plus tôt.
« L’incertitude est revenue », a déclaré Joseph E. Gagnon, chercheur principal au Peterson Institute for International Economics. « Si la production pétrolière au Moyen-Orient s’affaiblit et que les ports sont fermés, cela stimulera l’inflation. »
Cette incertitude survient dans un contexte électoral où l’économie – en particulier l’inflation – est un problème majeur et un mois après que la Réserve fédérale a commencé à réduire les taux d’intérêt. La banque centrale estime que le taux d’inflation se rapproche de l’objectif de 2%, mais elle craint le retour du chômage.
Avant même ces nouveaux risques, le Fonds monétaire international prévoyait un ralentissement de l’économie américaine en 2025.
Scénarios pessimistes
L’escalade du conflit au Moyen-Orient constitue le plus grand risque pour l’économie mondiale.
Depuis un an, les économistes préviennent que si les combats entre Israël et le Hamas se transforment en guerre régionale, cela pourrait provoquer un choc pétrolier et relancer l’inflation dans le monde.
Le scénario le plus pessimiste évoqué par la Banque mondiale en octobre 2023 s’apparentait à l’embargo pétrolier arabe de 1973, après une guerre israélo-arabe. Une telle perturbation pourrait supprimer 8 millions de barils de pétrole par jour et faire grimper les prix jusqu’à 157 dollars le baril.
Cette semaine, les prix du pétrole ont bondi de plus de 8 % après que l’Iran a lancé près de 200 missiles sur Israël, qui a promis de riposter. Ils ont grimpé jeudi après que le président Joe Biden, interrogé sur son soutien à une attaque israélienne contre des installations pétrolières iraniennes, a déclaré : « Nous en discutons. »
Poudrière du Moyen-Orient
Les économistes suivent la situation de près et pourraient mettre à jour leurs prévisions.
“Tant que le conflit reste contenu au Moyen-Orient, l’impact sur l’économie américaine sera probablement limité aux prix de l’énergie”, a déclaré Michael Feroli, économiste en chef américain chez JP Morgan.
Les analystes de Capital Economics ont noté mercredi que le pétrole iranien ne représente que 4 % de l’offre mondiale, mais que des perturbations dans sa production pourraient avoir un impact significatif sur les prix. Cet effet pourrait être amplifié en cas de perturbations dans le détroit d’Ormuz, par où transite une grande partie du pétrole et du gaz de la région.
Ils notent toutefois que l’Arabie saoudite pourrait augmenter sa production et compenser la perte du pétrole iranien. Ils estiment que les prix du pétrole devraient atteindre 90 dollars le baril (ils sont aujourd’hui autour de 75 dollars) pour que les banques centrales commencent à s’inquiéter de l’inflation.
Beaucoup dépendra de la durée de la hausse des prix, a déclaré David Oxley, économiste en chef du climat et des matières premières chez Capital Economics. « Pour que les banques centrales agissent, il faudrait une bien plus grande escalade des hostilités », dit-il.
Et, sur le continent américain, les effets de l’ouragan Hélène sont également une Source de préoccupation.
AccuWeather estime que les dommages et les pertes économiques causés par la tempête pourraient s’élever entre 145 et 160 milliards de dollars. Cela réduirait les dépenses de consommation en Alabama, en Caroline du Sud, en Géorgie, en Floride, en Caroline du Nord, en Virginie et au Tennessee.
On craint également un ralentissement temporaire des recettes publiques.
Les autorités fiscales américaines ont accordé aux entreprises et aux particuliers des régions touchées un délai supplémentaire pour payer leurs impôts.
Les tempêtes ont généralement peu d’impact sur la production économique globale, mais elles peuvent interrompre la chaîne d’approvisionnement du pays.
La grève des débardeurs, finalement suspendue jeudi soir, aurait aussi eu un impact sur l’économie. Les ports de la côte Est et du golfe du Mexique – comprenant 14 ports majeurs et une multitude de ports plus petits – transportent environ un quart des importations et exportations américaines. Cela aurait pesé sur l’industrie manufacturière et le commerce de détail, entraînant des pertes d’emplois.
L’administration Biden surveille de près les impacts de la grève sur la chaîne d’approvisionnement et les responsables affirment qu’il n’y aura pas d’effet immédiat sur l’approvisionnement en énergie, en nourriture ou en médicaments.
“Le groupe de travail sur les perturbations de la chaîne d’approvisionnement est prêt à réagir rapidement pour minimiser les perturbations potentielles en cas de grève prolongée”, a déclaré la porte-parole de la Maison Blanche, Robyn Patterson.
Cet article a été publié dans le New York Times.
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