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les alliances sont-elles encore utiles ? [Par Jean-Louis Baroux]

Les trois principales alliances aériennes datent de la fin des années 1990 : 1997 pour Star Alliance, 1999 pour Oneworld et 2000 pour SkyTeam. Ils ont aujourd’hui un quart de siècle, il est possible de les évaluer de l’extérieur.

Notons d’abord qu’ils n’ont pas affaibli

Jean-Louis Baroux, président de World Connect by APG

au fil du temps alors que la concurrence entre les transporteurs d’une même alliance aurait pu les conduire à leur désintégration. Cela ne s’est pas produit et ils continuent d’avoir un impact significatif sur le transport aérien mondial. À elles toutes, les 60 compagnies membres exploitent 11 909 avions, transportant 1,89 milliard de passagers, le tout dans presque tous les pays. En gros, les 60 compagnies aériennes : 25 pour Star Alliance, 20 pour SkyTeam et 15 pour Oneworld représentent un tiers du transport aérien mondial alors qu’elles ne représentent que 6,7% des quelque 900 compagnies régulières.

Il s’agit donc sans aucun doute d’une force imposante. Comment se fait-il alors qu’elle ait si peu de poids dans l’organisation du transport aérien ? Certainement, l’actuel directeur général de l’IATA vient de British Airways, l’un des fondateurs de One World. Mais à part cela, quels rôles jouent-ils dans la gestion du secteur d’activité ?

Manque de solidarité

La première limite au pouvoir des alliances réside dans l’absence de solidarité entre les membres. Depuis leur création, de nombreuses sociétés membres ont été liquidées sans que leurs confrères du même groupe ne viennent à leur secours. On peut citer dans le désordre Malev, Mexicana de Aviacion, Air Berlin, Spanair etC’est à Alitalia de citer quelques-uns des opérateurs disparus. Plus proche de nous CSA, l’entreprise tchèque rénovée en Compagnies aériennes tchèquesva disparaître très bientôt. Cela s’explique par le fait que chaque transporteur souhaite bénéficier des avantages d’un club fermé, mais sans perdre son indépendance.

On voit également des entreprises changer d’alliance suite à des regroupements avec d’autres transporteurs par exemple. LATAM qui a quitté Oneworld pour Sky team suite à l’entrée de Delta Air Lines dans son capital.

L’importance des alliances pour les grandes entreprises

Enfin, si une Alliance doit être un moyen défensif face aux concurrents d’une autre Alliance, rien n’empêche un opérateur de signer des accords Interline, voire de Code Share, avec des sociétés appartenant soit à une autre Alliance, soit simplement extérieures à un groupe. Cela affaiblit considérablement le pouvoir des alliances.

Mais ils sont loin d’être inutiles pour les passagers et les entreprises. Ces derniers, notamment les très grands groupes, recherchent une offre globale pouvant mieux couvrir leurs besoins que l’une des trois alliances, dont chacune couvre la quasi-totalité de la planète, en tout cas tous les principaux marchés. Cela peut être déterminant dans une discussion entre un transporteur et un client potentiel. Ainsi les membres d’une alliance peuvent bénéficier de l’implantation commerciale de l’entreprise membre sur son propre territoire. Sauf que ce qui constitue un avantage dans un pays peut s’avérer une faiblesse dans un autre. Seuls les Etats-Unis et la Chine ont un représentant dans chacune des alliances, ce n’est pas le cas en Europe. Air France/KLM sont certes dominants sur les marchés français et néerlandais, mais ils pèsent beaucoup moins en Allemagne, en Suisse, en Belgique et en Autriche où le puissant groupe Lufthansa, membre de Star Alliance, est si dominant.

Reste l’intérêt des consommateurs pour la validité des programmes de fidélisation avec toutes les entreprises d’une même alliance. Il ne faut pas sous-estimer la capacité de fidélisation de ce système qui conserve son attrait depuis une quarantaine d’années. Le problème se pose lorsqu’une entreprise quitte une alliance pour en rejoindre une autre, ce qui peut provoquer de grandes déceptions chez certains voyageurs fréquents.

Je constate quand même que la meilleure compagnie internationale n’est pas un des trois groupes, je parle d’Emirates, et cela ne l’a pas empêché de devenir la référence mondiale du transport aérien.

Depuis des années, la conception des alliances, c’est-à-dire les avantages qu’elles apportent à leurs membres et aux consommateurs, n’a pas changé. Nous aimerions que les facilités offertes par l’Intelligence Artificielle et l’incroyable développement des réseaux sociaux soient mieux exploitées pour développer le concept.

Par Jean-Louis BarouxJournaliste

 
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